Lundi 13 juin 2016

Alors le fait divers – un de plus – aperçu hier avant de se coucher devient autre chose, une attaque sanglante contre une minorité qui aimerait bien y croire, à l’universalisme. Ici je cherche les mots, ils sont nombreux, ils se bousculent, et les voici remplacés par un peu de beauté, celle de Guimard et du hasard d’un arc-en-ciel.

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Samedi 11 juin 2016

La voiture jaune s’arrête. Un couple en descend. C’est monsieur qui conduit, habillé de couleurs rosâtres. Elle, loin des demi-teintes de monsieur, porte une robe Mondrian, carrés blancs lumineux sous le soleil de juin, carré jaune parfaitement assorti à la voiture qui évoque elle aussi les années 60 — une Simca 1000 ?
Ils jettent un œil, font un aller-retour bref et discret, et l’arrière-plan donne un air champêtre parfait à cette scène légère et surprenante.

Puis des couleurs plus ternes, c’est à dire plus « terre », avec même des gris qu’on n’imaginait pas.

Emilie Pedron - Galerie @kcua - Kyoto 160611-DSC_8001

Vendredi 10 juin 2016

N’ai pas écrit les jours précédent. Besoin de temps ? Besoin de se rappeler qu’il faut écrire ? qu’il faut s’extirper des autres vagues, du travail par exemple, de l’apprentissage du japonais bien sûr ? Hier il n’a pas plu ; aujourd’hui, les yeux sont secs dans la maison-lumière que viennent voir de temps en temps quelques curieux. Cette fois il est Américain, origine locale peut-être mais je ne pose pas la question, étudiant, sans âge, presque sans genre, pas sans gêne et donc je suis bref puisque qu’il n’insiste pas : il faut filer chez R, puis dîner divinement bien avec K et N, et finir là où l’on vient aussi en curieux, mais où… comment dire… c’est la lumière qui sent cette odeur ?

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Samedi 4 juin 2016

Le paysage a disparu. Là-haut, là-haut où un employé ne voulait pas nous laisser monter en raison de la faiblesse apparente de notre destrier motorisé alors qu’on avait déjà gravi la route, là-haut ils ont supprimé les scories d’une société de loisirs qui rêvait de neige. En cherchant la définition de scorie, parce que je confonds alors un autre mot oublié, et en trouvant parmi des versions plus volcaniques la « Connaissance résiduelle d’un paradigme de pensée tombé en désuétude« , je trouve que c’est parfait, et je le laisse. Ils ont supprimé ce qu’il restait d’une station de sport d’hiver, pourtant les enfants pourraient glisser sur l’herbe. Souvenez-vous de l’endroit découvert le 19 octobre 2014, fantômes et pendule arrêtée,  le tout photographié trop brièvement  en ajoutant cette phrase si courte qu’on n’en tient pas assez compte : « Il faudra revenir. »

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Mercredi 1er juin 2016

Le problème des déchets radioactifs est lui aussi insoluble. Des quantités monstrueuses de terre raclée, d’arbres coupés, sans compter les débris du tsunami contaminés, sont entreposés dans la zone interdite, et en dehors, à perte de vue, dans des milliers de sacs poubelles en vinyle noir, sont certains se dégradent déjà. En septembre 2015, les pluies torrentielles du typhon Etau ont disséminé des centaines dans les rivières.

Corinne Atlan – Japon, l’Empire de l’harmonie

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Mardi 31 mai 2016

 

C’est à la sortie d’un tunnel qu’elle nous attendent, là, à l’horizon, chaîne enneigée. Oh bien sûr on n’y grimpe pas, pas plus qu’on ne peut aller en haut des pistes, car à Hakuba c’est la saison des voyages scolaires, vous comprenez – et l’on n’a pas vraiment l’air d’un groupe scolaire. Alors on pique-nique en regardant les vaches, et c’est très bien ainsi.

C’est en regardant par la fenêtre du train qui nous éloigne de Nagano que je te dis qu’il faudrait cartographier les paysages aperçus. Toutes ces étendues non foulées, vues par les fenêtres de train et de voiture, par les hublots, par-dessus les falaises, en haut des cols, au fond des vallées, tous ces « oh tu as vu là-bas ? ». Il faudrait. Et puis il faudrait revenir ici, aussi. Comme partout.
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Lundi 30 mai 2016

42 ans, un de plus. L’an dernier tu m’avais offert la mer. Cette année, c’est la montagne, vers laquelle Nagano n’était qu’une étape. La montagne, la route qui se glisse dans les vallées, les petits villages, des fleurs, tant de fleurs, la glace au soba, la forêt et les sanctuaires, des marches et encore des marches, les chants d’oiseaux et les arbres de 800 ans que les grands-mères enlacent, les arbres, encore, toujours, immenses, et ce chemin qui nous guide tout là-haut. Merci.

