Samedi 20 septembre 2014

La curiosité nous entraîne vers un village étonnamment triste au milieu des montagnes, par loin, là, juste derrière ; sur les hauteurs les garçons jouent au base-ball et les filles au football. Mais c’est finalement la ville qui nous fait aimer ce samedi, qui le rend joli, à supposer qu’un samedi ne puisse pas être aimable, à supposer que la surprise de ce village ne soit pas aimable. A la galerie où tu as donné rendez-vous à Ph, de passage, c’est finalement ce popup book store qui retient mon attention : le “New Perspectives in Photography”, logotypé Ph – hasard capital – y est tellement soldé que je ne peux pas résister et que j’emporte avec moi l’objet lourd que je ne feuilletterai que le soir venu. Puis on s’amuse des “salons de thé” flottants, posés ici ou là le long de la rivière et l’on s’étonne des nuages dans le ciel, coups de pinceaux rosés disparus bien vite et je m’arrête sur une photo d’Anna Gaskell et sur cette phrase de HP Lovecraft reprise dans le texte d’accompagnement, là, à gauche de ces sols enneigés : “The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown”. Et je m’amuse de la jeunesse de J, de sa présence, de son blouson trop grand qu’il porte ravi, ravi parce que vintage, blouson qui m’évoque la mienne, de jeunesse, blouson trop grand, grand comme sa soif de découvrir, loin de la moindre “fear of the unknown”.