Lundi 3 octobre 2022
Vendredi 30 septembre 2002
Je laisse derrière des semaines et des mois. Je souffle. Il est tard bientôt 21h, le train m’emmène vers Agen. Nous nous retrouverons comme jamais. Jamais, nous trois, 15 ans d’amitiés bientôt, ne nous sommes retrouvés ensemble ainsi chez F. Je ne sais pas exactement à quoi c’est dû, sinon aux rythmes, aux habitudes et aux silences.
Dimanche 25 septembre 2022
Samedi 24 septembre 2022
Alors je dis encore que j’attends octobre.
Vendredi 23 septembre 2022
Est-ce que je peux écrire sur le fait de ne plus pouvoir écrire ? Je ne sais pas exactement si je ne peux plus ou si je ne veux plus, si je suis à un endroit de ma vie où il faudrait mettre de côté le quotidien pour lui donner un autre visage. Peut-être que je m’épuise à puiser dans le rien, là où jusqu’à présent il y avait un jeu, une envie, là où justement je pensais que ce n’était pas rien, de dire l’anodin.
Et puis soudain dans le train ce parfum de coco, et c’est J qui revient, son odeur incrustée là, en moi, des années plus tard. Peut-être que c’est juste “tout ça” en ce moment, qui m’épuise, tout ça c’est le travail. Car de J pourraient naître des lignes et des lignes encore.
Mercredi 28 septembre 2022
Jeudi 22 septembre 2022
L’homme monte dans le tram en riant, rapidement s’assied à côté de moi en me saluant, dit aussi bonjour à la jeune femme en face de moi qui ne répond pas : des écouteurs dans ses oreilles la sauvent de la situation. Lui il porte un casque duquel dépasse une musique trop forte, quelque chose des années 80 (ça fait wow wow wo wowowowowoo wowowoooo). Alors l’homme se tourne vers moi : c’était un manque de respect envers elle, dit-il, gêné.
J’essaie de lire ce roman qui me tombe des mains car l’écriture ne m’emporte nulle pas. L’homme entrecoupe donc ma lecture sans la gâcher. Le livre me donne une raison de me détacher des paroles de l’homme, d’être évasif, offrir un simple sourire, un oui bref. Le temps de quelques stations, j’apprends qu’il est Marocain, et qu’il est gentil puisque il est Marocain et qu’il aime Emmanuel Macron. Vous aimez Emmanuel Macron ?, il me demande. Regardez sur cette vidéo c’est le roi du Maroc. Il parle de sa femme aussi, celle du roi, il explique la vidéo, je fais celui qui comprends mais il y a les wow wow wo wowowowowoo wowowoooo qui me perturbent et surtout l’idée qu’il me faute retenir cette scène.
Et puis il descend, dit au revoir, j’ai déjà trop oublié.
Mercredi 21 septembre 2022
Il est tard. L’apéritif chez AJ s’est prolongé dans ce plaisir de ne presque pas se connaître, et puis enfin nous avons déballé la photographie encadrée, ce souvenir d’un feu d’artifice avec cette façon que j’ai de les regarder et de les conserver en taches multicolores aussi gaies qu’une heure dans la foule un 14 juillet. Bientôt il sera sur son mur, il faudra choisir lequel.
Ainsi puisqu’il est tard, après que je suis descendu du bus, sont-elles à la recherche de la lumière d’un réverbère pour mieux voir leur plan. Je m’approche des trois dames, l’une avec une béquille, et leur demande si je peux les aider. C’est leur hôtel qu’elles cherchent, il est par là-bas. Elles me remercient et s’éloignent. Je pourrais les remercier aussi, j’aime ce genre de moment où j’aiguille les corps perdus. C’est peut-être une manière de me sentir chez moi dans cette ville.
Mardi 20 septembre 2022
La chanson s’incruste, depuis quelques jours, dans les hauts parleurs et dans la tête. C’est à se demander comment on peut passer à côté de ça, durant des années, cette chanson d’Ornella Vanoni dont la Casa bianca avait été ritournelle entêtante et l’est encore parfois.
