Lundi 5 août

C’est sur La Baie des anges qu’on finit la journée ; Jeanne était platine.

Samedi 3 août

Lectoure. Chaque année (ou presque, diront ceux qui suivent) on s’y retrouve. On ? Un on qui change, les uns s’en vont les autres viennent, les uns pardon ? les autres reviennent.  Lectoure, plaisir photographique gersois, et une cuvée 2013 passionnante, qui ne laisse que quelques moues fugaces sur un taureau dans une douve ou devant un jeu de miroir. Il y aurait tant à dire qu’on pourrait presque faire l’impasse sur la photographie, se replier sur le partage amical que ces moments génèrent, potacheries et évidences. Mes deux coups de cœur qui s’accrochent à mes souvenirs : les portraits de Bruce Wrigthon (un modèle pour un futur travail… je vais bien finir pas y venir, aux portraits…) et tout le travail de Guillaume Herbaut, qui fait ressortir Nagasaki de ses cendres, l’Albanie de sa boue, Tchernobyl de sa poussière. Et tout finit, lumineux, sur l’herbe verte qui borde la piscine. Les arbres sont partis mais notre amour de ces moments est bien là, increvable sous d’hirsutes parasols.

Vendredi 2 août

Il y a ce souvenir d’un jour de pêche : ma montre se décrochant, tombant dans l’eau, des mètres plus bas. Est-elle aujourd’hui entièrement décomposée dans la vase ? Ce 2 août, ce sont mes lunettes de soleil qui sont tombées, le petit plongeon m’ayant un peu trop entraîné la tête sous l’eau. Puisque on avait pieds je retrouvais les binocles au fond de l’eau brune : c’est avec les pieds qu’on tâtonna.

Jeudi 1er août 2013

Voici que je retrouve J et qu’on part, chaleur extérieure, rame légèrement climatisée, pantalon léger que j’aurais peut-être dû remplacer par ce bermuda, là-haut, dans le sac. On part, séjour inévitable et attendu, là-bas, en bas. Des heures plus tard, le temps d’un joli Week-end – le film – et de quelques papotages / sandwiches, nous voici à Agen où le rosé est déjà frais.

Mercredi 31 juillet 2013

Il y a toujours moins dans la duchesse de Guermantes que dans le nom de la duchesse de Guermantes.

Je poursuis lentement mais sûrement la lecture de cet Invisible de Clément Rosset, où les adverbes laissent parfois un petit goût péremptoire. Mais le livre reste un délice, un délice tout de même difficile à capter, dont la lecture est mise à mal par mon cruel (et mondialement connu) manque de concentration qui, à la moindre virgule, me fait penser à autre chose, surtout à la satisfaction d’avoir lu la phrase précédente sans être déconcentré. Il suffit qu’une donzelle parle fort dans les transports pour que ma concentration soit ruinée avant la virgule et me voici qui poursuis mon occupation en imaginant comment je vais pouvoir raconter ça dans ce journal.

J’arrive en revanche à rester concentré devant les films – devant lesquels souvent je m’endors alors que je m’endors jamais sur un livre – et ce fus le cas devant ce court mais magnifique film de Ch, qui souhaitait notre avis (surtout le tien) sur ce nouvel objet.

Ce n’est qu’après qu’on a mangé des frites ; il a juste fallu les attendre.

Lundi 29 juillet 2013

Ciné : La cinquième saison. Pas mal, quelques beaux moments, trop de chichi, des côtés tellement belges, une belle idée, une photo trop Erwin Olaf…

Dimanche 28 juillet

Je m’étais dit que ç’aurait pu faire un billet quotidien plutôt drôle, en racontant les déboires liés depuis dix jours à cette habitude reprise, à supposer qu’un jour c’en fut une (une habitude) : le vélib’. Parce qu’entre les stations pleines qui vous font faire demi-tour, es stations vides qu’il faut aller chercher en haut du Mont Ventoux, les dérailleurs qui merdoient, l’application officielle d’une incommensurable lenteur, l’improbable outil de recherche de stations libres sur les bornes ou le vélo bloqué… il y a tout de même de quoi péter un pneu. Aujourd’hui c’était sketch avec roue crevée, de quoi finir en haute-voltige ce billet qui aurait donc pu être drôle.

