C’est une sorte de folie, le 2ème effet coup de cœur, rien à voir avec la nouvelle année, pas de bonne résolution, juste une envie, (re)voir différemment My Fair Lady. Cette fois c’est Audrey Hepburn qui could have danced all night.
Mardi 31 décembre 2013
J’aurais pu terminer cette année 2013 par une phrase de Susan Sontag que je n’ai strictement pas comprise. Mais il y avait mieux, tellement mieux.
2013 aura été une année belle de voyages et de projets, de rencontres et de surprises, de la Charité-sur-Loire à Tokyo en passant par Berlin, Istanbul, Venise, Trouville et évidemment ces quatre mois au Celsa. 2013 s’est terminée par cette merveilleuse nouvelle, LA date pour ta prochaine sortie, fêtée par une coupe de champagne et un croque-monsieur au Zimmer en attendant le 26 février. 2013 s’est terminée par le plaisir de revoir Manue, devant un théâtre où l’on ne pensait pas aller quelques heures plus tôt. 2013 s’est donc terminée par deux places haut perchées, nos regards dominant avec une joie sans égale les spectateurs, la fosse d’orchestre et la scène du théâtre du Châtelet pour un moment de magie pétillante. My Fair Lady could have danced all night and still have begged for more ? So could we.
Lundi 30 décembre2013
Écrire sur la photographie, c’est écrire sur le monde. Et ces essais sont en fait une méditation prolongée sur la nature de notre modernité.
Susan Sontag, préface à l’édition française de “Sur la photographie”
Mais oui, ce sont des poires au roquefort.
Arnaud R, préface au hors d’oeuvre du dîner
Dimanche 29 décembre 2013
Elle s’appelle Aurélie C. Elle est étudiante, travaille parfois comme agent de surveillance dans un musée parisien. Son nom de famille est rare, le seul à Paris ne répond pas au téléphone. Parmi tous les papiers éparpillés autour de son sac déchiqueté, un seul indice géographique plus précis, picard. Les Pages jaunes m’aiguille cette fois sur la bonne personne, au téléphone elle me dit que oui, c’est elle, c’est à elle le sac. “Il y a mes cours ?” me demande-t-elle fébrile. Oui, il y a ses fiches jaunes sur lesquelles j’ai à peine jeté un oeil ; c’est tout de même gênant d’entrer par effraction et sans le vouloir dans la vie de quelqu’un, comme ça, quelqu’un qui, depuis la veille probablement, revivait la scène de ce vol en se disant que si… Le soir elle me rappelle, pour me remercier, comme convenu elle a récupéré au commissariat. Là-bas aussi ils m’ont remercié. “On prend vos coordonnées ?” J’ai répondu que non, je lui avais donné, nom et téléphone, au cas où.
Au milieu de ce dimanche rendu utile par la B.A. sus-citée, du nettoyage de terrasse et de la plomberie sans plombier ni solution pérenne, un Greg Araki, The Living End, sorte de Thelma et Louise version gay. Mais je ne suis pas sûr de me souvenir très bien de Thelma et Louise.
Samedi 28 décembre 2013
Tel père tel fils n’est malheureusement à mes yeux qu’un gentil film contemporain japonais de plus, qui joue des caricatures, des oppositions (intello / manuel, pauvre / riche, etc.) et qui posent une question de plus sur la famille. La famille, si l’on en croit ce que l’on nous montre ici du cinéma japonais c’est LE sujet. Il n’y a guère que Wakamatsu qui nous a épargné les histoires de frères qui ne se connaissent pas, de belle-mère ceci, d’enfant prodige, de grands-mères cela, de parents disparus, de familles déchirées par la tsunami, j’en passe, j’ai tellement cette impression que je suis sûr que j’en déforme la réalité, que ce n’est pas si courant, que ce n’est pas si important, qu’ils ne veulent pas tous copier leurs maîtres en espérant faire un “Voyage à Tokyo” bis.
Vendredi 27 décembre 2013
Jeudi 19 décembre 2013
Mercredi 18 décembre 2013
Jeudi 26 décembre 2013
Mercredi 25 décembre 2013
Il faut savoir (et pouvoir) s’échapper, et rendre aux jours de fêtes leur visage de surprise, leur air de rareté. Revenir à Trouville quatre ans et demi après notre première et unique visite était une idée divine – c’est de circonstance d’être divin un jour de Noël. Sans compter sur les petits bonheurs s’ajoutant au plaisir d’être là, comme ces pages proustiennes lues au bord d’une piscine. Le système de chauffage est un peu en panne, alors l’eau est un peu “juste juste”… “Vous voulez des peignoirs ?”.