La chanson est un rendez-vous qui ne vient pas. Elle l’attend. Elle dit qu’elle fait une erreur, mais elle l’attend, dans toute cette mélancolie étrange qui se détache de la langue italienne.
Il y a le plaisir pour moi de chanter, d’articuler “rivedere te“, d’appuyer ici ou là. Il y a ces mots que je ne retiens pas malgré cette boucle : ça tourne, ça tourne. Il y a dans cette langue ce qui me me ramène à toi et cette histoire d’amour que nous ne sommes pas. Et puis soudain il y pleut.
Lundi 19 septembre 2022
Dimanche 18 septembre 2022
Soudain, sur l’appli jaune et noire il y a encore la trace de nos mots, mais derrière il n’y a plus rien sauf un fond gris anthracite et une phrase assassine : « Cette personne n’est plus disponible. » Je n’ose même pas parler de fantôme : tu ne viendras probablement pas me hanter.
Ainsi tu rejoins tous ceux qui ont disparu, à la différence près que je ne m’y attendais pas. Tes derniers mots avant de partir n’auguraient pas ton évaporation. Tes derniers mots avant de partir n’auraient jamais pu être les miens : ils appuyaient sur ton âge et j’en avais souri.
Samedi 17 septembre 2022
Ton prénom sonne comme celui un prince irlandais : Connor. Ici je l’écris. Une initiale ne vaudrait rien, pour une fois.
Il faudrait te décrire complètement, raconter chaque trait de ton visage puisque tu es si beau, insister sur la courbe de tes lèvres, ouvrir tes yeux épuisés qui disent presque, plus que tes mots, cette nuit passée tu ne sais où. Il manque tes mouvements sur les images que je fais de toi, mais bientôt tu t’endors, là, de l’autre côté des portes, ces portes immenses qui font parfois de chez moi un château ; tu es au bois dormant.
Avant de partir, tu me dis que tu as aimé la ville, oui, parce que ce sont les gens qui font une ville. J’en prends un peu pour moi, de cette forme d’amour.
Vendredi 16 septembre 2022
Mercredi 14 septembre 2022
Mardi 13 septembre 2022
Tram. Elle est comme une poupée de plastique, avachie, et se redresse à l’arrêt stade Chaban-Delmas. Sac à main avec en motif un drapeau américain en strass, poitrine surdimensionnée, visage surmaquillé, jupe bleu marine, tee shirt à l’inscription “i.love skate girls“, rouge à lèvres rose bonbon, le reste je sais pas, elle rejoint tous ceux, dans leur beauté ou leurs excès, que je n’ose trop regarder.
Je m’arrête à sa plastique, que je suppose savamment construite, pour imaginer que l’atelier de lecture à voix haute où je me rends ne l’intéresse pas vraiment. J’espère me tromper, victime serais-je alors d’un a priori.
Me voilà alors au dit atelier. J’ai choisi comme texte les premiers paragraphes du deuxième chapitre du Démon de la colline aux loups. Le style du livre en question est un grand huit : des ruptures, quasiment aucune virgule, une syntaxe bousculée : je me suis mis au défi. Et c’est ainsi que, la prof prenant une phrase de mon texte en exemple, je passe en premier. Je me lance, je me balance comme toujours quand je parle en public, je tremblotte un peu et j’aime ça malgré tout, je suis venu pour ça : lire devant d’autres. Je lis comme j’aime lire ce texte : une voix plate, des accélérations, des ralentissements. Bien sûr ce n’est pas parfait. C’était mieux chez moi. Comme je suis le premier, je suis le cobaye qui donne à la prof – mais appelons Sophie puisque c’est son prénom – l’occasion de donner des règles, des guides. J’aime. Je parle trop vite elle le dit – aller dans la lenteur – et je le sais mais j’aime ça, qu’elle corrige, qu’elle le dise, je suis là pour ça, être poussé. Elle bouscule. Elle pointe du doigt une construction de phrase. Elle dit qu’il faut avoir des images de ce qu’on lit même si ça ne s’entend pas. J’aime ça surtout.
