Samedi 26 mars 2022

Soudain ton visage, comme une apparition, comme quelque chose d’étonnamment inattendu, comme un éclair.

Vendredi 25 mars 2022

Parfois j’allais me baigner tout seul, sur des petites plages isolées où il n’y avait personne. J’y arrivais en voiture au long de ces virages lents où de temps à autre surgissait l’éblouissante apparition de la dalle marine. J’arrêtais la voiture, je descendais à pied sur des sentiers envahis d’une végétation dure et épineuse. Je me déshabillais, je me couchais sur le sable brûlant. Je pénétrais dans l’eau, je nageais un moment vers le large, je faisais la planche sur le ventre, le visage plongé dans la bouillie chaude de la mer. Je revenais m’écrouler sur la petite plage déserte, face à la déclivité de l’eau. Son éclat gélatineux traversait le voile de mes paupières fermées tandis que je restais ainsi, hors d’atteinte, seul, hébété.
::: Antonio Moresco ; Les Incendiés

Jeudi 24 mars 2022

Un condamné à mort s’est échappé, ou Le vent souffle où il veut
Réalisé par Robert Bresson
France, 1956

Vendredi 18 mars 2022

Il y a soudain cet improbable message que tu m’envoies, cette improbable légèreté de l’être qui s’en suit, mêlée de curiosité, d’appréhension. Tu viens en Europe, alors il suffit d’un détour.
Nous allons nous voir, presque deux années après ce premier message, le 10 avril 2020, suite à ta demande comme ami que j’avais acceptée sur le réseau social bleu. J’avais demandé “Hi. Why ?” auquel tu avais répondu “Why not” et nous avions été, ensuite, une compagnie virtuelle, l’un pour l’autre, dans tout l’épuisement que cela comporte et avec, à l’horizon, tout l’épuisement vers quoi cela, sans le sucre, le sel ou d’autres grains de folie, mène.
Nous aurions dû nous voir, vingt-quatre heures à peine, à Londres, l’été dernier. J’avais gardé un peu d’amertume que tu aies annulé, j’avais compris, mais nous avions manqué quelque chose. Au fond de moi, je crois que j’étais surtout déçu de ne pas avoir fait ce truc assez fou, qui dans ma tête était devenu un projet photo dans le huis-clos d’une chambre d’hôtel londonienne aux papiers peints fleuris.
Nous allons nous voir et je ne sais pas ce que j’attends de cette rencontre, puisque entre nous il n’y a pas qu’un continent à traverser, il y a un monde voire plusieurs. Je ne sais pas ce que j’attends en dehors de ta photogénie qui crève depuis deux années le petit écran de mon ordinateur ou de mon téléphone. Je pense aux images que je ferai de toi.

Mercredi 16 mars 2022

Tu m’envoies un lien, une archive de l’INA : Henri Salvador chantant “Le Lion est mort ce soir.” Je m’étonne. Cela ne te ressemble pas. Disons que cela ne ressemble à celui que je connais, jusqu’à ce que tu précises : “It’s kinda comforting.

Dimanche 13 mars 2022

Tu n’y es jamais allé, au Capc. Ni au Capc, ni dans aucun musée d’ici, en fait. Alors tu me suis. La Nef est habitée d’une pièce phénoménale, dans laquelle il faudrait creuser, insister, mais non, je ne veux pas : dès les premiers pas, dès les premiers mots écrits noirs sur blanc sur les murs pour guider le spectateur, je comprends que je n’ai pas envie de ça, ni envie ni besoin. Toi, tu me fais remarquer que c’est tout de même du gâchis, tout ces matériaux, pour ça. Alors on va là-bas, au fond, à gauche, puis à droite. En parlant avec toi, en me retrouvant un peu obligé de commenter ce que je vois, je comprends quelque chose que je n’ai jamais vraiment exprimé depuis toutes ces années à voir de l’art contemporain, qui a trait à ce que l’artiste me donne à voir en tout premier lieu. Je comprends, même s’il y a des exceptions, qu’il me faut une forme de joliesse, de douceur, ou quelque chose de fort mais sans âpreté. Il ne me faut pas, en tout cas, ces costumes de sirènes, qui veulent me dire… qui veulent me dire quoi ?