Mais voilà qu’on me laisse un commentaire : Où avez-vous perdu votre joie ? Je me souviens de votre humour, votre goût pour la cuisine… Avez-vous appris pour PM d’Angoulême ?
Google, un prénom et un nom à la place du PM et j’apprends. Je sais qui m’a écrit cela malgré l’anonymat, on avait parlé de lui avec PM. PM avec qui j’avais brièvement bu un verre en novembre 2011, PM n’est plus ; étrange et triste. PM et tant de souvenirs d’Angoulême, ses doses de Ricard, nos dîners chez Paul, son intérieur cossu et surtout son humour ; de là-haut il en rit peut-être.

Et du reste de la journée il faut bien parler sans joie peut-être, comme dirait le presque anonyme JT : la jolie expo Demy, une expo qui ferait shibam, pop, wizzzz si elle ne faisait pas déjà d’autres ritournelles et visions pop, un premier film (Quand la ville dort de John Huston) et un deuxième plus court (splendide Le Horla de Jean-Daniel Pollet).

Samedi 27 juillet

– C’est étonnant cette lumière.
– Oui… on se croirait sur une autoroute belge !

Jeudi 25 juillet

Et puis je retrouve les Mama girls, les cocottes, champ lexical emplumé, même la brochette était au poulet. Et toi la reprise ? Et toi ça avance ? Et toi pas trop dur ? Et les autres, des nouvelles ? J’avoue que je n’ai toujours pas lu ce que P m’a envoyé, que j’ai échangé deux pauvres phrases avec L, que j’ai lu ceci, que j’écoute différemment cela, que oui, ça a changé quelque chose, que le recueil de textes est toujours posé en évidence, que finalement des matières les plus difficiles que je garde de très bons souvenirs, que c’est comme ça qu’on avance de toute façon. On ne parle pas de Bernadette Lafont, pourquoi ?

Dans le métro, au retour, puisque il fait à peine moins chaud, certains sont accablés et puis voici qu’il monte et que je le regarde, partiellement, parce que des tatouages colorés dépassent de son marcel, de ses manches de chemisette finement rayées, de son bermuda beige, beige comme son style de garçon sage, chaussures bateaux bleues en suédine – sans chaussettes. Un carreau, un pique, un petit 108, ici ou là d’autres signes ou tatoos plus imposants comme sur le tibia : un visage qui pleure et un oiseau, joli graphisme qu’il doit regarder avec satisfaction quand il croise les jambes. À Chatelet le Goku de Dragon Ball Z sur l’avant bras de mon voisin a nettement moins d’allure ; mais il ne le voit plus quand il croise les bras.

Mardi 23 juillet

Le type porte une cravate noire sur une chemise blanche, le pantalon est du même acabit, le cheveu bien coiffé, la peau peut-être un peu luisante. Il dodeline de la tête au son de la musique que lui seul entend, il dodeline sévèrement même, after transilienne un peu ridicule, clubbing matinal dans un RER sans clim ; j’ai sorti l’éventail. Quand le RER entre en gare de Vincennes il se lève. Mais le RER ne s’arrête pas en gare de Vincennes. Il est derrière moi, je tourne un peu la tête, l’aperçoit qui s’arrête net devant la porte tandis que le quai défile à vive allure. Je ne vois pas la tête qu’il fait, je suppose qu’il s’en étonne, qu’il ne secoue plus la tête, qu’il a le cou raide, le regard planté sur le trait rouge et muet qui représente la ligne et qu’il essaye de garder un minimum d’allure alors qu’il ne sait même pas où se train va finir par s’arrêter. Plus tard lui aussi, peut être, boira un panaché.

Lundi 22 juillet

1. Même Charles Sherwood Stratton, Tom Pouce, le nain de chez Barnum en Amérique, avait épousé la femme de sa vie à vingt-cinq ans. J’en avais quarante. Celles que j’avais aimées me pourrissaient la vie. À chaque fois il m’avait fallu des éternités pour remettre les pieds sur terre. Ça avait été très dur avec l’une d’elles et j’avais surnagé grâce à l’alcool.

Château-Rouge hôtel – Renaud Burel

Cet extrait du livre qui m’accompagnera dans les transports n’a aucun rapport avec l’arrivée de Denis et ma furieuse envie de crème glacée.