Puis il y a les autres. J’écoute, je note, je jubile d’être là à faire ce truc nouveau, j’aime ce mot truc ici il ressemble à comment elle parle, Sophie, parfois. Dans mon petit carnet je note aussi “être humble face au texte”.
Et surtout il y a A qui, sous les conseils de Sophie, fait silence, longuement et nous regarde. Il y a un espace dans le texte, plusieurs sauts de ligne. Il y a ainsi une puissance qui s’impose dans la phrase qui précède. Magnifique.
Lundi 12 septembre 2022
Il est 8h53 et je photographie les pages de mon passeport. Bientôt, lorsque le nouveau sera prêt, dans quelques semaines, on m’en séparera. Disparaîtront les tampons chiliens, péruviens, kenyans, turcs et surtout les années japonaises, celles qui ont succédé au premier été et au premier hiver. Ainsi je vois les traces des départs du pays : 24 juillet 2012, 20 octobre 2013, 8 juin 2014, 4 novembre 2014, 30 mars 2015, 10 novembre 2015, 20 mars 2016, 10 novembre 2016, 1er mai 2017, 26 avril 2018. Je vois le déchirement du 1er mai 2017, et je ne sais pas si j’y vois l’avenir.
Dimanche 11 septembre 2022
Samedi 10 décembre 2022
Vendredi 9 septembre 2022
Mardi 6 septembre 2022
Je prends le micro, pose ma question, un peu maladroitement car j’oublie d’égrainer un peu plus tout ce qui fait la complexité du film, film fou donc indispensable. Je demande au réalisateur d’où ça vient : c’est quoi, le point de départ ?
Je n’ose pas lui dire qu’une de mes scènes préférées au cinéma, c’est dans son film Mourir comme un homme : soudain les protagonistes s’assoient au milieu de la forêt, il y a un filtre de couleur – plusieurs peut-être ? – et une musique passe. Dans Feu Follet, le film de ce soir, c’est une scène de danse qui, en quelque sorte, arrête le film. Ou le fait basculer ? Est-ce que c’est ça, le point de départ, un point de déséquilibre central ?
Et puis il s’agit de rentrer, penser aux images, et, en cherchant le sommeil, écouter Bruno Podalydès lire Perec. Là où il est encore question de basculer (vers la nuit), je ris de recettes de cuisine, puis, dans un récit qui tend vers l’introspection, m’émeus, souris encore et m’endors.
Lundi 5 septembre 2022
La photographie qui s’affiche sur Whatsapp à 13h35 montre un courrier sur une page A5 blanche, et un stylo noir en haut à droite ; la photo est composée. L’écriture est belle, de celles dont l’élan vous bouscule : il faut ici ou là froncer un peu les yeux pour attraper le sens. Les mots sont beaux, ils vont vers moi en tant qu’ils disent quelque chose – ressenti – sur cet objet que j’ai écrit, qui dit beaucoup de moi et qui cherche – comme si ce n’était pas moi qui le voulait – à être lu. L’objet traine. Je le fais trainer, autant – oh non, bien plus – que je le fais lire. Et encore voilà des fautes. Et donc une raison de trainer ; il faudra corriger.
Dimanche 4 septembre 2022
J’avais pris ma voiture au jour annoncé, il fallait alors pas loin de deux heures de conduite, l’autoroute reliant Besançon et Dijon n’ayant pas encore saigné le paysage, étrécissant les sols, les collines, les distances et le temps.
::: Guy Boley ; Funambule majuscule.
Tu me dis que tu aimes quand il y a des photographies. J et B sont là. Je suis celui qui vous rejoins, ce soir, et peut-être autrement, c’est-à-dire en d’autres fois qui se répèteront, rejoignant alors, peut-être en en frôlant sa périphérie, votre cercle.
