Comme tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, je me suis levée, ce matin, à six heures. C’est le réveil, encore une fois, qui m’a tirée du lit. Dans le milieu de la nuit je cauchemarde. Et puis, quand vient le jour, forcément, abrutie et lasse, je m’endors comme une souche. S’il n’y avait pas le drelin
de la sonnerie, je crois bien que je resterais là jusqu’à midi.
::: Raymond Guérin : La Peau dure
Soir. Je cherche des corps, c’est-à-dire des textes où un corps, ou plusieurs, seraient là, présents, dans une écriture fluide et belle. Plus précisément, je cherche L’Occupation des choses, de Jean Echenoz. Je veux retrouver le visage de la mère du narrateur pour en lire un extrait, le 20 janvier, pour la Nuit de la lecture.
Je jette un œil dans la pile – ou le tas, si on considère que deux piles forment un tas – de livres qui grimpe devant la bibliothèque du salon , par terre. Dans un des bouquins – ce n’est pas le Echenoz, je ne sais pas où il est passé – glissé entre la couverture et la page 3 , il y a 4 photomatons, probablement faits l’été 2022 : je porte cette chemisette légère jeune aux motifs fleuris que j’aime assez peu – pas mon style – et je ne porte pas encore de boucle d’oreille à l’oreille droite. Je ne me souviens pas des circonstances, sans doute avais-je besoin d’une photo pour un autre usage que ceux où l’on vous demande de retirer vos lunettes, vos bijoux, votre sourire – passeport, etc. J’y porte une moustache assez proéminente, sur trois d’entre elles je souris.