Ce que je ressens ou comprends cette après-midi auprès de toi, c’est que l’âpreté me demande du temps. Je n’en ai pas. Aujourd’hui, je n’en ai pas, pas pour ça. Pas pour cette complexité, pas pour cette forme de complexité.

Et puis l’on monte. On prend notre temps, tout là-haut, dans les collections permanentes. Ça commence avec Sylvie Blocher et son dyptique vidéo “Change the Scenario”, c’est beau, c’est fort, et puis il y a Tillmans, les Bescher, un paysage de vagues métalliques, ou encore ces tubes qui bougent, mi-chorégraphie mi-mouvements militaires. J’aime. Globalement, j’aime, j’aime être là, peut-être que j’aime que nous soyons-là tous les deux, que je sois le témoin de ta découverte, que je sois peut-être face à moi-même et à ce que je ne sais pas dire malgré l’inconfort que cela produit. Il se dégage, dans les espaces, une ambiance que je dis smooth. Nous la prolongerons avec une bière que tu n’aimeras pas et un kebab rompu par son message : “Where are you?” On lui enverra un image de nous deux, moi grimaçant, et tu en riras.

Lundi 7 mars 2022

– C’est quoi votre plat du jour ?
– Ah je ne sais pas encore, ça va dépendre que ce que je sors du frigo.

Dimanche 6 mars 2022

Nous – nous et eux – sommes là pour rendre hommage à mon père, à titre posthume. Elle, la présidente de la fédération française, dit des mots, nous sommes émus, très émus. Nous sommes là pour dire à quel point mon père a donné de son temps et de son énergie. Ma mère dit qu’elle ne peut rien dire, je tends le bras, prends le micro, ma gorge s’est desserrée, parler devant des gens est une habitude, je n’ai ni appréhension ni doute, je parle, je raconte un peu, je rappelle qu’au départ, la généalogie, c’était ma mère et moi : il avait suffi de quelques actes dans un tiroir. J’ai aussi besoin de parler de lui. J’oublie de dire comment je l’ai découvert autrement, oui un peu autrement, après sa mort, par les messages que nous avons reçus. Parfois je mets le micro devant maman, bien sûr elle veut parler, comment se taire ?

Je me retrouve à parler de ce que cela voulait peut-être dire, pour lui, la généalogie, quand on est un fils d’exilés dont les aïeux ont disparu avec les registres, je parle de territoire aussi, ça me vient comme ça, je leur dis que ça me viens comme ça, soudain, cette idée du territoire. Je me dis qu’il aurait été terriblement ému d’être là, et d’entendre tout ça. Parfois, il pleurait ; il suffisait qu’on évoque son père. Il aurait été ému, qu’ainsi j’évoque le mien.

Parfois je regarde des photos de papa. J’essaye de comprendre qui il était, c’est-à-dire, maintenant qu’il n’est plus là, ce que ça fait, d’avoir un père, ce que ça signifiait sa présence à lui et ma présence à moi. On y pense pas, avant ça, il est là, quoi, il vous parle, vous emmène en voiture à la gare, vous parle de l’association, vous demande un peu si ça va le boulot, dit “T’as vu quoi de beau ?” quand vous êtes allé à Paris ou ailleurs et alors vous ne savez pas trop quoi répondre, alors vous êtes là aussi, autant que vous pouvez, vous l’appelez pour son anniversaire, vous lui envoyez une carte postale du pays basque en signe d’amour filial, vous avez peur que ce soit la dernière même si vous avez envie de le prendre par le bras et de lui dire “Viens, on y va” et puis vous pleurez en écrivant un vendredi soir de mars. Il était là, sans que j’ai totalement conscience de ce que ça voulait dire en moi, comme si il avait manqué, un matin sur France Culture, une chronique philosophique expliquant l’évidence d’être un fils, juste ça, pour faire tilt.