Samedi 3 septembre 2022
De ces trois petites chambres dans lesquelles pendant presque quarante ans a vécu et travaillé Gaspard Winckler, il ne reste pas grand-chose. Ses quelques meubles, son petit établi sont partis. Il n’y a plus, sur le mur de sa chambre, en face de son lit, à côté de la fenêtre, ce tableau carré qu’il aimait tant : il représentait une antichambre dans laquelle se tenaient trois hommes. Deux étaient debout, en redingote, pâles et gras, et surmontés de hauts-de-forme qui semblaient vissés sur leur crâne. Le troisième, vêtu de noir lui aussi, était assis près de la porte dans l’attitude d’un monsieur qui attend quelqu’un et s’occupait à enfiler des gants neufs dont les doigts
se moulaient sur les siens.
La femme monte les escaliers. Bientôt le vieil appartement deviendra un coquet logement, double liv. + ch., cft., vue, calme. Gaspard Winckler est mort, mais la longue vengeance qu’il a si patiemment ourdie n’a pas encore fini de s’assouvir.
::: Georges Perec ; La Vie mode d’emploi
Il ne s’agit pas de haïr les dimanches mais bien plus, je le sais, les samedis soirs sans envie, avec cet incurable et presque étrange ennui – étrange tant il ronge – né de l’absence des autres autant que d’un Autre unique. La solitude des samedis soirs revient peut-être ici subrepticement comme disparait l’été, sans savoir pourquoi, malgré tout, puisque nul ennui ne devrait naître du temps qu’on a enfin pour des images à traiter, des textes à écrire, des pages à lire, des films à voir, ni naître de ceux qu’on a vus plus tôt et qu’on était joyeux.
Vendredi 2 septembre 2022
Alors je vous suis infidèle, emporté dans cette ambiance inédite qui rompt, autrement, ma solitude.
Ainsi je rencontre B, il a un prénom dont Mathieu Riboulet a fait un titre qu’il me faudrait relire. Il porte une tenue que je relève, au sens figuré : un kilt. Des chaussettes noires soulignent ses mollets, le reste est noir aussi : ses chaussures, sa chemise à manches longues. Il a un visage, une voix, une candeur apparente – que j’imagine trompeuse – qui facilement m’emporteraient, peut-être jusqu’où il va, puisqu’il part.
Il est de ceux qui donnent envie d’écrire, d’écrire sur eux, comme hier, ou de photographier ; je lui dirais “Ne souris pas.”
Jeudi 1er septembre
Perdu dans les jours, j’aurais presque oublié l’AG de l’asso, me précipite et puis c’est bien ainsi puisqu’il est là, en face de moi, en bermuda et polo, bermuda camel et polo vert amande, beau le gars, beau discrètement, tendance voisin de pallier qu’on croise parfois, qu’on n’ose pas aborder, lunettes fines, 35 ans peut-être 40, j’ai envie de le décrire, j’aimerais savoir le décrire, il regarde surtout dehors, je sens qu’il sait que je le regarde, et puis voilà, j’y viens, tatoué, les bras les jambes, mais de beaux dessins, différents mais tous beaux le peu que j’ai osé regarder, une tête d’animal surtout, là, sur la cuisse. Et puis des oiseaux. Envie de toucher des yeux au moins, longuement, une pieuvre, une mouche qui apparaît quand il se lève pour descendre à Mériadeck et l’on voudrait qu’il reste et puisque quoi d’autre encore ?
Plus tard tu es beau aussi, plus jeune, moins discrètement peut-être, et tu me dis “c’est quoi ça ?” Alors je prends l’objet, le bâton recouvert de feutrine, tape un coup, et le frotte. Le son s’amplifie. J’avais je n’avais réussi cela autant, c’est magique, ça part, le son gonfle et s’envole, remplir l’espace, les mots me manquent, chut, nos silences, je suis ému, c’est beau, si beau, ça chante. “Comment s’est possible ?” dis-tu.
