Mercredi 19 octobre 2016

Midi trente. Je t’attends. Pointe de Demachiyanagi, lumière belle. Sur les bords de la rivière, le jaune et de rouge ont commencé à s’immiscer dans les arbres. La petite fille joue, des personnes âgées se retrouvent, un couple d’étudiants vient déjeuner et puis elle lit, sa tête à lui sur ses cuisses. Avant moi, sur ce banc, deux dames.
Sur le chemin du retour, d’autres cosmos en pot pour égayer la maison d’un rose plus soutenu. Et puis la pluie, inattendue. Et puis les résultat, tant attendus. 240 ?!

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Mardi 18 octobre 2016

Ils sont venus dans le quartier, alors nous voilà, eux et moi, pédalant jusque « là-haut », Takagamine, et son petit restaurant de soba… fermé. Au temple Genkoan, la faim commence donc à se faire sentir, et, c’est « en bas » que l’on déjeune, délicieuse simplicité, où l’on parle par exemple de l’Afrique et des lever de soleil sur le désert.
Plus tard, nuit déjà tombée, je cherche les bureaux, car on est invités, mais je ne sais pas trop pourquoi, je ne sais pas trop où c’est – la magie des adresses japonaises… mais finalement m’y voilà, jolis meubles, joli projet d’hôtel, jolis sushis… tout est joli, peut-être trop beau, il y a quelque chose d’un peu étrange, tout de même, dans ces moments où l’on admire les dépenses des autres.
Plus tard, enfin – enfin ! – Carol. Et ce regard qui clôt le film.

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Samedi 15 octobre 2016

La lumière est très basse. Deux bougies. On vient de manger un délicieux gâteau (un wagashi… un kinton pour être précis), de boire un macha servi dans des bols incroyables. Auparavant, voyez-vous il y avait eu un long moment de méditation zazen, une première pour moi… surtout avec un bon gros rhume qui fait renifler…
La lumière est très basse. Et l’on nous propose d’écouter l’eau bouillir…

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Vendredi 14 octobre 2016

La soirée d’hier avait déjà germano-nippone, avec discours en langue locale, accent d’origine et mixité culinaire. Et nous revoilà, pour un film cette fois, où l’anglais s’immisce aussi, langue universelle ; un film où l’on retiendra surtout les rapports humains, la rencontre et bien sûr la triste réalité des habitants de la région de Fukushima.

NB. Dylan renverse son champagne et Bob l’éponge.

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Jeudi 13 octobre 2016

Ohara, bord de rivière. Il gare sa camionnette, sort un peu de matériel dont sa tondeuse, qu’il démarre. Et il part balayer. Alors il n’y a plus que ça, le bruit. Le bruit inutile, surtout. Mais ça ne le gêne pas lui. Il fallait bien qu’il l’allume, il va s’en servir. Tôt ou tard.

Ohara, Kyoto
Ohara, Kyoto

Mercredi 12 octobre 2016

C’est dans l’un de ces pseudo cafés français, répondant au nom de « Délifrance », qu’on les retrouve par hasard, après quelques sms n’ayant pas précisément défini le lieu de rendez-vous près de la gare. Ils reviennent de quelques coins du Japon, ici où là, et puis ils repartiront. Mais reviendront. Eux aussi. Parce que… parce que.

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Mardi 11 octobre 2016

Kurama. Après la montée vers le (si beau) temple – et sa crypte, que j’ai failli manquer – et après le petit resto : le bain.
Au bain, il est souvent question de la pudeur, celle des gens pas habitués, ou de l’absence de pudeur qui surprendrait par exemple l’adolescent français que j’ai été… Voici qu’aujourd’hui, un homme non japonais portait un maillot de bain, faisant fi des habitudes et des instructions notées ici ou là. Et puis… un moment plus tard, est arrivé un garçon qui, il y a quelque temps, n’était pas un garçon. L’absence de pénis, les cicatrices sur la poitrine, le garçon les montrait, ou plutôt ne les cachait pas. Pas de serviette, pas de main ici ou là… Il portait sans doute ce corps après un long chemin vers la liberté d’être soi, là où la pudeur (pour lui en tout cas) n’existe peut-être plus, là où existe la question de s’aimer soi-même et d’être soi-même, de ne pas se cacher…
Bref, je ne vais pas aborder cela de manière plus approfondie… mais l’homme en maillot, déjà un peu anodin – en plus de ne pas respecter les règles – était alors à mes yeux complètement hors du monde, en cachant ses attributs qui ne le rendaient pas plus masculin que l’autre garçon. Le parallèle était, pour ne pas dire fascinant, en tout cas très intéressant. Et tandis que nous nous rhabillions, l’homme au maillot enfilait ses chaussures dans le vestiaire… Peut-être, finalement, se croyait-il ailleurs.