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Dimanche 29 mai 2016

Tu m’as dit, hier, où nous partirions. Nagano. Un nouvel ailleurs, un ailleurs inconnu. Dans le train, via Nagoya, ville pour laquelle notre indifférence est inégalable, je passe des kanjis aux paysages. Et Nagano, enfin. Du taxi, voir la ville, d’abord sans charme, et puis le quartier de l’hôtel, tout près du temple, si près du temple, un quartier si différent de Kyoto : les arbres bordant la rue principale, les maisons aux façades blanches… Et puisque il est question d’architecture, on passe ensuite d’une époque à l’autre, années 60/70/80 via le musée préfectoral (où une expo Ghibli en parle, justement, d’architecture, enfin quand je dis « en parle » je me comprends… et où l’extension a été faite par Taniguchi) ou cet étrange bâtiment municipal, ou années 30 au bar Fujiya qui passe évidemment du jazz. Et puis à Nagano, les restaurants ferment à 19h, les hommes en costume posent devant les souvenirs olympiques et il y a des animaux bizarres, genre marcassins pelés, qui trainent le soir dans les rues.

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Samedi 28 mai 2016

Alors il nous raconte comment son père tentait d’entretenir des relations avec lui et ses frères, via des pratiques sportives, lorsqu’ils étaient enfants : bosses, dents cassées et méthode frisant la noyade en piscine… et nos fous rires.

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Jeudi 26 mai 2016

Sur le carnet, j’ai noté « Azalées ». Comme s’il était possible de les oublier ? Non, du moins pas tout de suite. Mais surtout parce que je me disais que je pourrais en dire quelque chose, parler des taches roses qui ont envahi la ville, les soubassement ouest de la house, les devantures de banques, ici, là, ce rose éclatant qui, je crois, ne te plait pas énormément. Pourtant, déjà, le 21 avril, une photographie. Et déjà le 4 mai 2015, quelques mots. On pourrait poursuivre, décrire la longévité de la fleur en vase, raconter la fragilité car la voici soudain sur la céramique du lavabo, expliquer comment les pétales parfois se détachent et laissent un pistil, seul, tendu vers le miroir.

Azalées, c’est pas mal pour le Scrabble, tiens.

Mercredi 25 mai 2016

Alors, on pousse la porte de ce restaurant qui n’indique rien d’autre de compréhensible à l’extérieur que sa formule du midi. Et l’on s’émerveille pour « notre » formule du soir.

Mardi 24 mai 2016

Alors elle s’étonne, s’assied, et nous apprend comment on dit « C’est confortable. »

Comment dit-on, au fait ?

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Lundi 23 mai 2016

Soudain, parmi cette belle journée, joliment accompagné, soudain parce que le calme, la beauté du temple et les beautés qui précédaient, soudain l’émotion.
(En attendant une vidéo qui, de toute façon, n’illustrera pas correctement l’émotion en question, je vous mets un dessin…)

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Samedi 21 mai 2016

Être sonné. Familier. Être fortement ébranlé sous l’effet d’un choc, d’une émotion.
Exemple : Le public a été complètement sonné par le solo de percussions.

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Vendredi 20 mai 2016

Puisque le festival se termine, je pédale d’une exposition à l’autre pour passer de jolies surprises à d’inévitables sentiments d’indifférence, en passant éventuellement par quelques agacements… Avec moi, au milieu du parcours, marchant plutôt que pédalant, ce jeune garçon qui se disait lui-même bizarre dans nos échanges via le réseau social bleu foncé. Il se révèle peut-être bizarre, mais assez touchant, dévoilant un stress maladif (pardon pour l’approximation scientifique) dans une allusion médicamenteuse et un certain flot de paroles…

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Mercredi 18 mai 2016

Alors, puisque l’été approche, puisque la chaleur s’immisce, acheter (enfin) l’indispensable éventail, joli motif, que l’on glissera dans son sac. Et puisque le short utilisé depuis presque 12 ans est en état de mort élastique, acheter (enfin) son remplaçant.

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Dimanche 15 mai 2016

Nos chemins s’étaient croisés professionnellement et artistiquement, et le voici à Kyoto, jeune retraité dont l’horizon est dégagé. Il nous attend devant le musée, accompagné, occasion de découvrir l’exposition sur le zen ou de revoir le sanjusangendo, puis d’aller déjeuner, là-bas, après que le chauffeur de taxi (au féminin et moins de 60 ans, double rareté) avait fait part de son soulagement que je parlasse un peu japonais, après aussi qu’elle avait roté, et donc oui, déjeuné là-bas, histoire de d’être encore étonné — cessera-t-on un jour de l’être ? — par la nourriture locale, qui transforme les aubergines en merveilles.

