Longtemps, j’ai soutenu que j’avais tout vu de la scène de ma naissance. Chaque fois que j’affirmais cela, les adultes riaient puis, croyant que je me moquais d’eux, finissaient toujours par dévisager d’un œil empreint de vague hostilité cet enfant au teint blême qui avait si peu l’air d’un enfant. Quand ces propos m’échappaient en présence de visiteurs qui n’étaient pas des intimes, ma grand-mère, de peur que je ne passe pour un demeuré, m’interrompait d’un ton tranchant et m’enjoignait d’aller jour dans la pièce d’à-côté.
::: Yukio Mishima ; Confession d’un masque