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Lundi 10 octobre 2016

Non, je suis désolé, mais on ne voit pas la mer. Parce que l’on ne peut pas voir la mer d’ici.

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Dimanche 9 octobre 2016

Poum. Deux oiseaux tombent face à moi, ils viennent de heurter la baie. Deux, batifolant sûrement. Je me précipite. L’un des deux meurt après quelques derniers mouvements de patte. Le deuxième gigote un peu plus, et si toute mon attention ne sert à rien après un tel choc, le voici qui reprend ses esprits, et s’envolera, finalement, seul.
Là-bas, à l’école du quartier, c’est la vie ; demain c’est la journée du sport, et aujourd’hui les familles se réunissent pour courir, jouer… Je regarde ce « spectacle », cette vie de quartier, cette simplicité, cette joie de vivre, ce monde loin du mien et m’amuse surtout de ces courses à deux, parents et enfants (de maternelle ?)… Un peu plus loin, au café, il y a ce garçon de peut-être 18 ans que la mère materne et que le père ignore. Il est onze heures, ils ont commandé des soba, et le silence est rompu par des slurp. (Parler une prochaine fois du si joli temple à côté de l’école, dont la quiétude était rompue par autre chose que des slurp)

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Samedi 8 octobre 2016

Ils repartent, déjà, et puis la journée passe, en attendant la pluie, qui ne viendra que le soir, après la promenade. La vie au Japon, c’est parfois lutter contre l’humidité, râler contre la moisissure qui s’est glissée ici ou là, s’agacer de l’odeur tenace. La vie ici, c’est aller faire un tour, s’arrêter là, sur ce chemin qui sépare le sanctuaire du parking. De chaque côté du chemin, la même chose à manger, des mochis grillés. Et le même ballet des femmes qui y travaillent, interpellant les passants – dont un grand nombre s’arrête – par les phrases de politesse et une manière que l’on trouve parfois un peu insistante : sous des airs souriants, la concurrence est rude et le regard malin.

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Vendredi 7 octobre 2016

Après avoir visité cette jolie maison, nouvelle maison, tatamis noirs et bois clairs, petits détails et grandes idées, on évoque les constructions, poussant comme des champignons, comme celle qu’il y a en face du petit restaurant qui a été sa cantine cette semaine et où le propriétaire l’a donc saluée comme il se doit en entrant. Lobby, poids des promoteurs immobiliers, faible coût, constructions modulaires, facilité d’entretien… n’explique pas totalement le fait que le laid (notion subjective, certes…) de la standardisation plastique l’emporte. Faudrait-il aller chercher du côté de l’indifférence ?

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Jeudi 6 octobre 2016

Voici que je retrouve, en ce jeudi, l’usage du 50mm récupéré mardi. Il faut aller réserver un restaurant, et mon aisance linguistique, fragile, me pousse à me rendre sur place. Fermé : le petit panneau l’indique, la porte qui ne glisse pas le signale également, il est pourtant 13h30, tant pis. Je remonte, sur mon vélo et vers le nord, zeugme. Au hasard des rues, apercevant une figure étrange au bonnet rouge, c’est la curiosité qui me me fait entrer dans ce temple, devant lequel je suis passé si souvent, mais le parking qui le sépare de la rue a sans doute eu l’effet d’un repoussoir, à croire que parfois, les bizarreries ne m’intriguent pas. Le lieu est étrange, on pourrait décrire le soleil qui frappe les statues et les feuilles de lotus là-bas derrière… mais l’on s’arrêtera sur ces formes humaines, émouvantes, restes de peintures, qui ornent deux murs. Et puis, un peu plus au nord, un autre temple, propre, presque parfait, dont le calme fait oublier le bruit provenant de l’avenue ; il y a bien sûr des fleurs fanées dans le cimetière. Les deux lieux sont réunis, dans mes souvenirs encore frais de fin de journée, dans une quiétude surprenante ; et c’est peut-être d’être encore surpris qui me surprend.

