Mercredi 11 septembre 2013

La couleur était un peu trop rouge ; ce n’était pas prévu. Le vendeur m’a dit “Vous ne vous en seriez pas rendu compte“, j’ai trouvé ça un peu grossier, un peu gonflé, de toute façon je n’avais pas le choix, le chapeau je l’ai mis sous mon bras déçu, déjà chargé de victuailles. On a fêté comme il se doit cet anniversaire tout rond, il y avait aussi, bien emballés, trois petits objets japonais, sans souci de colori… âge.

Avant la nuit, Mastrioanni était enceint, c’était l’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune, il y avait même Mireille Mathieu et mon air assoupi…

(Et mon air à soupière ?)

Mardi 10 septembre 2013

Vouloir n’y pas penser c’est y penser encore.

p. 263

C’est un peu ça aussi, la lecture dans les transports, chercher dans les mots ceux qui glissent suffisamment pour ne plus vouloir ne plus penser à ce qui se passe autour, ça, cette femme qui parle très fort à son enfant, un ton condescendant, irritant, parce que l’enfant n’a pas pris les bonnes chaussures, ni la sucette, ni un tee-shirt. La femme qui lit Zweig cherche elle aussi les mots qui glissent, mais elle se retourne, cherche qui peut parler ainsi, cherche un visage pour savoir à quoi on peut ressembler quand on parle ainsi à un enfant qui ne répond rien.

Mon temps de lecture est plus long que d’habitude, aussi long qu’avant juillet, j’ai pris pour une fois le chemin de Neuilly, pour quelques visages et des échanges : Comment peut-on faire mieux ?

Lundi 9 septembre 2013

Il y a cette chanson de Françoise Hardy, où elle dit que même sous la pluie dans le vent mon amour je t’attends. Là, il y avait la pluie. Et des aller-retours à pieds et en métro, pour des impressions imprécises et des reliures à relire. Et quel rapport avec l’amour qu’on attend ? Aucun, le mien ne m’attendait pas si tôt.

Dimanche 8 septembre 2013

– Je crois que tout à coup elle ne s’est pas vu rentrer avec un type comme moi à la maison.
– Mais elle y pense le jour du mariage ?
– Ben c’est justement le mariage qui lui a fait penser au mariage, par association d’idées.


Samedi 7 septembre 2013

Voir complets les murs de la galerie Vivoequidem.

Chercher ici ou là des cadeaux, avoir l’impression que l’impossible fête lui aussi son anniversaire.

Croiser, ô hasard,  JF&N dans une improbable supérette, un air de Queen, des crackers au sésame et au miel.

Du Gare du Nord de Claire Simon, vouloir retenir les moments de grâce : ces mots, le ciel dont cette femme parle, Nicole Garcia qui reprend les paroles, lui qui dit qu’il dégraffera son corsage…

Vendredi 6 septembre 2013

L’une porte des tongs, un short en jeans très court. L’autre un débardeur, un short à peine plus long. Leurs tenues sont à l’été, mais dehors on ne sait pas trop. Lorsque les premières gouttes commencent à frapper la vitre du RER, elles se regardent vaguement, pas de parole, une moue légère. De l’indifférence. Elles n’ont pas idée des hallebardes qui frapperont leur destination peu après. Elles n’ont pas l’attitude de ce lycéen qui dans le bus s’écriera le soir : “P’tain, j’ai oublié ! J’devais acheter un camembert pour ma mère, ouais p’tain j’ai oublié… Ouais j’devais lui acheter un cœur de lion“. Sa mère il appellera, s’excusera platement, tout ça pour une embrouille qui lui a fait oublié le camembert. Un cœur de lion, vous vous rappelez ? Et moi j’hésiterai presque à rester pour le poulet.

Jeudi 5 novembre 2013

À peine Yvette aperçue que je filoche, attendu ailleurs, ailleurs où quand j’arrive il est déjà plus ou moins tard. Ils sont 5, plus tard un de plus, et j’en ai retenu quoi ?
– “Moi Twitter ça me saoule, j’ai juste retweeté un tweet d’Obama.
– “Bordeaux, c’est très joli, y a des toilettes partout.
– “Personne ne veut un dessert avec moi ?
– “T’as qu’à demander à la police socialiste.

Mercredi 4 septembre 2013

La petite table a les pieds dans l’eau, bientôt moi aussi ; tu as arrosé. Le maquereau est aux gingembre, les fraises aussi, mais pour faire passer toute cette délicieuse acidité voici que Vincent D. est chez Laure A. Les pieds au sec ?

