Les jours qui précèdent étaient une liste. Des expos à préparer, d’autres à inventer, des dossiers à monter, des idées à clarifier, un livre à finir, un autre à commencer et encore un autre, des maquettes à construire, des essais à imprimer, des épreuves à éprouver, des pluriels, des mails à envoyer, des vitres à nettoyer, des images à ranger, des dossiers à trier, des impressions à soleil-lever, une arrière-cuisine à ranger, des espoirs à caresser, des peaux à chercher, infini infini, la tête en pagaille ou dans un océan, c’est comme ça que ça finit et Camus reste au pied du lit. J’étais resté à Bordeaux pour ça.
Oh il y a eu un peu de tout ça, un peu, pourtant sans doute trop si l’on y pense, et demain c’est lundi.
Oh aussi, il y a eu ce qu’on m’a dérobé, j’ai dû rester à Bordeaux pour ça. Le stress et la peine passés, il reste les emmerdes, la paperasse, l’attente jusqu’à quand, les questions sans réponse, une autre liste pour les jours.
Alors tandis que le jour explose en pleine soleil, je fuis le clavier et les idées, je retrouve Eric au jardin public, rime souriante, hic ! Les heures passent doucement, presque rien, raconter nos malheurs et nos joies, les siennes sont encore fortement teintées d’obscur. On nous offre un cookie, on regarde les corps au loin et les enfants joyeux, on commente, on oublie les trois filles derrière en quête d’amour, parfois sont-elle agacées par le masculin.
Plus tard, trop tard sans doute, la tête encore en pagaille, ces mots : Je suis jaloux des paysages.