Nous buvons un café, place Pigalle, marque américaine, pas ma came mais je m’adapte. Nous nous sommes rencontrés dimanche soir, je me suis assis à côté de lui, nous avons ri. A sa gauche, il y avait Sylvain, c’est Sylvain qui m’avait invité. Rémi, il s’appelle Rémi, il m’avait envoyé un smiley timide sur Instagram, je n’avais très bien compris pourquoi. Peu importe, nous voilà, j’avais dit qu’on pourrait faire des photos, mais ce n’est pas l’endroit.
Et puis un jeune homme s’assied à la table d’à côté. Je devine tout de suite qu’il est américain. il est gros, jeune, 18 ou 20 ans, cheveux ras sur les côtés, plus longs dessus donc mèche un peu sur le front, oreilles décollées, petit sac à main (de grande marque probablement) vert bouteille. Il porte un tee-shirt de la tournée de Taylor Swift, un bermuda court, vert, jambes très pâles. Il a les yeux rivés sur son téléphone. Son visage, lorsqu’il le relève, me fascine, ou plutôt me terrifie. Il me fait penser à la sculpture Him, de Daniel Druet et Maurizio Cattelan, vue hier : oui, son visage a quelque chose de celui de Hitler. En plus gros. Plus jeune. Plus efféminé. Hitler avec un sac à main, ça ne m’amuse même pas. Et sa mère arrive.
Et je pars. Nigel, Giacometti et Sugimoto m’attendent. Plus tard, Philippe, mais c’est moi qui l’attendrai.