Mercredi 31 août 2022
On resterait partis quatre jours. On logerait à Gentilly, dans la banlieue, on ne savait pas de quel côté mais dans la banlieue, chez des sortes d’amis que les parents avaient. C’était le début de mars, quand la lumière mord aux deux bouts du jour, on le voit on le sent, mais sans pouvoir encore compter tout à fait sur le temps, sans être sûr d’échapper à la grosse tombée de neige, carrée, brutale, qui empêche tout, et vous bloque, avec les billets, les affaires et les sacs préparés la veille, au cordeau, impeccables alignés dans le couloir; vous bloque juste le jour où il faut sortir, s’extraire de ce fin fond du monde qu’est la ferme. On n’y passe pas, on ne traverse pas, on y va, par un chemin tortueux et pentu, caparaçonné de glace entre novembre et février quand il n’est pas capitonné de neige grasse ou festonné de congères labiles ; on s’enfonce, le chemin est comme un boyau, entre les noisetiers ronds et les frênes et d’autres arbres dont personne ne dit le nom, parce que l’occasion manque de nommer les choses, et pour qui, pourquoi, qui voudrait savoir. On prendrait le train à Neussargues, un train direct, sans changement jusqu’à Paris. Changer eût été difficile, voire exorbitant, ou périlleux ; à trois, on n’aurait pas su au juste où aller dans la gare de Clermont que l’on ne connaissait pas, où il aurait fallu prendre un souterrain, monter et descendre des escaliers, repérer un quai, en traînant les bagages, sans rien oublier sans rien perdre, surtout le gros sac bleu du père où étaient les cadeaux pour les amis, fromages, de deux sortes, cantal et saint-nectaire, et cochon maison, boudin terrine rôti saucisses, de quoi nourrir cinq personnes pendant quatre jours et plus.
::: Marie-Helène Lafon ; Les Pays
Mardi 30 août 2022
Lundi 29 août 2022
Bus. Le chauffeur donne quelques instructions, confuses, il est fébrile. Quelques minutes plus tôt, aucun des passagers attendant à Clermont n’était sur sa liste, ni la fille devant moi, ni moi, ni les gars derrière, oh c’est vrai il disait. J’étais très calme, persuadé dès le début qu’il ne regardait pas la bonne liste, et puis tout s’est réglé, tout s’est calmé en lui aussi asi il a fallu du temps.
Alors quand il dit comment se tenir et combien de temps va durer la pause – il n’en sait pour l’instant rien – il reste un peu confus, et gêné, car en plus les toilettes sont fermées et en cas d’urgence, il peut les ouvrir mais ça va puer, dit-il avec une formule alambiquée que je ne note pas. Il dit qu’on peut manger dans le bus mais il se prend les pieds dans le tapis pour nous dire d’être propre ou discret au téléphone. Ça ne va pas si bien que ça dans sa tête, même si tout le monde est là.
Derrière moi ça discute en langue d’Europe centrale, et à ma droite, en scout, qui voilà ?, le jeune type qui avait assisté au dépouillement la dernière fois, jeune mec de bonne famille, bingo.
Alors je me plonge dans mon livre et je ne fais que ça de tout le trajet, je dévore, pris par l’histoire improbable et j’ai besoin de ça, ne rien faire d’autre, je l’ai déjà dit ici, après une lecture de Camille Laurens ou La Maman et La Putain, il faut ça, parfois, du temps.
Le bus s’arrête, aire d’autoroute, le Puy de Dôme est masqué par les arbres, mais on voit les horizons de la veille. Je m’approche du scout, je lui dis “Vous vous souvenez ?”, je précise. Il se souvient. Il dit que c’est lui qui avait mis le bulletin Jésus. “Vous croyez qu’il ferait un bon président ?” je demande. Il dit, je m’éloigne un peu impoli, l’esprit ailleurs peut-être. Je suis content qu’il n’ait pas voté Le Pen : l’habit de scout ne fait pas le moine.