Alors je leur parle de moi. De mon parcours. De ce à quoi, peut-être, ils pourraient se raccrocher. Grâce à quoi, peut-être, ils pourraient voir quelque chose qui dépasse leur horizon. J’ai oublié à quoi ressemblait, à leur âge, 13 ou 14 ans, mon horizon ; il n’était, je crois, constitué d’aucune envie. Alors je leur parle de ce chemin photographique que j’ai emprunté, sans le vouloir réellement ou plutôt sans imaginer qu’il prendrait de l’altitude, et que je continue de parcourir au gré des hasards, des évidences, des bonds, des rebonds. Les exemples que je donne nous emmènent aux croisements de la photographie, de l’écriture, des souvenirs, du temps qui passe, des visages oubliés. Ils doivent éclairer ce vers quoi nous allons ensemble, un accomplissement multiformes – une publication, une exposition – balisé par quelques contraintes.
Et puis je pars. J’ai répété plus ou moins le même discours quatre fois, me reposant sur un pdf subissant les lois d’une technique coquine qui écrase, dans un sens ou dans l’autre, les pages du document et les silhouettes. Et je pars. La route est alors comme une méditation, courte séance jusqu’à Brantôme où j’ingurgite dans une brasserie-PMU un plat gorgé de cholestérol et des visages à décrire. Puis plus longue, tout le reste du chemin, sans précipitation de ma part ni du ciel. Dans la radio, justement, c’est le sujet, la méditation, après l’émission historique sur la tentative de coup d’état du 23 février 1981 en Espagne : les neurosciences, définitivement, m’accompagnent sur ces routes de Dordogne.