Mardi 3 septembre 2013

Commencer la journée dans un bureau du treizième pour travailler plus (pour gagner plus…), poser les questions et les jalons, chercher les contours pour mieux les dessiner. Finir la journée dans un RER qui a des airs de plage : il fait si chaud que certains ont gardé leurs lunettes de soleil et leur Heineken, qu’un autre porte un tee-shirt au motifs africains. Il redresse sa moustache délicatement tandis que ma musique couvre leurs paroles à eux ; que se disent-ils en souriant ?

Sur la banquette en osier tu m’attends, content, les bras croisés sur ce nouvel achat. On file au cinéma, Grand Central, étouffant, oppressant, il fait chaud là aussi, les cadrages sont serrés, les êtres aussi. C’est quand Laure Adler parle avec (qui déjà ?) que tout s’allège, tandis qu’on équeute.

Lundi 2 septembre 2013

Philport lui a écrit “tu as oublié ton écran solaire“. Dans sa réponse que je ne peux manquer en raison de nos positions respectives dans ce métro matinal, elle lui répond que de toute façon cé pa dans son sombre bureau de l’Île St Louis qu’elle va en avoir besoin. Elle est de toute façon déjà très bronzée. Elle tendrait sous certaines lumières vers l’abricot évoqué hier, celui du livre Marseille en autobus que je commence à peine à lire. Dans le RER suivant, après un trajet sous le ciel de Paris, histoire de reprendre doucement, je m’étonne de certaines phrases, plutôt biffables, mais l’objet reste un exemple à garder en tête. “Un joli livre” me dit alors M que voilà sur le hasard du dernier quai ; “C’était bien les vacances ?

Dimanche 1er septembre 2013

En général, lorsque nous allons au Jeu de Paume, nous passons par les Tuileries depuis le Palais Royal. Cette fois également, nous sommes passés par les Tuileries depuis le Palais Royal, après avoir bu un café probablement hors de prix et avoir rapidement regardé les objets de la boutique des Arts décoratifs ; probablement abordables ? J’avais repris mes habitudes, mon habitude, c’est-à-dire mon appareil photo mais je n’ai pas fait de photographies dans le jardin. Seulement tes mains à la terrasse de ce café.

Au Jeu de Paume, après Ahlam Shibli et Lorna Simpson, c’est à la librairie que la photographie me tend encore les bras : Alan Sekula parce que tu me dis que P le cite souvent… et  le Marseille en autobus de Plossu et sa couverture au papier abricot dont la matière est caressable, mais sûrement moins que les tirages sur feutre de Lorna Simpson – dont certaines pièces m’ont vraiment plu, mais vous savez je ne suis jamais très disert.

Et c’est à 17 qu’on déjeune ; il fallait que la volaille mijote.

Samedi 31 août 2013

C’est au 103 bd Beaumarchais qu’on s’est retrouvés. 13h, c’était convenu ; surprise nostalgique pour J. À 21 h c’était ailleurs, moins surprenant peut-être, il devait bien s’attendre à ne pas être seul. Autour de nous des sourires, des barbus, peu de filles, O, B, S, ou un type à casquette que finalement personne ne connaissait réellement. Il croyait t’avoir déjà vu. As-tu compris le nom de l’acteur qui le faisait… ?

Et puis on s’est éclipsé. Dans la rue, à 22h37, j’ai envoyé ma dernière photo prise à 21h44, il faisait doux, c’était tout à fait ça. Dans le métro, le nez vaguement dans des soupirs de langue asiatique, il faisait plutôt curieusement chaud. Tu lisais ce livre au titre un peu facile que le lendemain tu m’as tendu, sans enthousiasme. En face il avait l’air pensif, dans sa chemise à carreaux.

Jeudi 29 août 2013

Un goût de vacances qui s’étiole, la journée sur l’écran pour un autre genre de travail. Et puis le soir ils parlent de Beyrouth, fatigués ; que faire ?

24 – 28 août 2013

Le cocher, qui ne semblait pas disposé à causer, ayant à peine répondu à mes propos, force me fut, faute d’autre compagnie, de me rabattre sur celle de moi-même et d’essayer de me rappeler mes clochers.

