Catégorie : Films
Jeudi 2 mars 2023
Samedi 25 février 2023
Mercredi 15 février 2023
Lundi 13 février 2023
Lundi 6 février 2023
Vendredi 3 février 2023
Jeudi 2 février 2023
Mercredi 1er février 2023
Mardi 31 janvier 2023
Lundi 30 janvier 2023
Dimanche 8 janvier 2023
“Bon ben j’espère que Mulholland Drive c’est pas autant cryptique.”
Samedi 7 janvier 2023
2023, etc.
Mercredi 21 décembre 2022
Mardi 20 décembre 2022
Tandis que l’on cherche un autre film à regarder ensemble, la nuit tombée sur les oreillers, le nom de Godard apparait parmi les vignettes de Mubi. Tu as prononcé son nom plus tôt, deux fois, d’abord en sortant du cinéma — je monologuais alors vaguement sur le jusqu’au-boutisme de Dupieux —, puis durant le dîner — j’étais revenu sur ce même sujet —, de manière un peu fracassante, en le balayant. N’aimes-tu pas la douceur des points d’interrogation ?
Je m’enthousiasme alors devant l’image d’Alphaville, me retiens de dire “Ah ça c’est génial” en voyant celle de Deux ou trois choses que je sais d’elle et prononce quelque chose comme “Oh je vais te montrer un truc” en ouvrant un autre onglet à la recherche de cette scène d’Une femme est une femme où le rôti est un peu trop cuit.
Si le cinéma nous réunit là où il se veut à la marge alors je cherche à voir si on peut être aussi ensemble à cet endroit du cinéma, dans cette scène d’1min47, que j’ai vue peut-être trente fois et dont je ris encore ce soir. Pas toi.
Samedi 17 décembre 2022
Vendredi 16 décembre 2022
Mercredi 14 décembre 2022
Et je m’endors un peu devant le film, déjà vu sur petit écran. Je n’ai rien lu à son sujet : cela aurait pu m’éclairer, me faire prendre conscience de ce qu’il fallait percevoir dans le peu ernaussien. J’aurais alors pu répéter ce que j’avais lu — donc tricher — lors de la discussion qui suivra. Car il y aura discussion. Pour cela, quatre voix — quatre regards — introduisent ou poursuivent la projection, pour nous éclairer ou nous interroger, voire pour partir quelque part sans savoir trop où puisque je ne suis pas très attentif ; ma pensée divague.
Mais je prends le micro pour répondre à l’une des questions, celle posée par A, et dire : la volonté. Ce que rappelle ce film, c’est que, chez Ernaux, le point de départ de l’œuvre, c’est la volonté. Je prends ainsi le risque de dire quelque chose, j’aime de plus en plus ça, me jeter dans le vide au milieu d’un public, sans avoir beaucoup réfléchi. Je parle alors de mon amour pour Ernaux, mais j’avais été beaucoup plus précis avant le film, en discutant avec S, sur ce que j’appelle amour pour Ernaux.
J’ajoute, micro en main, que je m’étonne — avec le recul, je pourrais dire que je m’en émerveille — du fait qu’elle appelle son ex-mari “Philippe Ernaux”, prénom + nom, sans ajouter qu’il y a là une implacable distance, une froideur apparente qui n’est peut-être que le signe d’un respect pour son nom en tant qu’auteur à part entière : des images de Philippe Ernaux. Mort, depuis.
Aujourd’hui, devant mon écran, toujours sans avoir rien lu , je perçois mieux la complexité des images — leur riche pauvreté ? — ou la temporalité de cet objet fini — le passé en surcouche du présent / le présent en surcouche du passé. On peut en reparler ?
Lundi 12 décembre 2022
Samedi 10 décembre 2022
Alors enfin nous nous retrouvons, quelques heures plus tard, après un film et un dîner. Encore, vous grignotez. Encore, il y aura du vin. Tu es avec A, subjuguante beauté, présence, prestance, posture, phrasé, mouvements : il n’y a pas que ses yeux, surlignés de noir, dans lesquels on se noie, hypnotisé. D’A, on pourrait faire des pages, des heures. Je suis sûr que tu pourrais, ou plutôt que tu as pu. Dans ton journal, n’y a-t-il rien sur elle ?
Mercredi 7 décembre 2022
On regarde ces photos que j’ai faites de toi. Nous sommes d’accord sur deux choses : tes yeux et puis la première image. C’est la meilleure, c’est ta préférée. Tu t’en amuses aussi : tu aimes t’y voir dans un paysage de coton. Je ne sais pas ce que tu fais de l’entièreté de tes jours mais je soupçonne que tu arpentes un peu ces paysages, que tu t’y reposes. Peut-être que tu t’ennuies souvent mais tu ne le dis pas. Parfois je dis, aux autres, que tu me rappelles celui que j’étais à ton âge, ou à l’orée de celui-ci : cette quête d’un autre cinéma, cette manière indistincte de s’habiller, cette sacoche à laquelle tu tiens. L’oisiveté née de la quête – ou de l’attente – d’un travail, je l’ai connue, aussi, j’étais un peu plus jeune.
Nous regardons le film, presque entièrement ; tu t’étais endormi si vite. Ce qu’il manque, ce début que nous ne revoyons pas, je l’ai oublié. Je creuse, je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu’elle fait là, elle, dans cette auberge. Je ne sais pas pourquoi j’ai oublié, du moins j’espère ne pas savoir pourquoi. Non, je ne m’étais pas endormi. Ou bien l’ai-je oublié.