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Plus tard. Il n’a pas d’âge. Pas d’âge clairement défini : tout corps plongé dans l’eau subit une poussée vers le haut dont le volume n’indique rien sur l’individu. Il entame la conversation en japonais en me demandant si je voyage. Bien sûr, étant donnée ma réponse, il me demande si je suis ici pour le travail. Je dis que oui, que je suis photographe : vous voyez, je mens (un peu), pour changer (un peu) de la réponse (si souvent) fournie, la vraie, lorsque je dis parle de mon パートナー (prononcer « pātonā »). Alors il rebondit sur la photo : quel genre ?  avec quoi ? lui aussi il en fait mais avec son smartphone… Il me demande alors pourquoi Nikon. Comme je bute contre les mots, il poursuit en anglais, lentement mais précisément, et déchausse ses lunettes parfois, comme si la myopie l’aidait à communiquer. Il pense que les Allemands préfèrent Leica et les Américains Pentax. Il est étudiant en sciences politiques, en relation internationale je crois, je ne suis pas certain d’avoir compris ; comme quoi son anglais n’est pas si précis, ou sûrement est-ce le mien.

Samedi 14 mai 2016

Depuis dimanche, j’ai un nouveau téléphone. De marque Huawei, il est mon nouveau lien avec le Japon, après deux ans de téléphone à « pre-paid card ». Depuis dimanche je me sens un peu plus Japonais, du moins un peu plus local : je peux envoyer des sms à mes amis, vous voyez, ça change la vie. Et je peux téléphoner, mais toutes les 10 minutes il faut arrêter la conversation, sinon c’est plus cher (non je ne sais pas pourquoi). Bref, depuis dimanche, j’ai un nouveau téléphone. Et donc un nouveau moyen de faire des photos…

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Et là, après ces histoires ultra-matérialistes, j’aurais dû en profiter pour citer Edgar Morin lorsqu’il dit qu’il faut retrouver le poétique de la vie car on est envahi de prose.

Jeudi 12 mai 2016

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Et puis des photos, enfin je veux dire d’autres, pas celles-ci. Celle d’un photographe chinois, qui donnent envie de faire des portraits, des gens quoi, des gens, du vivant, de l’humain, des gens qui pleurent, des gens qui chantent, des gens qui rient, qui dorment, qui mangent ! Et Les photos d’Alix, qui donnent envie de faire du cinéma, de laisser parler les gens, de les écouter dire ce qu’ils ont à dire. Et rire.

Mercredi 11 mai 2016

Il me suit de peu dans le vestiaire ; lui aussi a fini sa séance. Peut-être a-t-il plus forcé que moi. Sur son tee-shirt : « De tout cœu avec vous« . Le R a disparu, une faute de français comme il y en a tant d’autres ici, sur les boulangeries ou les accessoires de mode ; francophilie maladroite. Le R disparu, et l’on aurait l’esprit mal placé à lire autre chose.

Il porte un prénom peu ordinaire. Calder. C’aurait pu être Soulages ou Matisse, mais son prénom est un objet plutôt flottant, un mouvement. Les mots, eux, ne sont pas flottants, plus droits que mobiles, d’une grande clarté, sensibles et intelligents malgré le jeune âge. Canadien, son anglais de naissance m’oblige à quelques efforts pour suivre la fluidité, les voyelles chevauchant les consonnes. Nous l’avons rencontré dimanche, et depuis dimanche j’ai repris un rythme sans mots. Un rythme flottant.

 

Vendredi 6 mai 2016

Alors cherchant au fond de son sac, il s’écria : « Oh, ma crème dessert. »

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Jeudi 5 mai 2016

Les petites filles ont l’air de s’ennuyer. Peut-être sont-elles plutôt concentrées, ou un peu inquiètes, ne sachant comment se comporter. Les jeunes hommes ont l’air de s’ennuyer. Que faire en attendant ? L’un bataille avec ses vêtements d’un autre temps. Un autre me regarde, parce que je le regarde, parce que son attitude est photogénique, regardez-le, agrippé à son drapeau, l’air ailleurs, l’air de cacher l’impatience sous l’impassibilité. Il est midi passé, et le moment étrange, le moment de fête qui nous apparaissait jovial, ce matin, près de la maison, est loin. Loin aussi car mon regard est autre, armé de mon appareil photo : je cherche un visage, une pose, des couleurs, je cherche ce qu’il faut attraper. Peut-être m’ennuie-je, finalement, moi aussi.

