Il voulait me faire rencontrer son amie, alors on s’y retrouva. De la pause cigarette, dans l’air du soir bien entamé, surgit une conversation avec un quidam anglophone, déclarant dès les premières mesures qu’il était là pour le travail, banque Rotschild et château trucmuche, régurgitant une insupportable suffisance qu’il tenta ensuite de masquer par de multiples traits d’humour, ou de moquerie envers ce jeune homme à la taille nettement inférieure à la moyenne et dont le niveau en anglais n’était pas bien élevé non plus. Bref, il m’agaça, comme je m’agaçai moi-même, englué dans un insupportable effet de groupe, de le laisser ainsi frapper de ses piques puériles le pauvre garçon qui venait d’avoir dix-huit ans.
Mais mon agacement ne pouvait pas combattre : l’individu était pakistanais. De Karashi. Ce pays commun, cette ville commune, où l’autre n’avait tout de même quasiment jamais mis les pieds, était une respiration pour Z, qui aurait donné son âme au diable pour un peu d’Urdu et cette réponse à ce besoin : rencontrer ses semblables.