Mardi 2 mars 2021

Nous raccrochons. Il est noté la durée de notre conversation téléphonique : 74min37s. Il est noté, confus dans mon esprit, ce que tu m’as dit, d’où tu reviens, où nous n’allons pas, toi encore moins que moi, puisque quelque part j’attends encore quelque chose de l’impossible. J’attends peut-être, au moins, de ne plus l’attendre. Est-ce possible ?
Parce qu’évidemment nous avons parlé de lui. Parce qu’il y avait eu le message reçu de lui, lui dont j’étouffe même l’initiale comme j’étouffe les mots que je ne dis pas. Le message, donc, de 11h32, auquel j’avais répondu à 11h45, 13 minutes à grignoter les possibilités d’une réponse qui ne dira rien de ce que je ressens et qui crève de se taire.
Dans ce que nous disons, durant 74min37, il y a notamment ce qui précède : écrire. Ces impossibles, ces inachevés, sont peut-être là, montés en folie alors qu’ils ne valent rien, pour aimer les écrire. Dire la douleur quand il n’y a peut-être qu’une mélancolie douce, est-ce faire drame pour faire mots ?