C’est après le déjeuner qu’on va jusqu’aux Roches Noires. Il y a bien sûr l’idée de la présence de Marguerite Duras, elle ne peut pas être absente des conversations. Cette remarque sur les volets pas repeints depuis longtemps – c’est donc sûrement chez elle -, cette femme en doudoune orange sur la terrasse – ça pourrait tellement être elle -, cette autre femme blottie dans un manteau vert qui rince ses bottes dans une flaque – tiens, regarde, elle monte le petit chemin qui longe les Roches. On s’amuse encore de cette possibilité fantomatique, on se souvient encore de cette femme en col roulé.
De retour au bercail, on retrouve un noir et blanc bressonien, Au hasard Balthazar. La vie d’un âne, ça peut donc faire un film vénéré.
Mardi 24 décembre 2013
“Quelquefois, j’écris très peu, mais en réalité, j’y pense tout le temps.”
Annie Ernaux, Retour à Yvetot.
Dans mon sac il y a les cadeaux que je t’offrirai, une cravate, le deuxième livre de La Recherche que j’ai entamé après avoir clos le livre d’Annie Ernaux et avoir noté quelques idées sur un nouveau cahier à la couverture gris foncé. Car page 71, au sujet de la notion de transfuge de classe et de l’idée d’écrire voici ce qu’elle répond : “J’avais déjà ce désir là (…) mais Bourdieu m’obligeait en somme à oser le faire“.
Nous arrivons plus tard que prévu à Trouville, j’ai eu donc largement eu le temps de quelques pages au milieu desquelles – puisque c’est la journée des citations – certaines m’offrent un sourire :
“Je sais bien que le père Norpois est très boutonné, mais avec moi, il s’ouvre si gentiment.”
“Et comme elle était incapable de mentir à mon père, elle s’entraînait elle-même à admirer l’ambassadeur pour pouvoir le louer avec sincérité.”
Bref, enfin nous marchons, arrivons à l’hôtel. Dans ta valise notre pique-nique et ces belles surprises que tu m’offriras. Chambre 509, avec vue sur la mer. Mais la mer est plongée dans le noir. Invisible, elle le sera presque autant une fois sur la plage, mais moins discrète par le roulement des vagues que l’on cherche du regard. Au casino, on regarde les gens, je cherche à imiter vaguement Jeanne Moreau dans La Baie des Anges mais j’ai oublié le prénom – Jean – et les numéros fétiches qu’elle aurait rejoué le lendemain malgré sa promesse.
Lundi 23 décembre 2013
Dans Retour à Yvetot, Annie Ernaux évoque les mots d’autrefois, le patois. Le sien est normand, le mien charentais et depuis peu Tintin le parle. “Les sept boules de cristau” m’a été offerte à Noël et je ne sais pas sur quelle étagère le ranger, j’hésite entre les BD et les livres de photos anciennes, pour lesquelles, justement, il manque les sonorités d’autrefois, tels ces jh que l’on souffle.
Au cinéma, 2 automnes 3 hivers, gentillesse trentenaire. Au restaurant je te dis que ça a l’air d’un film fait par un Parisien de 36 ans. Il m’évoque ces amis de fac qui peut-être ne voulaient pas vieillir. Leur nostalgie se terminait aussi par une chanson de Georges Moustaki. Pendant que je rêvais ?
Dimanche 22 décembre 2013
Sur la croix de béton le Christ n’est plus là. Nulle résurrection mais une chute probable, un jour de grand vent peut-être, la rouille ayant fait son boulot. Je t’ai dit à l’aller que c’était dans cette rue que ma grand mère avait habité, tu n’étais jamais venu, tu ne connaissais pas le communal, le bac, mes souvenirs d’enfance quand je venais pêcher ; tu avais peut-être oublié l’histoire brève de la maison d’en bas. Dans les rues la jeunesse est absente, dans ce bistrot du port aussi. Sur le chemin du retour on décortique la tristesse des pavillons couleur crème, le dromadaire vendant du maïs OGM, les soirées striptease du mois de novembre.
Samedi 21 décembre 2013
Et c’est alors que John Wayne devient premier consul au Japon.