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Mardi 4 octobre 2016

Osaka. Un emploi du temps enfin allégé me permet de revenir dans la cité bouillonnante pour récupérer mon objectif 50mm, joliment réparé. C’est cependant au 35mm que je regarde la ville, du moins une petite portion entre les deux gares d’Osaka et de Shin-Osaka. Entre les deux, le Yodo, fleuve imposant ici son embouchure et sa respiration au milieu de la densité. Entre les deux, une certaine banalité urbaine faite de kombinis et de camions de livraison ; il faudra errer ailleurs pour aimer cette ville. Alors aux alentours de la gare nouvelle, alentours survolés par les ronronnements des avions, je guette les salary-men en chemise blanche, les allures pressées et les contre-jours… histoire d’en aimer les images.

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Vendredi 30 septembre 2016

La présence d’amis permet toujours d’aller ailleurs, là où l’on ne va jamais, ou si peu. Après un passage à la VK, le petit sanctuaire là-haut est une destination inévitable : plongé au milieu de la forêt, il offre, peut-être plus que d’autres lieux, le sentiment profond de la frontière entre la ville, qu’on touchait juste avant, et la forêt… Alors, tiens, l’idée me prend de prendre ce chemin, pas emprunté depuis 5 ans, chemin qui s’avère chaotique et donc pas très adapté à ma tenue plutôt citadine ; peut-être est-ce pour cela que le randonneur me sourit tandis que je m’assure auprès de lui de la direction vers Nanzenji. La suite, c’est autant de lieux, autant de surprises (« oh mais on s’est vus là-bas », etc.), de petits moments à raconter, liste interminable noircie sur le carnet.

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Jeudi 29 septembre 2016

Arcades sur Sanjo. Musique de Un homme et une femme, sans les voix, sans les chabadabada. Je viens de laisser M et P après un déjeuner épatant — retourner dans ce restaurant — et un café charmant — retourner dans ce café —, et viens d’acheter quelques cartes, graphisme délicat et simple. Soudain de dos, le sosie (vêtements et silhouette) de J, dont on avait justement évoqué le nom. Juste après la rivière est boueuse, les pluies sont si fortes depuis quelques jours, mais au bord deux jeunes femmes font des bulles de savon et je regarde la scène en pensant qu’ici il reste des plaisirs simples et légers. Au loin, les montagnes alignées en un dégradé gris-bleu magnifique, et cette couche de nuages.

Au café Bibliotik, un ginger ale, les mots que je chercher à écrire et la musique de Feist qui me fait plaisir malgré l’impression de m’être détaché de ce genre d’écoute. A côté il fume après son déjeuner, tasse à café, grosse montre, éventail sombre. Je crois qu’il pleut à nouveau.

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Lundi 26 septembre 2016

Au matin, la lumière est belle, elle offre au mur de la cuisine des ombres semblant inédites. Et puis j’allume l’ordinateur, Internet, Facebook… et la lumière, à la lecture d’une bien triste nouvelle, s’éteint.

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Vendredi 23 septembre 2016

S’octroyer une pause musicale pour partir aux antipodes, en se disant qu’il faudra y aller puisque l’on y pense depuis longtemps et en se disant qu’il faudra en savoir un peu plus sur ces 2000 réfugiés partis au Chili grâce à Pablo Neruda et dont l’histoire, au hasard d’une interrogation (parce qu’il va bien falloir le nourrir ce livre en cours), s’est affichée sur l’écran… Et découvrir la version d’origine de cette chanson, version tellement plus légère que celle de Mercedes Sosa, tant écoutée pourtant.

