Je suis assis. J’attends. J’ouvre mon carnet, entamé le 25 juillet. Je n’y ai rien noté depuis le 15 septembre, lors de la conférence d’Elisabeth Lebovici. Je retrouve cette phrase : « Qu’est-ce qui est fou ? Crier ou ranger ? » Ou encore celle-là : « Il faut aller à la frontière entre le cri et l’ordre » et puis au-dessus les noms de Marcel Mauss et Todd Haynes.
Ce vendredi, carnet ouvert, stylo fluide sur le papier, suivant plus ou moins les lignes, c’est à nouveau une conférence, ou plutôt deux rencontres, quarante-cinq minutes chacune, à propos de Mathieu Riboulet.
Je fais bien de prendre quelques notes, trois jours plus tard j’aurai tout oublié, c’est ainsi, il n’y a plus grand chose qui reste accroché en moi dans ces moments-là, des sensations tout de même survivent, peu de mots, des images.
La première rencontre me captive : l’écart entre la laideur de l’histoire et la beauté de la phrase / l’amplitude renvoyant à l’idée d’un long fleuve tranquille / la mélancolie mise en crise / La littérature peut-elle faire politique ? / …
La deuxième rencontre m’ennuie plutôt. Le rythme est tout autre. Mais à la toute fin je note cette phrase dite par Patrick Boucheron – à propos du fait de raconter l’Histoire, je crois : « Ça commence toujours avant, et il manque toujours quelque chose. »
Je crois. Je ne suis plus très sûr, en écrivant ces lignes. Je creuse dans mes souvenirs. Ça s’éclaircit un peu. Mais tout de même, il me manque plus que quelque chose.