Il s’agit alors de sourire. Non pas moi, mais C, dans mon viseur. La lumière décline joliment, presque trop fortement puisque presque à l’horizon, éblouissante. L’arrière-plan est de moins en moins rouge puisque passent les jours et tombent les feuilles, mais l’on trouve quelques recoins colorés. Il s’agit alors d’arriver à la faire sourire, dire quelques bêtises, ou plutôt quelques phrases qui ne génèreront pas ces éclats de rire qu’elle n’aime pas trop sur les images et qui moi me conviennent pour leur fantaisie, leur joie, leur éclat, leur naturel. Avec ou sans écharpe ?
Le soir, conférence d’Arnaud Vaulerin autour de son livre (La Désolation), paru il y a plusieurs mois en France et récemment traduit au Japon. Il revient sur ce qu’en France on appelle simplement “Fukushima”, comme on dit “Tchernobyl”, comme si les sonorités étrangères projetaient le drame ailleurs, derrière les milliers de kilomètres et les syllabes. Pourtant nous sommes tous concernés, tous, pas seulement ces hommes jetables dont Arnaud Vaulerin chercha le témoignage. Hommes jetables : terme terrible mais qui dit tout ce qu’on ne veut pas dire, ce qu’ils (responsables avec un grand R) ne veulent pas dire et ne veulent pas qu’ils disent. Parce qu’hommes jetables et poussés au silence.