Jeudi 22 septembre 2016

Elle veut savoir où on achète les plantes, comment, pourquoi… Je bafouille, mon anglais se prend les pieds dans les racines… que dire ? Les interviewes ont pourtant tendance à m’amuser mais l’alignement des pots sur la terrasse ne me semble être un sujet très passionnant malgré l’intérêt que j’y porte quand il s’agit de les aligner et je n’ose pas vraiment lui dire que la sélection lors de l’achat se fait en général… sur le prix… Que dire alors ? Rien, ou si peu, et je sors, lorsque c’est approprié, une des réponses vaguement préparées (la comparaison avec les pots devant les maisons en particulier, mais je doute que ça lui fasse plus de trois lignes dans son article). Je ne te regarde pas, ou si peu, j’ai peur que, dans mon regard, tu lises mon ennui, et lorsque tu parles mon esprit facilement détourné glisse vers le photographe en me demandant ce qu’il va tirer de cette lumière grisounette…
Au moment de partir, le rédacteur en chef, plutôt assorti à la météo, nous offre le dernier numéro, spécial mode. Au fil des pages, les mannequins font tous la tête ; alors mon esprit facilement moqueur en rit.

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Mardi 20 septembre 2016

Alors, soudain, la pluie s’arrête. Et le vent. Je pars, pour un court instant seulement, d’une part pour prendre l’air, d’autre part parce que les vases sont moribonds, le contenu du frigo imparfait, le tofu tentant, ton retour attendu. Alors il ne faut pas oublier de regarder le ciel, sur lequel on a tant maugréé jusqu’alors, mais dont le gris se dore.

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Lundi 19 septembre 2016

Sur la table basse, les lectures à venir, Faye, Del Amo, signes visibles de ton retour. Sur la table du déjeuner, des fromages, signes gustatifs de ton retour. Dans l’armoire, la valise, quelques vêtements rangés et l’odeur résistante du fromage, signe odorant de ton retour et de l’insuffisante protection d’un sac plastique.

 

Samedi 17 septembre 2016

« Non mais c’est fou, les gens à Paris, ils ont tous des fêtes d’anniversaire. »

La radio – à savoir France Culture – m’accompagne chaque jour en pointillés – de longs pointillés -, depuis deux ou trois semaines, en raison de tâches professionnelles le permettant, et sûrement en raison d’une envie furieuse : écouter les gens parler, apprendre sans y faire attention, oublier ce que j’entends sans m’en faire ombrage. Ainsi aura-t-on vu passer Akerman, Vecchiali, Delphine Seyrig, et même Dalida (ou toi) et tant d’autres voix parlant de choses et d’autres… et ce samedi, Mauriac, voix râpeuse et chroniqueurs précis écoutés d’une oreille tout de même un peu distraite – en raison de tâches professionnelles.

Au fait on dit comme « charrette » en japonais ?

 

Vendredi 16 septembre 2016

C. est arrivée un peu plus en retard que moi au lieu de rendez-vous : ayant pédalé très vite, j’avais limité les dégâts, et m’étais donc mis à l’ombre, surveillant le point prévu en sueur. Nous avons déjeuné, sur cette portion un peu ingrate de Marutamachi, dans un petit restaurant charmant et vide – l’horaire était tardif – en parlant de de choses et d’autres, puis, courtoisement poussés dehors par la patronne – l’horaire était tardif – nous sommes allés dans un café, un de ces savoureux cafés années 70 (étagère derrière le bar tout en angles ronds, lampes rigoureuses orange et noires).
Ce n’est qu’au moment de partir qu’elle me dit « oh il faut tout de même que je te raconte pourquoi je suis arrivée en retard« . Elle n’a pas le temps de donner beaucoup de détails que je la coupe : D ! C’était D ? C’était D. Mais, on n’arrive pas en retard dans ces cas-là : on revient d’un autre espace-temps.

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Mardi 13 septembre 2016

Sortir les poubelles à 8h19 n’a rien d’agréable, ni de réellement désagréable. Ce serait même plutôt une activité neutre ; mais ici, cela permet de jeter un œil à gauche, vers les montagnes juste là, et à droite, où ce matin le mont Hiei dépasse des nuages. Mais bien sûr, entre lui et moi, il y a les toits, les fils électriques, les antennes et la difficulté d’en faire une image discrète qu’on montrerait ici.
Un peu plus tard, en passant devant le café au rideau baissé, ce café dont le nom oublié le restera à jamais, je repense aux quelques cartons posés devant, un dimanche, signe d’une fermeture définitive dont on imagina alors la raison, et je pense surtout à la dame, courbée derrière son bar, qui nous avait offert du chocolat un 14 février et que j’avais photographiée, photo volée, la dernière fois, ému de voir sa faible personne tirer de cette activité le moyen d’exister encore bel et bien. Il y avait alors, entre elle et moi, les nuages épais d’une impossible communication. Et il y avait là, suspendue, cette idée que j’avais avant de m’installer au Japon, de photographier les vieilles dames qui tiennent des cafés, signes tangibles d’une économie microscopique et d’un moyen de souder ce maillage relationnel fragile. Il y avait ce jour-là, surtout, une immense émotion, qu’aucune image discrète se saurait exprimer.