Mardi 8 novembre 2022
Samedi 5 novembre 2022
Mardi 1er novembre 2022
Les noms des films du jour pourraient être là où nous sommes, pays imaginaire d’abord, puisque malgré les apparences il se pourrait que nous ne soyons nulle part, c’est-à-dire même pas au début de ce qu’on pourrait attendre, du moins de ce que moi j’attends. Est-ce que j’attends quelque chose, impatient ? Est-ce que j’attends de voir, curieux ?
Puis près, close, puisque j’y vois l’adjectif anglais sans y chercher quel féminin pourrait être fermé, comme une fleur. Près, oui, ainsi, l’un de l’autre. Mais comment osé-je, dans tout le drame que narrent ces films, drame du réel, drame d’une fiction, ramener cela à moi ? La perche tendue par les mots est un piège ; ma solitude, mon écriture la saisissent.
Lundi 31 octobre 2022
Dimanche 30 octobre 2022
Vendredi 28 octobre 2022
Soudain tu m’appelles. C’est l’heure du déjeuner, j’hésite à répondre, mais je réponds, je m’apprête à te dire que non, je ne suis pas chez moi. Mais finalement tu as juste besoin que je sois là où il faut, sans souci de la localisation : me voilà donc là pour toi, où je peux être, ami, confident, traducteur aussi puisque l’inconnu et l’inquiétude – si ce n’est une peur farouche – sont là et que cette langue française dans laquelle tu arrives parfois à vivre n’est plus utile, étouffée sous la situation. Je cherche à te rassurer, avec cette langue anglaise dans laquelle il faut vivre avec toi, ou sans toi puisque c’était un rêve, cette langue qui parfois m’épuise, faute de mots, faute de souplesse. Je te rassure mais te pousse ; tu iras.
Samedi 15 octobre 2022
Vendredi 14 octobre 2022
Au départ elle me dit tu. Par habitude, évidemment. Je n’ai pas encore rempli la fiche où je noterai mon âge, où je confirmerai mon consentement.
Il prend le relais et me dit de le suivre. Il est très percé, très tatoué, il me vouvoie aussi. Je ne sais pas ce qui me gêne, pourquoi ça me gêne. Je n’aime pas qu’on me tutoie dans les commerces, d’habitude. A mon âge, quoi qu’il en soit, c’est rarissime.
Il me parle du protocole, me demande pour la taille de l’anneau ; il porte une attention particulière à ce qu’il soit positionné symétriquement avec celui de gauche. Il mesure, fait une marque au feutre bleu, me demande de regarder. Je me relève, vais devant le grand miroir : c’est parfait. Je souris. On peut y aller.
La dernière fois que que je me suis fait percer le corps, c’était en 2003, en janvier. L’oreille droite, en haut. La fois précédente, je dirais au printemps 1996, j’étais étudiant à Poitiers, j’y étais allé avec V probablement : l’oreille gauche, le lobe.
N’avoir qu’un seul lobe percé commençait à me paraître incongru, déséquilibré, depuis quelques semaines. Pourquoi ? Je ne sais pas si c’est la dissymétrie de mon visage accentuée et déplaisante depuis ma dissection carotidienne – cet œil droit plus fermé que le gauche depuis mars 2019 – qui a fait naître cela petit à petit : me fallait-il, à un moment ou à un autre, faire diversion ? Non, je crois que c’est né cet été lorsque j’ai pris conscience que je perdais mes cheveux, là, dessus, et qu’il en était fini des coiffures incongrues, les cheveux dressés en une forme de vague, une crête-vague, un mouvement qui amusait parfois les collègues. J’avais envie de décider moi-même d’un changement d’aspect qui éventuellement irait de paire avec mes cheveux courts et avec cette moustache qui va et vient depuis des années – 2008, je crois – et qui actuellement s’impose.
C’est aussi dû, le souvenir est net, à A qui portait de magnifiques pendants d’oreille rouge lors de la soirée Lips and Love, et à JS dont j’admire, depuis que je l’ai rencontré – le lendemain de la Lips and Love -, la joliesse de ces bijoux et l’audacieuse facilité avec laquelle il les laisse scintillo-onduler au bord de son visage.
Alors j’avais pris rendez-vous pour 14h, délice d’agenda avec un vendredi après-midi non travaillé.
Et me voilà, là, 48 ans, me regardant dans la glace une fois l’anneau posé, heureux. Mais ne disant pas au perceur qu’il peut me tutoyer malgré ma perte de cheveux, ma moustache de quadra et ma veste de costume.
Jeudi 13 octobre 2022
Tu viens quand il ne faut pas car la lumière n’est pas là, et puis rien ne va, ni les cadrages, ni l’arrière-plan, ni les minutes précédant ton arrivée où j’avais vu l’absence de mon nom. Dehors il pleut et j’ai peu de temps pour toi, pour nous. Mais nous descendons, dans l’escalier tu me demandes si je sors avec quelqu’un. Tu t’étonnes de mon Non, tu fais référence à G, je crois. Je grommelle quelque chose ; en anglais je n’ai pas la force d’en dire plus.
Dans l’obscurité de la cave tout va mieux : la lumière qu’il me faut pourtant dompter, la liberté dans les cadrages, l’arrière-plan, l’équilibre entre ce que tu veux pour tes objets et ce que je peux pour toi.
Puis, dans le peu de minutes qu’on a autour d’un verre de vin, tu me parles des garçons que tu as rencontrés ici. Je te laisse dire. Je ne sais pas quoi répondre puisque je suis pressé, je n’ai pas le courage de commenter beaucoup, pas la force d’en dire plus là non plus, l’anglais m’épuise parfois. Mais c’était pathétique ; j’ai envie d’en sourire.