Du côté de chez Swann

On continue, comme dans La Recherche (dans la page en face de l’extrait ci-dessus), à ne demander rien d’autre à la vie que de se composer toujours d’une suite d’heureux après-midi. Sur le chemin du retour, je découvre le doux intérieur et le petit jardin de Rezé après avoir revu Nantes, brièvement ; les souvenirs s’entremêlent, un concert de Placebo, un ami perdu de vue, un autrefois qui ne m’évoque je crois aucune nostalgie. L’arrêt familial en Saintonge est assez bref, doux, il laisse le temps d’un cheval, d’oies, de vaches au poil humide à la fin du dimanche. Et c’est ensuite Limoges, autre arrêt familial et une autre famille, une famille qui s’étend puisqu’ils emménagent, qu’il faut monter le frigo et qu’on fait connaissance. C’est enfin la campagne charentaise, une autre, qui pousse jusqu’à Rouillac pour la foire mensuelle. Et c’est alors qu’au milieu de cette ruralité ensoleillée au déjeuner gorgé de gras de porc et de mayonnaise, assis à ma table ils font connaissances. Elle tient le stand de meringue où J s’est libérée d’une envie ; lui, il habite là, en face, la maison derrière le camion du primeur. 13 ans de veuvage pour elle, 7 pour lui. Elle est assez fataliste, mais de ses paroles à lui sourd l’insupportable. Ça ne peut plus durer, dit-il.

17 – 23 août 2013

Une semaine de Bretagne, tout là-bas, au-dessus de Brest : Coat-Méal. Il m’en a fallu du temps pour retenir le nom, pour ne pas inverser les dernières consonnes. Finistère nord, sept jours calmes, doux, ensoleillés. Indolents, a dit Denis. La pluie ? Presque ignorée. Sept jours de plaisir(s) : ne rien faire, paresser, lire Écoute la pluie, écrire, lire La Recherche, regarder le ciel, essayer de prendre les ragazzi locaux ou le curé en photo, se plaindre vaguement du roucoulement qui rompt le rythme des pages, regarder la jeunesse me rappeler la mienne devant une assiette de légumes, se dire que l’eau est froide mais y nager un peu quand même, éviter les algues, manger, regarder l’horizon ou les cerfs-volants, chanter au volant, boire, dormir, regarder les touches de couleurs sur la plage et en décrire la multitude dans le petit carnet gris qui sent maintenant le sable, regretter un peu la foule, gémir d’un flan, en reprendre, regarder les corps, être content de ce maillot que tu m’as offert, regarder les photos du Japon, reculer de l’odeur de renfermé dans le bazar, surexposer et flouter ceux qui jouent sur la plage, regarder les couleurs vives des grues à Brest, imaginer des soirées libertines chez les propriétaires, regarder le soleil.


Vendredi 16 août 2013

– Il n’y a personne à cette place, si vous voulez y mettre vos affaires…
– Comment savez-vous ?

Cette construction interrogative, sa voix, son port de tête, elle pourrait sortir du Proust que j’hésite à poursuivre dans ce TGV ; et en effet finalement tout d’abord j’écris. Elle pourrait aussi être la sœur de Laetitia Casta ; dans quel rôle cette petite robe à fleurs ?

Jeudi 15 août 2013

On avait mis sur la liste et installés autour de la table des visages pas vus depuis bien longtemps, et sous le soleil ou l’ombre on se prélassa. Tu m’entraînas ensuite là où nous sommes rares à être entrés : cette histoire – ces histoires – inouïes, inuit.

Mercredi 14 août 2013

Dans le RER B qui m’éloigne de la Gare du Nord, je veille sur la photo que j’ai enfin récupérée. Le petit garçon est épuisé, comme tant d’autres. Regardez-nous, nous étouffons. Comme si la chaleur soudain revenue nous frapper, n’en déplaise aux marabouts qui prédisent toujours que c’est la fin de l’été — et soudain je pense à la chanson de Françoise Hardy, La Fin de l’été justement, Alors je voudrais bien savoir le pourquoi, qui me fait rester là près de toi, sous la pluie, ce soir — oui donc la chaleur, comme si on en avait perdu l’habitude ou quelque chose comme ça, était plus maligne, sournoise, dure, mal aimable. Je te retrouve au Luxembourg, ce jardin que je connais bien peu ; tu t’en étonnes. La buvette ? Oui, la buvette, où le vin est moins cher que les sodas ; ça vous étonne ?

Chez O, ils sont déjà presque tous arrivés, dont ce garçon dont j’ai regretté hier de n’avoir pas lu ce qu’il avait écrit en préface de ce livre offert par JLM. Avec V ont parle des Pouilles, avec R on sourit de L, quand D glisse sa main en face le cognac est déjà arrivé sur la table basse, et puis ce piano qu’on ouvre et revoici Françoise H ; ça sert à ça le cognac, à ouvrir la voix.

Lundi 12 août 2013

C’est un rythme qui s’installe : une exposition par an. Les dates 2014 ne sont pas encore fixées, mais le rendez-vous est pris et la série “Vous suivre” retrouvera d’autres cimaises, peut-être tronquée, sûrement complétée. Enrichie ?