(On a trop mangé, j’ai des hallucinations cinématographiques)
Vendredi 20 décembre 2013
Mardi 17 décembre
Enfin, sur grand écran, ces 10 minutes mises en animations, des minutes qu’on attend depuis plus de 4 ans. Elles sont accompagnées de 3 autres courts, jolis, drôles, tristes ou plein de souvenirs, les souvenirs des dessins animés d’autrefois, plus précisément ceux d’Europe de l’est. Rien n’a donc changé ?
Lundi 16 décembre
Devant l’écran calibré, on hésite. J’hésite toujours sur les teintes, les ombres, les contrastes, la lumière. Finalement j’aime quand l’appareil photo décide pour moi ; parfois je l’aide un peu, mais pourquoi choisir ? L’étape est cependant nécessaire, elle évite les désagréments, pas tous. elle n’évite pas l’angoisse au moment de commander les vingt tirages.
Dimanche 15 décembre
Le cinéma japonais, que l’on regarde autant par plaisir que par cette sorte d’obligation qui nous pousse à le connaître un peu mieux que les autres, le cinéma japonais est à l’image de tout* ce qui se passe dans ce pays : surprenant. La fille des sables, film de 1964, ne contredit pas cette généralité un peu hâtive. On en ressort presque avec l’envie de prendre une douche, les mains asséchées, la peau portant cette odeur étrange. La plage, un 15 décembre, peut donc s’avérer étouffante. Et fascinante.
* Exagération vaguement barthienne.
Samedi 14 décembre 2013
Vendredi 13 décembre 2013
Jeudi 12 décembre 2013
Mercredi 11 décembre
Mardi 10 décembre
200%. Un titre de film international, qu’ils disent. 200%, film zinzin, drôle, politique, précis, intelligent, généreux, différent donc indispensable, l’ovni cinématographique du moment. Parce que la banlieue, quand on joue avec ses clichés et quand on fait jouer ses “acteurs”, ça donne ça…
Lundi 9 décembre
C’est à Trouville que j’ai regardé la mer jusqu’au rien.
Marguerite Duras, Écrire
Dimanche 8 décembre
Samedi 7 décembre
Vendredi 6 décembre
On vient de sortir de terre, il sourit, fait coucou de la main. Ce n’est pas lui que je regardais, pas lui que je cherchais à voir, mais le train dans lequel il est et qui nous dépasse, un train blanc marqué d’un DB rouge. Mon RER est moins chic, mais j’ai un nouveau portefeuille, une photo magnifique roulée dans un tube en carton et toute la richesse d’un matin où l’on a pris notre temps.
Le soir, c’est un joli moment, très joli, en noir et blanc, 80 minutes passées chez Garrel. La Jalousie, petite chronique amoureuse sans atermoiements (et surtout sans longueurs), à peine y pleure-t-on ; petite en apparence, immense par Mouglalis qui efface (j’allais dire évidemment) Garrel fils. Immense lorsque, lavant les pieds de son mentor, elle évoque Maïakovski. Soudain, ce nom qu’on connait, mais dont je ne sais rien, devient un poème et je retiens mon souffle.
Jeudi 5 décembre
Mercredi 4 décembre 2013
Cocorosie ? Cocoronon ! Je te dis que j’ai été fasciné puis que j’ai lâché prise, noyé dans les nappes inutiles des musiciennes, perdu face à ces images sans histoire palpable. Tu me racontes alors quel est ce film, ce qu’il représente dans l’histoire du cinéma. Ses couleurs ont fané, l’aura de ces filles aussi.
Mardi 3 décembre 2013
C’est tous les jours à 20h. Sauf le mardi. Alors on fait demi-tour, prend un verre, tu me montres ces dessins de Tom de P., à ne pas les mettre entre toutes les mains, surtout si elles sont graissées par des chips. Je m’essuie donc les doigts et tourne les page avec attention. Sur petit écran on retrouve Guiraudie pour “Ce vieux rêve qui bouge“, étonnant, décalé, beau, le désir sentant le pastis et la mécanique.
Lundi 2 décembre 2013
La photo est posée sur le petit canapé en rotin. On y trouve plutôt, parfois, assis, un administré attendant que son numéro s’affiche sur le petit écran ; il se lèvera alors et se dirigera vers le service des affaires générales pour un passeport, une inscription, quoi d’autre encore. D’une main je tiens le fil de fer, de l’autre la petite cisaille que tu as eu la bonne idée de me prêter malgré la maladresse. Je force sur le fil, schlak, les cisailles s’élancent, frappent l’image. Rayure.