Il y a les années passées, cinquante. On les célèbre, petit comité discret qui ne veut pas faire fête, qui ne peut pas. On cherche à sourire, à se rappeler, il y a quelques photos accrochées, on y voit des absents, ceux morts parce que le temps passe, ceux morts parce que ça n’épargne personne. Je porte cette audace achetée hier, cowboy virevoltant sur une viscose couleur ciel, c’est ma façon de sourire peut-être, d’enfouir, de balayer le réel, superficialité, distraction, originalité, l’habit fait-il le moine ? Ma cousine est seule, je ne demande rien de ce que je sais sans savoir, je sais juste une situation, pas de détail, pas de question, c’est-à-dire que je ne trouve pas le moment, je me dis que je lui écrirai, l’appellerai, elle n’est pas très sûre non plus que c’est moi qui ai écrit un livre, nous sommes des distances et des silences qui ne veulent pas dire grand chose. Il y a la vie, quoi. Ma cousine fait quelque photo, ses sœurs non, maman oui, moi non, non je ne fais pas de photo. Je sens que ce serait trop, dans ce cercle où j’ai encore un pied. Trop sur le bord du trop.