Samedi 5 mars 2022

– Allô ?
– Ah allô, justement j’étais en train d’imprimer mes tickets pour le théâtre.
– ………. Oh merde le théâtre !

L’esprit envahi par la préparation de l’exposition, j’avais donc totalement oublié que je devais aller au théâtre – ou à la danse -, et me voilà me dépêchant… pour finalement arriver avec 15 minutes d’avance à la Manufacture où l’horaire (19h30) s’avéra non pas celui du début du spectacle OVTR de Gaëlle Bourges, mais l’heure à laquelle ils se décidèrent à faire entrer les spectateurs dans la salle, et ainsi me voici donc au beau milieu du premier rang, place idéale pour deux heures au début desquelles je craignais m’assoupir, mais non, me voilà happé, happé par tout ça, ce que ça dit, et comment ça le dit, avec ici ou là quelques pirouettes pour – c’est l’impression que cela me donne – que ça n’ait pas l’air trop prétentieux. J’aime – c’est la deuxième fois que je vois l’un de ses spectacles – comment Gaëlle Bourges dit les choses. Comment elle les glissent. Ce qu’elle fait des corps aussi. La première fois, c’était un peu long. Pas cette fois ?, me demandera-t-on.

Jeudi 3 mars 2022

Te dire qu’il faut faire des choix.

Te lire : tu en as fait un.

Mardi 1er mars 2022

A moi que la poésie n’émeut pas, écris-tu, voici Beams, le poème qui clôt les Romances sans Paroles. Que c’est beau, réponds-je.

Elle voulut aller sur les bords de la mer,
Et comme un vent bénin soufflait une embellie,
Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie,
Et nous voilà marchant par le chemin amer.

Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse,
Et dans ses cheveux blonds c’étaient des rayons d’or,
Si bien que nous suivions son pas plus calme encor
Que le déroulement des vagues, ô délice !

Des oiseaux blancs volaient alentour mollement
Et des voiles au loin s’inclinaient toutes blanches.
Parfois de grands varechs filaient en longues branches,
Nos pieds glissaient d’un pur et large mouvement.

Elle se retourna, doucement inquiète
De ne nous croire pas pleinement rassurés,
Mais nous voyant joyeux d’être ses préférés,
Elle reprit sa route et portait haut la tête.

::: Paul Verlaine

Lundi 28 février 2022

Je grimace, m’inquiète. L’exposition est dans une semaine, et j’affronte quelques déconvenues. Seul.

Dimanche 27 février 2022

Alors je me demande qui tu pourrais bien être, c’est-à-dire qui nous pourrions devenir. Je ne t’attendais pas là, pas maintenant. Ne seras-tu qu’une impermanence le temps d’un dimanche dont on avait partagé le soleil ?

Samedi 26 février 2022

Je passe la porte de ton appartement mais m’arrête. L’odeur de tabac est forte. Je grimace et puis oublie ; il y a cette légère euphorie d’être avec vous tous ce soir et d’arriver là avec vous. Demain je t’en parlerai, puisque tes draps me le rappelleront.

Vendredi 25 février 2022

Nous sommes le dernier vendredi du mois et je regarde les trois mois passés depuis la mort de mon père. Il y a toujours cette impression en moi, que je ne sais ni nommer, ni décrire, qui apparait lorsque que je pense à “ça”. Et puis je regarde le carnet noir dans lequel je n’écris plus. Je regarde ce journal dans lequel il n’y a plus d’image. Je regarde les photographies prises lors du dernier cours, il y a trois semaines, mais j’en suis las.

Comme tout vendredi, je regarde la semaine passée, je vois combien je me donne dans le travail, peut-être plus que jamais en raison de la présence d’A, en stage pour six mois et que je dois être là pour lui, c’est-à-dire en alerte, attentif, attentionné, alors qu’évidemment parfois mon esprit s’emballe, s’embrouille, hésite. Nous nous ressemblons, je crois, sans nous ressembler.