Dimanche 21 juillet

C’est la douceur tranquille d’une chaleur dominicale, c’est le presque rien qui ressemble à hier, c’est le dîner à Montreuil où d’autres évoquent les tas d’autrefois ; sur les photos d’autrefois, il sont tous déjà là.

Samedi 20 juillet

C’est par exemple dans ces moments que j’apprécie les tours. Celle qui nous domine masque le soleil aux heures les plus chaudes, et voici qu’à son ombre je peux vaguement paresser, feuilleter quelques livres, regarder un nuage, voire ne penser à rien, à supposer qu’on puisse. Mais il faut aussi parfois aller au charbon : quelques tours de roues pour huit kilos, le charbon est de bois, la mine un peu meilleure.

Vendredi 19 juillet 2013

Ce matin-là, je dois écrire de toute urgence une lettre “importante” – dont dépend le succès d’une certain entreprise ; mais j’écris à la place une lettre d’amour – que je n’envoie pas.

Roland Barthes ; Fragments d’un discours amoureux


Jeudi 18 juillet 2013

Je m’étonne des voyageurs avec une veste ; on sait qu’il va faire chaud. J’ai dans les mains les Fragments d’un discours amoureux, objet en quelque sorte désiré, qu’hier soir tu m’as décrit pour m’en faciliter la plongée. Dans le doute, dans l’éventualité d’un heurt contre le texte, j’ai emporté L’Usage de la photo d’Annie Ernaux, en pensant de surcroît que j’y trouverais peut-être la clef pour autre chose. Lu autrefois dans les Pouilles, le livre avait légèrement gondolé à l’époque sous l’effet de l’humidité de l’air ambiant. Il est aujourd’hui intact et ne porte presque aucune trace de ma lecture, même pas l’odeur salée de l’Adriatique qu’on avait caressée malgré le mois d’hiver. En regardant le journal de cette fin février 2005, je retrouve une phrase d’Ernaux – “Je ne sais pas me servir de la langue du sentiment.” – et le souvenir des nourritures plus ou moins terrestres, le goût de l’agneau, l’odeur de la pasta.

Plus tard un autre livre rejoint le sac, ce Château-Rouge hôtel que tu m’offres au sortir de la librairie de la rue des Écoles avant un rafraîchissement et Meteora, très joli moment – sublimé par des moments d’animations, gâché par des effets vidéos – qui questionne le désir et l’interdit qu’on cache sous les sombres tissus orthodoxes ; un fragment de discours amoureux à ajouter à la liste de Barthes.

Mercredi 17 juillet 2013

A la galerie Vivoequidem, il y a déjà ma photo du jour, imprimée, accrochée, alignée, prise une ou deux heures plus tôt. Un verre ? Une boisson jaune de saison assortie aux lunettes de M tandis que le chien fume sur la devanture.

Mardi 16 juillet 2013

Il y a quelques jours, enfin, je me suis décidé à t’écrire une lettre d’injures. Mais elle était trop violente et je l’ai recopiée pour la modérer. Mais elle est devenue une lettre de reproches, et je me suis dit que je n’avais pas envie de te faire part de reproches. Je ne te l’ai pas envoyée.

Lettre d’Hervé Guibert à Eugène Savitzkaya.

J’avais abandonné les lettres à Eugène, mais j’ai abandonné Daniel Bougnoux à ses pensées et suis revenu à la douceur de cette correspondance s’étalant sur 10 années. Au dos il y a cette petite étiquette de la FNAC ; évidemment avant de me l’offrir tu avais pris soin de…

Le soir nous dînons chez M&C, au 361 rue des P ; c’est toujours agréable de retrouver ce quartier. Je crois que je l’ai jamais vraiment quitté, que le fantôme de mon esprit descend encore la rue du Jourdain les soirs d’automne pour s’arrêter devant la vitrine de la librairie. Nous nous traversons, buvons un vin sans qualité au Zéphyr mais c’est ce genre d’endroit et de moment qu’on aimerait retrouver parfois, à l’automne ou pas. Le chat n’était pas moins poilu la dernière fois ?

Lundi 15 juillet 2013

Prendre le temps, terminer, corriger, regarder le ciel qui se couvre, magdoïser, braquer une banque avec Bonnie and Clyde.

