La lumière se rallume. Je me rappelle ce que j’ai lu vite fait sur la pièce en attendant, je me dis donc que c’est fini. Cela ne me semble pas avoir duré une heure : ça a filé. Un coup d’œil sur mon téléphone me donnera raison : 45 minutes. Elle ont filé, malgré tout, ces 45 minutes.
Elle ont filé. Sans ennui.
Mais.
Rien.
OK, oui, l’idée du bébé qui parle en espagnol à sa mère.
Rien.
Enfin bien sûr il y avait cette dynamique provenant du fait que les deux femmes sur scène faisaient des mouvements en parlant. Et qu’elles étaient belles ! Qu’elles étaient belles, Mathilde Monnier et La Ribot. Parfois leurs mots étaient beaux.
Mais non, rien, je sais pas, sur le moment, j’ai trouvé ça plutôt vide. C’est peut-être moi qui l’était trop, vide d’énergie, fatigué, fatigué, fatigué sans aller vers le sommeil quand il le faudrait.
En sortant je suis presque hagard. Comme si on m’avait mis une baffe sans savoir pourquoi. Je repars de la salle sans comprendre pourquoi j’étais venu. Vide ou trop plein.
Même ma curiosité s’est échouée contre ces deux femmes, malgré cette beauté qu’elles dégageaient.
Je repars, je marche jusqu’au tram, les idées perdues, je ne sais plus dans quoi. Dans le travail ou le vide.
…
En relisant ces lignes, 3 jours plus tard, avant de les publier, je me trouve dur. Je les ai écrites en rentrant du spectacle, j’avais besoin de cracher les mots. Il me reste, ce soir, une belle sensation, je les revois parler en gigotant. Je change quelques mots dans mon texte. J’adoucis. J’assume néanmoins mon ressentis. Je crois que tout vient d’Hiroshima, du passage sur Hiroshima voulant ancrer l’impossible dans une abominable réalité. Je n’y ai vu aucune poésie. Je n’y ai vu qu’un détournement. Et pour moi le spectacle a basculé. Je crois aussi que 45 minutes, c’était trop court. Je crois que je voulais qu’elles m’emmènent plus loin.