Ce soir, à l’approche des vacances, en essayant de déblayer les messages non lus – donc généralement lus, mais remis en « non lus » le temps de traiter la question – il y en avait un qui datait du 7 juillet. Le titre : « Petite annonce ». Celui-là, non, je ne l’avais pas du tout lu. Cela arrive…
L’expéditrice est une collègue de travail. Jusqu’alors c’était un autre prénom, un prénom masculin aux cheveux longs, aux ongles vernis, c’est tout, ça ne veut rien dire du tout. On se voit peu, parfois elle est venu dépanner.
Dans son message adressé à de nombreux collègues, elle dit qu’elle a commencé il y a quelques mois un parcours de transition de genre, et que la semaine dernière elle a fait les démarches auprès des RH pour changer son adresse mail, donc elle en profite pour l’annoncer publiquement : elle s’appelle autrement maintenant. Ici je tais son prénom. Je ne suis pas autorisé à dire qui elle est. Peut-être qu’elle en serait heureuse. Sans doute je lui dirai, oui je lui dirai qu’elle a été mon 29 juillet.
Elle précise – je reprends encore ses mots – qu’en soit ça ne change rien ni au travail qu’elle fait ni à qui elle est, simplement elle se sent beaucoup plus à l’aise maintenant qu’elle ne ressent plus le besoin de se cacher.
Je vois mon silence depuis 22 jours, il y a eu les vacances et l’avalanche de choses à faire depuis. Je me demande comment elle a pu le percevoir.
Je lui réponds, je fais attention à ce que j’écris, j’hésite. Je lui dis que c’est merveilleux et émouvant de voir qu’elle est à l’aise dans son milieu professionnel et qu’elle avance dans les différentes étapes de sa transition. Je suis très content pour elle. J’espère que tout le monde autour d’elle est bienveillant. Je lui dis qu’avec moi elle est en zone très safe. Je précise un peu. Je dis que je ne cherche pas à comparer. J’imagine que c’est important, de préciser, de lui donner un peu la main. Peut-être qu’elle sourira, soulagée.
