La dix-septième année de ce journal se termine. Je regarde les années. Je me demande ce que demain 15 avril j’écrirai car il faudra, bien sûr, comme ça, dire sur le réseau bleu que ça fait dix-huit ans, dix-huit, rendez-vous compte c’est vertigineux, c’est même beau comme un enfant, fort comme un homme.
En bas à droite, pour ceux qui lisent cela sur un écran de bureau, il est écrit que peut-être, les premières années seront un jour à nouveau lisibles. Je ne le crois pas. Pas en l’état. C’était médiocre, l’écriture. Je ne sais pas ce qu’était devenu le collégien (en classe de quatrième) que j’avais été et qui avait écrit un texte sur le rien de ses vacances ; la prof d’anglais avait adoré. Pourquoi a-t-il attendu toutes ces années pour retrouver le plaisir d’écrire, le savoir écrire, oh peut-être pas sur rien, mais sur le presque rien ? On sait bien ce qu’il est advenu ensuite, à partir de la quatrième : cette quête du soi, puis son enfouissement, mais pourquoi cela a-t-il tué l’écriture ?
Je réfléchis en écrivant ces lignes.
Je réalise que non, que l’écriture n’était ni morte ni absente : il y avait des lettres. Des lettres en anglais à Laura à partir de la classe de seconde, des lettres vers Toulouse – des pages et des pages et des pages –, des lettres à Nat durant ces étés des années dirais-je 94-97… Je crois que c’était assez drôle, un peu barré.
Bref… Mon journal devient majeur. Il n’est donc plus le petit garçon timide qui parlait sans fioritures, les premières années, des livres et des disques achetés, sans aller bien plus loin que ça. Les livres ont une autre place, ils prennent parfois la parole. Les disques sont rares, les mots parfois y font allusion. Et puis qui reste-t-il ?