Dans un instant, ce jeune homme d’allure orientale, Nasri Sayeg, va se mettre à lire, à notre intention, quelques pages du livre qu’il tient entre les mains, qui est Le Côté de Guermantes de Marcel Proust. Après qu’il m’a longtemps un peu ennuyé, ce volume est devenu l’un de mes préférés dans l’ensemble de l’œuvre. J’aime à changer, à vieillir avec sa lecture.
Véronique Aubouy, Mathieu Riboulet ; A la lecture
Le (seul ?) docteur généraliste francophone de Kyoto reçoit quelques demi-journées par semaine à la clinique H, derrière la porte verte du bureau n°5 du 2ème étage. Sur les affichettes qui couvrent les murs du couloir où je patiente, et plus largement, de toute la clinique, les personnages dessinés grimacent, toussent, sourient, et, même dans ce pays ou le masque est de rigueur au moins kaze, on rappelle au patient qu’on évitera de postillonner au visage de son voisin. On aperçoit aussi, là-bas, un estomac qui sourit, et j’hésite à décrire avec précision tout ce qui m’entoure (l’appareil électronique pour mesurer la taille des personnes âgées, par exemple) et ce qui m’arrive (l’incompréhensible message en japonais dans une des salles d’attente, par exemple), mais le livre que je tiens entre les mains est une rude concurrence pour mes envies d’écriture. Je découvre alors, histoire de vérifier que tout va bien, la mécanique bien huilé du système médical local, pour, au bout d’une heure, obtenir résultats et satisfaction – en dehors d’un indécrottable taux un peu trop élevé de cholestérol malgré une consommation de légumes rarement atteinte depuis mon installation sur le sol japonais.
Le film du soir : Rykyu