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Lundi 12 septembre 2016

Le réveil a retenti, mais la paresse et le sommeil l’ont emporté. Jusqu’à ce que le téléphone sonne. Hein ? Déjà ?

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Dimanche 11 septembre 2016

On pourrait ajouter ci-dessous la gamme colorée et appétissante d’un restaurant d’Ohara, où nous célébrions cette date, la tienne, un peu en retard (15 minutes à peine, un peu optimiste que j’étais sur le temps pour rejoindre le village depuis la maison du samourai où j’avais donc oui pour un thé, l’amitié passant alors, dans mon esprit devant les règles locales de savoir-vivre).

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Vendredi 9 septembre 2016

Et c’est à 15h40 que la musique, venant probablement du lycée de Takagamine, se fait entendre. Un instrumental de « The Locomotion » aux basses (poum poum poum) imposantes, air qui trotte (ou se locomotionne ?) ensuite un moment dans la tête, surgissant par exemple dans les transports en commun ou assis sur cette moquette marron qu’il faudrait vraiment changer.

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Jeudi 8 septembre 2016

Tu es loin, cette distance vaguement habituelle entre Kyoto et la capitale. Les nuages et la pluie, aussi, se sont éloignés, me permettant d’enfourcher mon vélo pour aller à Kawaramachi – Marutamachi, dans ce petit magasin de chemises, où je suis sûr de te faire plaisir utilement, même si les doutes s’immiscent toujours lorsqu’il s’agit de choisir, surtout lorsque le col est à boutons.

160908-dsc_0697-2 Kyoto, parc impérial

Lundi 5 septembre 2016

Un homme tousse. Je regarde vers la rue. Homme âgé, petit, rond, casquette noire de base-ball sur la tête, chemise blanche, pantalon crème. Il tient son parapluie comme un club de golf, à l’envers, et fait de grands gestes, comme parfois le font les hommes d’un certain âge, mais plutôt secs, devant leur maison, pour s’entraîner dans leurs swings. Il avance, recommence, et puis tourne la tête. Et me voit. Me voit qui le regarde. Ciel couvert, 17h15, la petit lampe est donc allumée à côté de moi, permettant aux passants de voir l’intérieur de la pièce, et donc moi, clairement. Mais je ne sais pas s’il voit mon sourire.

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Dimanche 4 septembre 2016

– T’as jamais fait des mots croisés toi…
– Non, je déteste.

Parce qu’O a pensé à nous, en nous envoyant ce lien, rappelant qu’Internet regorge de trésors, nous voilà écoutant ce que Faulkner pense du Japon, là, dehors, sous les douces – quoi que sonores – stridulations des grillons qui, petit à petit ont remplacé les cymbalisations des cigales… Grillons qui entrent allègrement dans la maison sous nos regards attentionnés, parfois suivi de gros cafards subissant de notre part une légère discrimination au faciès, virés à coup de balais afin de tester leur résistance et notre agilité.

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Samedi 3 septembre 2016

Il est là-bas ; elle, initiale A, voudrait une photo avec lui, on en rit, « yes i am a fan », elle me demande si je… Lui, c’est la star, vue sur scène parmi 6 autres corps, corps sans tête, corps autres, corps déformés, corps-membres, glissant dans un magnifique environnement noir et blanc, entre ténèbres et lumières, un environnement où l’on décrirait les matières, comment elles partent, viennent et vous surprennent. Mais elle, comme moi, on n’aime pas ça, demander, demander une photo, demander un instant(ané). Et puis il parle avec K, qui l’embrasse de toute sa latinité extravertie et joviale, alors on s’approche, je me présente, il dit ah ok, et il sert la main à A ; geste tellement non japonais entre deux Japonais. Elle repartira donc avec ce souvenir d’un contact et d’une parole brève, son prénom, à peine plus, un rire évidemment.

