Matin. Il cherche à dormir encore un peu. On a tous cherché à dormir encore un peu, dans les transports en commun, à cet âge insouciant, parce que les soirées étudiantes… Il s’appuie là, s’installe comme il peut dans ce bus bringuebalant sur les rues bordelaises constellées de pavés ou de nids de poules. Il se courbe donc, sa chevelure blonde bouclée enfouie dans ses bras, et dévoile la marque de ses sous-vêtements et quelques centimètres de peau, à cet âge insouciant, jusqu’à ce qu’un passager, s’asseyant entre nous, cache alors ce dos que je ne saurais voir.
Nuit. Je cherche à dormir. On cherche tous à dormir enfin après la (stu)peur, quand il est bientôt deux heures. Je me suis mis là, me suis installé là comme je pouvais dans cette chambre qui sent moins la fumée que la mienne. La petit maison mitoyenne, séparée heureusement de la nôtre par des murs épais bâtis bien autrefois, est un rez-de-chaussée et un reste de quelque chose qu’on appelle premier étage d’une habitation. Je me courbe, j’enfouis mon visage sous la couette pour oublier l’odeur et les images – les flammes, les badauds.