Dimanche 14 juillet

Coinçant sur les mots qu’il faudrait pourtant écrire puisque je retrouve enfin le temps, je referme la page blanche et la remplace par ce vide qu’il faut faire. Mais  je jette seulement l’inutile, le dépassé, l’oubliable. Seulement, mais ça nous fait bien 50 litres de papier dans un sac poubelle anthracite devenu trop lourd. À côté, quelques tas viennent rejoindre les anciens : photos de magazines et autres pense-bête qui dans 20 ans seront toujours là, dans un recoin, une pile, un tiroir rouge écarlate. Peut-être feront-ils l’objet d’un livre, eux, sans page blanche.

Le soir on s’allonge devant Jane B. par Agnès V. Jane B c’est toujours un plaisir, cette légèreté, mais filmé par Agnès V, c’est plutôt l’insoutenable légèreté de l’être, mise en scène patatraco-pathétique. Et me voici qui pouffe. Paf !

Samedi 13 juillet 2013

On a alors retrouvé les occupations d’avant, quand l’esprit était plus libre, l’agenda moins rempli, c’est à dire différemment rempli. Pour fêter ça on a sorti la serpillère et les grandes eaux. Versailles ? Non pas Versailles. Et puis les rues de Paris entre Montparnasse et Beaubourg en passant par une galerie (où je participe), des boutiques (où j’achète peut-être), un cornet de glace, un cinéma. Au cinéma : Bambi, de Sébastien Lifshitz, joli portrait où l’on est hier et maintenant, jolis moments comme celui où, de l’autre côté du mur du garage il y a la chambre, le couloir, les souvenirs. Et comme un film parfois ne suffit pas, le soir on retrouve Xavier Dolan pour son J’ai tué ma mère. Câlice !

Les Heures Latentes - Galerie Vivoequidem Rue du Cherche Midi

Vendredi 12 juillet

Le magazine est replié et sur la page ouverte : Annie Ernaux et son dernier livre, celui que j’avais pas trouvé mais pas vraiment cherché non plus. Je parle un peu d’elle à V, décrit L’Autre Fille, et V rebondit sur Marguerite, Duras bien sûr, soudain il n’y a plus qu’elle mais j’ai oublié le titre que j’évoque à chaque fois et oublie à chaque fois.

C’est quand la nuit tombe que les rêves prennent le relais, le vin aidant, peut-être, certains s’imaginent alors sur les bords de Loire, loin des déconvenues du quotidien, loin et libres. Un peu de Pouilly pour terminer ?

Jeudi 11 juillet

On aurait dû – ou pu -, sur les photos, voir un enfant ; l’enfant. L’Enfant, majuscule imposant un statut divin à la cinquantaine de centimètres nés il y a une quinzaine de jours. Mais on voit deux perspectives : l’une courte, froide et consumériste, l’autre longue invitant au voyage, au mouvement. Pour l’Enfant on n’hésite pas, ce sera la deuxième.

Mercredi 10 juillet

Soudain, dans un noir et blanc distingué, les corps se frôlent. El Leon glisse, d’autres également.

Mardi 9 juillet

Quelles valeurs morales et symboliques se trouvent incorporées à des objets techniques désormais accessibles au plus grand nombre ? Une médiologie conséquente devrait s’intéresser à la dimension technique de l’expérience quotidienne ; elle mettrait en lumière la stabilisation de nos relations par les industries du faire croire, et par les innombrables dispositifs de médiation qui nous contiennent, nous organisent et nous accordent d’accomplir cette prouesse essentielle à toute société suffisamment bonne : vivre ensemble séparément.

Daniel Bougnoux

Soupirer. Tirer un trait orange en marge du paragraphe. Bientôt lire Proust. Avoir vu Frances Ha.

Lundi 8 juillet

Les photographies des Heures latentes de la première semaine étaient quelque chose comme des moments de surprises, ces fractions de secondes, ces fragments de temps où l’étonnement surgit, où la curiosité est piquée… alors l’esprit recule, regarde, et puis comprend, s’amuse ou bien réalise que non, ce n’est rien ; l’étonnement a vécu. Après une semaine de photos quotidiennes, je passe vraisemblablement à autre chose, à tout autre chose, rien de précis. C’est de toute façon ce qu’on me demande. Je crois. Autour de la petite table on en parle un peu, j’explique à F, invitée improvisée, ce que je viens d’écrire ; la photo du jour était de 9h32.

