Je suis derrière lui, dans un tram qui m’emmène signer un troisième CDD, comme des ricochets professionnels, sans les ronds dans l’eau, mais avec le sentiment, léger mais lourd de sens, du privilège d’être là, libre, dans une situation certes instable mais ô combien confortable.
Son CV en main, il demande à Google la traduction en arabe du mot Compétences. Puis, en vain, celle du nom d’un château où il a travaillé durant quelques semaines il y a deux ans. Il est né en 1976. Sa première expérience date de 2014. D’autres ont suivi, toujours courtes. Aujourd’hui lost in translation, où était-il hier ? Lost in his own language ? Frappé par ce vide, je ne parviens pas à imaginer l’inracontable, la raison du silence. Sa vie d’avant n’existe pas. Comme si lui-même n’existait pas.