Jeudi 24 février 2022

Je suis mal assis, et c’est notre dernier soir, oui probablement notre dernier soir. Le 4 mars tu partiras, et d’ici là nous serons l’un et l’autre pressés par ce qui nous entoure. Bien sûr nous nous reverrons, subrepticement peut-être, si ce n’est pas avant ton départ ce sera un jeudi d’avril ou un dimanche d’été. Et puis quelques gouttes du ramen éclaboussent sur mon pull-over et mon nouveau pantalon au bleu printanier ; je m’en fiche.

Mercredi 23 février 2022

Quant aux estampes – époque Tokugawa, quelques bons maîtres -, plutôt que d’érotisme au sens où nous l’entendons, c’est d’un mélange de grotesque et d’histoire naturelle qu’il s’agit. Sans esthétisme aucun, ni retenue. Le jeu d’organes énormes très crûment figurés, l’air stupide, affairé, béat des partenaires. Aucune frivolité, aucun parfum de fruit défendu : la rencontre d’une betterave et d’un chou frisé, et voilà ! Tout ça n’est pas pour moi.
::: Nicolas Bouvier ; Le vide et le plein

Alors je ris, et ris encore. Le relis, et ris encore.

Mardi 22 février 2022

Il y a les silences de l’un et les silences de l’autre. Tous deux sont très ou trop occupés, disent-il, mais leur mots se déploient différemment quand je fais signe, m’inquiète ou réclame. L’un écrit “désolé”, s’émeut presque, appose un adjectif attentionné. L’autre a trop de choses à faire, c’est tout et je ne sais pas quoi penser de la distance qu’il impose ainsi. Et puis il y a toi, sans silences, dans ta présence nouvelle et bienvenue dans ce tumulte de ma vie actuel : un travail duquel je ne sais pas comment m’extirper si ce n’est à forte dose d’optimisme, de patience, de respiration, et ce projet d’exposition dans ma tête quand il n’est pas devant mes yeux. Ainsi, près de ton chat silencieux, face à une télévision évidemment inédite, je trouve un repos nécessaire et même plus.

Et sinon la phrase du jour entendue dans le bus et prononcée par une petit dame réservée : “J’vais aller dans l’autre trou si ça n’vous dérange pas.

Lundi 21 février 2022

Tu m’écris. Où es-tu ? À quelques dizaines de mètres de moi sans doute. Tu me dis que tu partiras, c’est fixé, le 4 mars. Nous nous étions déjà, en quelque sorte, d’une autre manière, dit au-revoir, sans le dire. Nous ne nous étions pas vraiment lassés, nous étions juste allés au bout de ce que nous pouvions nous offrir, sur ces quelques passerelles un peu fragiles, ou redondantes, qui nous reliaient. Mais nous aimions, je crois, ce petit goût de secret.

Dimanche 20 février 2022

Alors nous n’irons pas au cinéma ; nous parlerons de toi, de moi. Je crois que notre amitié prend une forme réciproquement indispensable puisque nous sommes là, à cet endroit de nos vies, la tienne plus cabossée et douloureuse que la mienne, dans cette ville. C’est peut-être un peu présomptueux d’écrire cela ici, je ne sais pas, un peu naïf. Mais tu es ce qui me raccroche à cet autrefois qui manque. Ou plutôt, sans nostalgie, tu es ce qui remplit ce qui me manque.

Jeudi 17 février 2022

C’est comme si les jours s’étaient enfuis. Je n’ai pas la force de les rattraper. Ils restent vides ce soir, reviendront peut-être ; j’aurai repris mon souffle.