Juillet 2013 – Berlin – journal inachevé

Vendredi 28 juin 2013

Il fait un temps d’automne. Le chauffeur de taxi porte un survêtement bleu et noir et de petites lunettes. Nous restons silencieux. La radio est sur 98.20, il y passe une chanson des années 90, j’aurais pu entendre la même lorsque je suis reparti, il y a 16 ans, de ces deux mois passés à Darmstadt. Black Velvet if you please. On se dit que c’est à l’image de l’Allemagne, cette chanson démodée. En France, les chauffeurs de taxi écoutent FIP ou le foot. Soudain, je n’ai pas peur des clichés.

Il nous dépose rosa Luxemburg Strasse, numéro 11. Le hall a quelques détails mamashelteriens et la chambre est une belle surprise, spacieuse : le lit immense est un appel au repos ; par la fenêtre on aperçoit la Tour de la télévision.

À deux pas c’est Alexanderplatz. Je marche enfin dans Berlin ; nous y marchons enfin ensemble. Il y a en effet assez peu d’éclairage urbain, c’est ce que maman m’a dit un peu plus tôt au téléphone. Métro. Sans ticket une première fois faute de comprendre comment s’y prendre. La gare est immense et nous marchons jusqu’au centre culturel ; je prends conscience de l’immensité de la ville, de son espace. Le lieu est presque vide, il est bien tard, le bar est fermé, les spectateurs sont dans la salle mais les amis sont devant. Sourires.

On ne reste pas, on a faim, un peu, pas trop peut-être. Le métro c’est un sentiment d’une autre période, comme la radio de tout à l’heure mais les années sont plus lointaines. Le train qui entre en gare, jaune vif et carré, m’évoque une bonbonnière ou une voiture japonaise, un autrefois ou un autre genre.

Où dînons-nous ?

Samedi 29 juin 2013

Au réveil je repense à la veille, avant qu’on parte à Berlin, cette fin peut-être pas en beauté. Je ressasse, répète, revois cet oral, rejoue mes réponses. Au petit-déjeuner il y a Catherine B, B comme quoi ? Un œuf à la coque au milieu de ce lieu dont le feutre recouvre de demi-teintes les murs et ces immenses fauteuils dans lesquels on boirait plus facilement un cocktail en riant d’une journée improbable.

Tu m’emmènes d’abord du côté de la bibliothèque. Je te fais répéter le nom de l’architecte et la personne de l’accueil nous fait gentiment faire un tour rapide du lieu sans avoir besoin de débourser 10 euros pour un abonnement inutile. Autre démonstration de ce qu’est la gestion de l’espace, une autre que la nôtre.

La photographie montrerait alors un homme assis sur un banc de musée, banc de bois assez clair, teinté, vernis, de style vaguement art déco ou néo-classique, accoudoir discret ne tenant pas son rôle. L’homme aurait un costume bleu clair, les cheveux gris et quelques touches de rouge sur sa silhouette à peine colorée, une chemise blanche. La lumière viendrait de partout, mélange assuré entre celle naturelle provenant du plafond et celle d’ailleurs, autre. L’homme aurait vu, comme nous, le visage peint par Ribera, l’évidence de Caravage, l’ennui dans les visages des gardiens et des protestants des peintures flamandes, ce Proserpine de Rembrandt qui nous évoque Gustave Moreau, un Bruegel racontant tant d’histoires (le Renard et la cigogne) ou ce Cranach inspiré de Bosch (flugelaltar mit dem jungsten gericht)

Et puis la Neue Nationalgalerie. Et puis ?

Ne me demandez pas le nom du quartier où nous sommes allés ensuite, il y avait ce Café Gorki, les semelles bleues dans la vitrine, et puis Christophe pour un verre de vin, puis ce restaurant asiatique et puis ?

Dimanche 30 juin 2013

Lundi 1er juillet

Dimanche 7 juillet

Page 49, Bougnoux dit qu’on peut peindre les anges mais pas les photographier. Il me vient alors l’idée d’un titre, d’une série d’images pour prendre la sémiologie à rebours. On verrait alors apparaître des anges. Les oisillons chez la voisine pourraient être ces anges, quoi qu’un peu trop bruyants, quoi que trop peu volant.

Le soir les fruits étaient jaunes : cerises, framboises. M aussi, bien sûr.