C’est un rythme qui s’installe : une traversée longue et rude, car certains jadis, étaient prêts à tout pour quelques pépites. Jusqu’à risquer leur vie dans le film Gold, western allemand où l’avidité et l’amour sont une fois de plus ce qui fait marcher le monde.

Dimanche 11 août 2013

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

Longtemps, je me suis dit que je n’oserai jamais m’y attaquer, sentant pourtant l’inévitable arriver, sentant aussi le plaisir, sans savoir pourquoi, le plaisir de lire ça, ça, je vous épargne les majuscules et les exclamations, oui ça. Sur le petit carnet gris j’ai écrit “choisir extrait -> jusqu’à la page 34“.  Je ne sais plus si chez M&G on en a parlé, peut-être oui, ah oui je me rappelle, tu étais étonné que j’aie ri. Les 25 — vingt-cinq seulement, quelle hérésie — premières pages de la recherche m’ont déjà fait vibrer et rire, et si j’osais ce journal reprendrait chaque virgule, chaque trait, chaque émotion.

Samedi 10 août 2013

Il suffit d’aller au bout de la ligne 10, mais ce bout là-bas côté ouest, celui qu’on ne fréquente pas, pour découvrir (enfin, depuis le temps qu’on en parle), un admirable coin de verdure aux couleurs choisies, aux recoins japonisant qui nous rappellent que dans deux mois, nous y serons à nouveau. Le jardin Albert Kahn est un hymne à la sérénité, à la couleur, au calme. Le musée est peut-être trop bavard, les cartels parlant pour rien puisque je ne les lirai pas, l’esprit ailleurs, dans ce Japon des années 20, dans ces lointains, dans ces drapeaux accrochés avec joie fin 1918. Et les regards d’hier vous accrochent dans d’improbables coloris.

Vendredi 9 août 2013

Madonna chante “I can’t help falling in love” et la femme pleure, soutenant son visage d’un poing ferme. À ses pieds une valise marron. Dans la sélection de morceaux savamment intitulée “RER hop hop” qui m’accompagne, une autre chanson pop et légère aux paroles presque opposées, ç’aurait pu être le fond musical de cette discussion avec F, son été, moi médusé. Mais son Italie s’éloigne et je m’imagine là, la foule autour de moi dansant insignifiante aux annonces de station.

On reste pop, mais pop art, avec l’expo Liechtenstein à Beaubourg, histoire de découvrir autre chose que les célébrissimes blondes en pleurs et autres Whaam, puis on passe aux Whaaaa (et autres onomatopées étonnées ou hilares) pour un dîner japonais avec B&J (Non, pas Ben & Jerry).

Jeudi 8 août

En franchissant l’entrée je te dis que ça sent l’hiver. Les dimanches d’hiver devrais-je préciser. Dans le four un poulet, odeur douce, agréable, chaleureuse, gourmande. Et Cléo de 5 à 7 pour clore la journée, vois-tu que je m’endors ?

Lundi 5 août

C’est sur La Baie des anges qu’on finit la journée ; Jeanne était platine.

Samedi 3 août

Lectoure. Chaque année (ou presque, diront ceux qui suivent) on s’y retrouve. On ? Un on qui change, les uns s’en vont les autres viennent, les uns pardon ? les autres reviennent.  Lectoure, plaisir photographique gersois, et une cuvée 2013 passionnante, qui ne laisse que quelques moues fugaces sur un taureau dans une douve ou devant un jeu de miroir. Il y aurait tant à dire qu’on pourrait presque faire l’impasse sur la photographie, se replier sur le partage amical que ces moments génèrent, potacheries et évidences. Mes deux coups de cœur qui s’accrochent à mes souvenirs : les portraits de Bruce Wrigthon (un modèle pour un futur travail… je vais bien finir pas y venir, aux portraits…) et tout le travail de Guillaume Herbaut, qui fait ressortir Nagasaki de ses cendres, l’Albanie de sa boue, Tchernobyl de sa poussière. Et tout finit, lumineux, sur l’herbe verte qui borde la piscine. Les arbres sont partis mais notre amour de ces moments est bien là, increvable sous d’hirsutes parasols.

Vendredi 2 août

Il y a ce souvenir d’un jour de pêche : ma montre se décrochant, tombant dans l’eau, des mètres plus bas. Est-elle aujourd’hui entièrement décomposée dans la vase ? Ce 2 août, ce sont mes lunettes de soleil qui sont tombées, le petit plongeon m’ayant un peu trop entraîné la tête sous l’eau. Puisque on avait pieds je retrouvais les binocles au fond de l’eau brune : c’est avec les pieds qu’on tâtonna.