Il y a parfois des livres qui se mettent en travers de votre chemin. Ainsi, voyez-vous, je sortais des expositions du Jeu de Paume, c’était bien, nécessaire, j’avais aimé comment Gordon Matta-Clark parlait des fantômes et j’avais aimé retrouver Bouchra Khalili même si je trouvais ses nouveaux films presque trop exigeants, une droiture, une rigueur, une froideur devant les murs noirs… et une longueur terriblement incompatible avec mon emploi du temps (zut). Mais cela ne m’étonnait pas d’elle, cette exigence, pas plus que ne m’étonnait le fait qu’elle ne voulait pas que l’on fît des photos. Bref. J’avais évidemment regardé tout cela en réfléchissant à mon propre travail, ma propre destination, mes propres interrogations. Au petit restaurant, là, à l’étage, il y avait eu ce mot japonais délicieux, calme, doux. Et donc, à la librairie où je n’étais juré de ne pas m’arrêter pour ne pas dépenser (encore) de l’argent, je me suis arrêté : le nouvel agencement et cette respiration de l’espace de vente vous fait facilement glisser au milieu des ouvrages. Et donc il y avait ça : “Parler la photographie”. Petit livre blanc. Je n’ai pas hésité. J’ai bien fait. En le lisant le lendemain, je découvrirais à quel point il répond à mes recherches actuelles sur le sens des images, leur signes, et sur une contradiction face à Barthes dans ma quête d’insignifiance. Il me donnerait ensuite une piste, un titre. Un bonheur.