Je regarde ses yeux, à quelques centimètres des miens, proximité inédite, presque troublante. Elle regarde mes dents, débitant au fur et à mesure de son avancée dans l’exploration de mes gencives des numéros en japonais et en anglais, cette langue indo-européenne semblant fournir, par sa prononciation à la japonaise (ouane, tou, souri, foh, faïvu, sikousou…) des références purement médicales et n’étant donc nullement liée au fait que l’homme, profession dentiste, lui avait demandé de parler en anglais pour faciliter notre conversation, homme de bleu vêtu tandis qu’elle portait une blouse en tissu assez épais d’un vert presque inexistant, homme dont les yeux, tout aussi noirs, au-dessus (ou en-dessous, vu de ma place) d’un carré blanc recouvrant une grande partie de son visage, étaient un peu plus tôt tout aussi proches – proximité inédite, presque troublante – pour l’inspection de mes dents, me permettant une nouvelle remarque sur le fait que les hommes ici se taillent les sourcils et que lui, de surcroît, les épile partiellement (peut-être même en comptant ouane, tou, souri, foh, faïvu, sikousou…).
Un peu plus tôt, j’avais revu le cochon rose.