(…) Adolescent, je me baignai un jour à Malo-les-Bains, dans une mer froide, infestée de méduses (par quelle aberration avoir accepté ce bain ? Nous étions en groupe, ce qui justifie toutes les lâchetés) ; il était si courant d’en sortir couvert de brûlures et cloques que la tenancière des cabines vous tendait flegmatiquement un litre d’eau de javel au sortir du bain. De la même façon, on pourrait concevoir de prendre un plaisir (retors) aux produits endoxaux de la culture de masse, pourvu qu’au sortir d’un bain de cette culture, on vous tendit à chaque fois, comme si ne rien n’était, un peu de discours détergent.
Roland Barthes par Roland Barthes
Sur le petit papier blanc, la date de demain. Pourtant, je n’ai pas terminé le livre : les parenthèses barthiennes que je m’offrais de temps en temps n’ont pas suffi. Me voilà donc, photographiant les dernières pages, certaines déjà lues puisque c’est un livre dont on peut picorer les pensées – dont acte. Mais sur le vélo, me rendant une fois de plus au bureau de l’immigration où cette femme ignore l’idée d’une autre langue que le japonais et d’un sourire immédiat, je réalise que le livre est resté sur la table. Pour avoir le plaisir de refaire le même chemin demain ?