Juin 2011

Jeudi 30 juin

Étole bleu canard, elle est grimpée sur des chaussures incroyables au colori assorti, talons immenses et semelles compensées. Les souliers, la robe et l’Audi dans lesquels elle se rend à une soirée quelconque font presque tache au milieu de cette station service sous la belle lumière de 20h30, lumière inondant les flaques d’essence.

Et sinon, c’est pour ce soir la quiche ?

Mercredi 29 juin

Station Bonsergent, c’est pas tous les jours que j’en sors. Parfois l’on est si proche, la rue Beaurepaire par exemple, d’ailleurs évidemment on y passera, Potemkine et Prune, mais d’abord je te tourne le dos en sirotant alors que tu m’appelles ; c’est au coin de la rue Sampaix que l’on se retrouve, tu t’assieds, si peu, si peu de repos que te voilà sans paix, jeu de mots inévitable. Les toiles d’Olivier nous attendent un peu plus loin, avec un accueil surprenant, paysages superbes de camaieux de gris et vanités multicolores.

Au comptoir évoqué dans le paragraphe précédent tu proposes ce film et c’est à pied qu’on rejoint la rue Hautefeuille, belle balade à un rythme soutenu au bout de laquelle ce couple nous rappelle Marseille et ces familles marchent dans le désert américain. La Dernière Piste, superbe western aride où les visages finissent crasseux, larmoyants, hésitants mais… chut… je n’en dirai pas plus.

Mardi 28 juin

Ce n’est que demain que je t’évoquerai la lassitude des pages, cette Fin des Temps qui n’en finit pas, m’ennuie, radote, traînasse, plate, lente et presque idiote. Le merveilleux me passe à côté et au-dessus de la tête, et le style étouffe sous son absence le peu d’action du roman. 270 pages lues sans quasiment aucun intérêt mais je crois que je ne m’en suis rendu compte qu’aujourd’hui.

Lundi 27 juin

Il part. Sur les rayonnages certaines idées sont là, d’autres pas, alors j’hésite avec à l’esprit un seul espoir : lui faire plaisir.

Dimanche 26 juin

Oeil ouvert. Ca ne va pas être de la tarte, tiens… Alors je remets au lendemain les achats prévus, je remets à jamais le brunch chez FL et t’y laisse partir avec ce superbe panettone dont j’ignorerai toute ma vie le goût et l’odeur. Péniblement, plus tard, je pars, mes souvenirs de la soirée d’hier m’extirpent un sourire teinté de remords : comment peut-on trop boire sans s’en rendre compte, si ce n’est en ayant trop soif ? Bref… je pars, à Nogent on m’attend, puis à l’ombre c’est moi qui attend… quelques euros, le soir, l’orage.

Samedi 25 juin

A force de trop en faire, j’ai eu besoin de ne rien faire, rester là, tranquillement, en attendant le soir, puisque le soir, de toute façon, on sortirait. Le soir on sort, je revois ceux qui étaient là, on se souvient, ils se rappellent, c’était moi le photographe, oui, c’était moi. Et vous, c’est quoi ton nom ?

Vendredi 24 juin

Je ne m’attendais pas à assister à une chorale, on m’avait juste parlé d’un spectacle de fin d’année. Je ne m’attendais pas à ce que la chorale se déroulât dans la chapelle de l’école privée. Je ne m’attendais pas à voir s’installer sur l’estrade je ne sais combien de CM2, garçons en noeud pap, filles en boa coloré, tandis qu’un membre du personnel enseignant faisait son signe de croix en entrant. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils chantassent, en introduction, Wilkommen, bienvenue, Welcome.

Le soir, bienvenue aux convives justement…

Jeudi 23 juin

Je ne peux pas être là dimanche, alors je viens ce jeudi, c’est générale, je dois être là pour écouter les six pièces, six pièces que F a composées ; c’est un peu évident qu’il faut que je sois là, pour lui, cet invécu*, cette angoisse, il faut être là dans les moments importants avec ceux qui l’ont été et qui le ont encore, en voilà un, un moment important.

J’écoute comme je peux, comme souvent, l’esprit qui s’envole, un peu ailleurs, rattrapé soudain par deux flûtes virevoltantes ou ce superbe duo clarinette – clarinette basse. L’esprit un peu là pour quelques images aussi… qu’ils ne soient pas venus en noir pour rien. Je regrette ce zoom trop « léger », cette ouverture trop faiblarde, mais le résultat sera correct. »Et tu vas faire quoi de toutes ces photos« , me demande-t-on. « En effacer ! »

A Ivry, te relire, chipoter, corriger, hésiter, raturer, mais être encore et toujours fasciné par ce que je (re)lis. Je ne m’en lasse pas.