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Vendredi 2 septembre 2016

Il y a alors la photogénie d’une vieille dame aux vêtements couleurs pastels penchée dans le camaïeu brun de la jachère sèche d’en face. Entre elle et moi, toujours cette grille, quelques branches, et la furtivité de la scène.

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Jeudi 1er septembre 2016

Café Hashimoto. 4 clients. La grande table centrale est vide, il faut venir plus tôt pour écouter les hommes parler entre eux en lisant le journal. À côté de moi, deux femmes discutent. La soixantaine, vêtements noirs, mais l’une a des chaussettes en guipure blanche sous ses chaussures en vinyl et l’autre enfilera avant de partir un petit gilet sans manches, léger, blanc aussi. Elles boivent un thé, noir aussi, et la tranche de citron malmenée est posée sur la soucoupe de la tasse anglaise. Ce que je capte de leur conversation, au milieu de l’apprentissage de quelques kanjis, permet de réviser ses formules météorologiques (« il a l’air de faire chaud, dehors ») et capillaires lors d’une tirade où le non-verbal et les interjections de l’interlocutrice laissent à penser que la locutrice n’est pas très contente de son dernier passage chez le coiffeur – qui a tout de même dû lui prendre plusieurs milliers de yens et deux bonnes heures de son temps.
Quelques minutes plus tard, les femmes qui les remplacent sont d’une autre classe sociale, vêtements non coordonnés, coiffure désordonnée, teinture oubliée. Sans s’en plaindre.

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Mercredi 31 août 2016

– Tu as vu les films Alien ?
– Heu… j’crois pas… c’est celui qui dit « Maison maison » ?

Mais c’est Godzilla que nous étions allés voir, 『シン・ゴジラ』oui oui oui, ben non sans sous-titres, et sans rien comprendre, si ce n’est que pendant les réunions de crise au Japon ça beaucoup et très vite. Et les courgettes étaient énormes, mais ça n’a rien à voir.

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Mardi 30 août 2016

Elle est en train de déposer deux sacs poubelles jaunes – c’est mardi. J’apporte le mien. Un bonjour, un excusez-moi, et elle passe au temps qu’il fait – beau – et à mon niveau de japonais – bon, d’après elle. La conversation qui suit est relativement courte – le peu de temps que je passe par jour à faire du japonais, mon travail, le tien – mais est une petite révolution, puisque après deux ans et deux mois de voisinage, cela ne s’était jamais produit, en raison des relations de voisinage au Japon, de notre niveau linguistique et du fait que l’on n’avait jamais déposé nos poubelles en même temps. La voir de si près me permet de définir un peu plus précisément sa tranche d’âge – 65 ans ? – et de confirmer qu’elle est plus souriante que son mari, même si elle hoche régulièrement la tête à travers la vitre de sa Mercedes lorsqu’elle la gare en marche arrière, glissant la berline dans le petit espace comme le font si bien les Japonais devant leur maison.

Et à propos de locomotion, un petit moment dans le bus :

 

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Lundi 29 août 2016

9h15. Elle court. Le bruit de ses talons apparaît avant sa silhouette à travers les vitres et cette grille légère qui nous sépare de la rie. Puis elle change de rythme. Moi aussi, reprenant celui des jours de travail.

Samedi 27 août 2016

– On a cuisiné quoi, la dernière fois qu’ils sont venus ?
– Heu… la même chose je crois. Mais ils ont beaucoup aimé.

Jeudi 25 août 2016

21h03. Le train entre en gare de Kyoto. Un train de sénateur, comme dirait La Fontaine, après le départ de Yonago à 11h37 et 6 changements.

Il faudrait raconter les 8 jours précédents, Hamasaka, Matsue, Izumo, Hagi, Yonago, décrits dans un carnet bariolé, le tout entrecoupé des paysages aperçus, doucement, au petit rythme des petits trains locaux.

Mercredi 17 août 2016

Les jours passés sont muets, accumulés, comme les images. Les jours à venir seront muets, bercés par le tatam-tatoum (ou le dosdeskaden) des petits trains locaux dont les lignes frôlent la mer. また らいしゅう!