Jeudi 3 février 2022

Le film – La Place d’une autre – se termine et il s’agit alors de se demander, puisque c’est le sujet de la discussion proposée ce soir à l’Utopia, comment le cinéma influence la littérature, ce qui n’a rien à voir avec le sujet du film. Durant la discussion, alors que j’ai pris la parole pour citer le nom de Tanguy Viel comme “descendant” potentiel d’Echenoz, me revient alors en mémoire cette conférence, en 2013 dans le cadre d’un séminaire du Bal, conférence dans laquelle, je crois, Tanguy Viel parlait de ces séances de films où les personnages conduisent et où le paysage défile derrière, mais la prochaine je relirai mes fiches avant de prendre la parole. Et ensuite ? Ensuite j’ai parlé de Duras, de cette tension que subit la littérature d’être à la fois un loisir et une matière enseignée à l’école et heu… et c’est tout je crois.

Mercredi 2 février 2022

Je suis un imposteur.
Adolescent, j’étais un garçon éthéré qui ne savait que faire de sa propre vie. Adulte accompli, je ne le sais toujours pas. Je suis un dandy falot. Je m’en suis contenté longtemps. Jusqu’à ce mois de novembre qui vient de s’achever.
Chacun de nous porte au plus profond de soi une part cachée de vie, un petit secret misérable, une lâcheté, une traîtrise qu’il dépense une énergie et une imagination folles à étouffer, une pépite noire qui empoisonne son existence et risque de ruiner une carrière, une honora­bilité et une position sociale durement acquises au moyen de toutes sortes d’artifices.
Jusqu’à présent, je l’ignorais.
::: Richard Collasse ; La Trace

Le film à peine fini, comme à plusieurs reprises je l’avais déjà exprimé, parfois en appuyant sur trois touches du clavier pour garder trace de l’image – alors malheureusement fixe – et en glisser une ci-dessous, me voilà qui dis “Que c’est beau.” C’était Cris et Chuchotements, de Bergman, réalisateur à côté duquel je suis passé depuis 47 ans, par manque d’opportunité plus que par manque de curiosité : on ne peut pas crier au génie maintes fois à mon oreille sans que cela m’interpelle, n’est-ce-pas ?

Cris et chuchotements, Ingmar Bergman
Cris et chuchotements, Ingmar Bergman

Lundi 31 janvier 2022

Alors pour retrouver le cinéma abandonné depuis le 16 janvier, je choisis Juste la fin du monde. Et assez vite ça crie, puis ça gueule, et ça crie, et ça gueule. Au milieu, il fait silence, c’est beau, oui, assez beau. Mais enfin, autour ça gueule beaucoup, beaucoup trop. Et encore. Et encore.

Juste la fin du monde, Xavier Dolan
Juste la fin du monde, Xavier Dolan

Dimanche 30 janvier 2022

– Tu veux une autre crêpe ?
– Bôôôh…

Je dis un bôôôh qui veut dire je ne dis pas non, exactement comme mon père : même onomatopée, même ton de voix. Hier, j’avais évité de dire “T’es là ?” pour interpeler maman, comme il le faisait aussi, depuis sa pièce. Ce “T’es là ?“, je l’avais une fois crié doucement sans réfléchir, c’était en décembre je crois. J’avais alors été saisi par ce mimétisme fantômatique. Cette fois, après ce bôôôh, nous parlons brièvement de lui : tout comme hier, nous disons qu’il est encore là. Parfois, c’est la nuit qu’il est là : ce fut le cas au petit matin, tandis qu’il passait lentement, malade, en trainant des pieds, silhouette grise comme une ombre ; je me battais alors contre une montée des eaux dans la maison avant de me réveiller brusquement.

Plus tôt, nous étions allés “aux carrières” ; il y avait le danger que tout cela s’écroule au-dessus de nos têtes. Il y avait la mâchoire inférieure d’une biche au milieu de la végétation, nous avions ramassé un peu de bois. Et partagé autre chose.

Samedi 29 janvier 2022

– Je me représentais le Japon aseptisé, dit-elle, pas qu’on y sentait la friture.
– On n’est pas chez les Protestants, dit-il, et je sais de quoi je parle. Le Japon est majoritairement un joyeux bordel.
– Pas chez lui, dit-elle, incapable de dire chez mon père.
– Majoritairement, répéta-t-il.
::: Muriel Barbery ; Une rose seule.