* Ce mot ne vous plait pas ?

Mercredi 22 juin

Sur le quai face à nous deux publicités pour deux alcools, autour de la rouge et blanc s’installent symétriquement un homme et une femme dont j’oublie les visages et les postures. L’attente sur le quai, après ciné et resto, après Pater et Bartolo, après Cavalier et pizza, déception et plaisir. Mais les deux sont à conseiller, à goûter.

Pater, film gonflé, joliment tordu, insolent et insolite, où l’on joue, à l’acteur et au président, où Lindon se prend au jeu de ce couple gourmand et politique. On tourne petit à petit un peu en rond, c’est là que la déception arrive, là qu’elle est arrivée pour moi, parce que l’idée est belle, très belle, drôle et intelligente, et même si on touche parfois au sublime parfois on se dit que ça là, non, là, pfff, et puis cette insulte, là, dans cette cuisine, non plus.

C’est chez Bartolo que l’on va en reparler un peu, ça ou autre chose, à côté quatre garçons portugais charnus et barbus, de l’autre, oh je ne sais plus, j’ai pris une Regina en hésitant sur la position de l’accent.

Mardi 21 juin

Étrange goût grisâtre pour ce début d’été, toujours ce temps maussade qui me fait choisir le métro mais qui me permet de lire un peu plus. La nuit a été hachée, la lecture de La fin des temps de Murakami l’est aussi un peu.

Lundi 20 juin

En face de moi, invraisemblable décolleté, deux masses de chair à peau noire s’extirpant d’un coton noir au liseré caramel en-dessous desquelles une main raye des lettres sur la page d’un livre de jeux. J’ai sur les genoux champagne et foie gras parce que ça se fête un peu ces retrouvailles balayant le gâchis qu’elle t’avait évoqué. Je sens que la fatigue va me frapper durant le dîner si je ne fais rien, alors je change de place pour appuyer ma tête sur la vitre du RER et m’assoupir un instant, tout au moins rallonger un peu, après cette journée de travail, la si courte dernière nuit.

Au retour, après le melon d’agneau et la meringue rougie, après cet au-revoir et la ligne 7, disons plutôt à l’arrivée, la découverte de l’avancée des travaux… 90cm pour deux, donc.

Dimanche 19 juin

Attention, marches irrégulières. Me revoici à la MEP, trois jours plus tard, parce que cette expo « Ah oui ! Patrick Tosani ! » tu voulais la voir. Passé l’effet de surprise de jeudi, mon regard navigue entre éblouissement (« Forum« , de 1983), charme et indifférence pour les tout derniers travaux… Notre visite est assez courte, rallongée par quelques hésitations à la librairie et je caresse encore ce livre-ci. Notre visite est peut-être plus courte que notre balade jusqu’à la Mouff’ avec son melon qui s’avérera insipide et son fromage qui ne le sera point.

L’après-midi, comme souvent en ce moment, je plonge dans les cartons et les souvenirs, ces derniers allant dans des tiroirs, la poubelle ou des tas en attendant de fixer leur sort.

Enfin, l’un après l’autre, M, R puis A.

Samedi 18 juin

Soyons positifs : ce serait bien si tous les jours de travail ressemblaient à ce samedi, partir au bureau vers 14h15 en pensant qu’on risque d’être un peu en retard, faire quelques photos en maudissant quelques averses, puis aller au cinéma. Mais voilà c’est samedi, ne soyons pas trop positifs, ç’aurait été tellement mieux de rester là ensemble, d’avoir du soleil et d’aller tranquillement au cinéma, sans courir parce que mister President était en retard.

Au cinéma, sur l’écran, l’homme est violent, la femme est rousse, soumise, aimante, et à la fin l’homme essaye de passer pour un ange. C’est le dernier film de Terrence Mallick ? Non, le premier.

Vendredi 17 juin

Un mois. Un mois sans écrire, si ce n’est dans un calepin rouge puis dans un carnet bleu et je ne sais pas si les mots viendront jusque ici, après tout je pourrais bien les garder pour moi, ces mots, ces motifs, cet émotif. Un mois de soleil(s), de gouttes et de vent du nord qui m’a poussé vers le sud, le sud de la frontière, ça tombe bien je lis Murakami en ce moment…

Un mois pile. Je refais surface ?