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Mercredi 4 mai 2016

IMG_20160504_120533L’exposition est un exercice de japonais qui permet, parfois, de faire revenir à la surface de la mémoire des expressions oubliées, comme « par hasard », que l’on exprimera selon l’humeur, par « gûzen ni » ou « tama tama ». Mais ce n’est pas tama tama que H débarqua, puisque il l’avait promis.

 

Mardi 3 mai 2016

T’as voulu voir Morimura et on a vu Morimura.
J’ai voulu voir Ikko Tanaka et j’ai vu Ikko Tanaka (et qu’est-ce que j’aime Ikko Tanaka).

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Lundi 2 mai 2016

« Qu’est-ce-que c’est dur de parler avec un enfant. »

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Samedi 30 avril 2016

Les jours passent. Les visiteurs aussi. Dix-neuf, ce samedi : une femme qui ne dit rien, bouche masquée ; K,M&T, déjà là, dans l’une des images ; un homme âgé qui postillonne en me saluant ; deux Américaines dont l’une me sauve en traduisant l’incompréhensible question d’un homme qui entre et demande si c’est gratuit ; un homme qui me fait remarquer qu’il y a un sentiment de solitude et quelque chose de très japonais dans tout cela ; F, pétillante et un peu perdue pour venir ; …
Ils sont l’une des raisons d’être de ces moments d’exposition où l’on peu parler de tout cela, du pourquoi, des choix, des regards… mais ils sont cette fois-ci, pour un trop grand nombre, la frustration de ne pas pouvoir échanger dans leur langue.

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Samedi 23 avril 2016

La joie et le soulagement d’hier, qui avaient effacés le stress et l’agacement, sont remplacés par des doutes, mais tu me rassureras sur ce que je vois et qui m’obsède, sur ça, là, de traviole. De toute façon, c’est ainsi, c’est ouvert, entrez, dozo haitte kudasai, willkommen, bienvenue, welcooooome.

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Vendredi 22 avril 2016

… ou comment sortir exaspéré d’une expo, avec le sentiment désagréable que le spectateur est oublié et parce que des photographies sur le thème de l’exil mérite un autre traitement.
… ou comment te voir sortir heureux d’une autre.

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Jeudi 21 avril 2016

Sur les murs, des aires de jeux, celles d’ici, mais pas mes images, ne confondez pas. Je regarde le travail avec attention, interrogation, comparaison et la persuasion que la difficulté photographique du sujet, à cause de la confusion qui règnent dans ces espaces, est un fichu défi, auquel je m’accroche et dont j’ai déjà, peut-être, à l’esprit, l’issue. Peut-être. Peut-être parce que j’ai déjà, visiblement, contourné la difficulté. Peut-être.
Mais ne pas préciser que, pour leur anniversaire, ici, il pleut.

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Mardi 19 avril 2016

Pourquoi serait-il impossible de se couper le doigt en tranchant des rondelles de banane avec des ciseaux ?

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Dimanche 17 avril 2016

Revenir. 戻る.
Nous sommes accueillis à la sortie de l’avion par une moiteur d’été, des douaniers qui n’insistent pas et un chauffeur de taxi luttant contre le vent puis à la maison par les signes colorés des amies passées par là et par une végétation luxuriante, le printemps ayant verdi la terrasse et la ville et donné de nouvelles couleurs au champ d’en face et aux bordures.
Nous sommes poursuivis par la fatigue jusqu’au moment joyeux où l’on découvre la maison de C., sursaut de réveil pour apprendre qu’ici un zèbre est un rayure-cheval.
Dormir. 眠る.

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Vendredi 15 avril 2016

Pralus. L’une des vendeuses parle de Tahiti avec un type immense, la chevelure bouclée et blonde – vous avez dit surfeur ? Soudain, trois ou quatre mots en japonais, et, heureux d’entendre cette langue, je pousse une sorte de petite rire un peu bête, en tout cas surprenant, pour eux comme pour moi. Ils se tournent très brièvement vers moi puis poursuivent, tandis que l’autre vendeuse emballe ma brioche – c’est-à-dire celle que j’ai achetée – en glissant le mot aka (rouge) dans leur conversation sur la problématique du bronzage en milieu faiblement iodé (ou fortement, je ne sais plus, bref…). Alors j’interroge, et elle me répond que oui, mais qu’elle n’est pas retournée là-bas depuis trois ans.
C’est donc comme si le Japon, la veille d’y revenir, me tendait la main (malgré le cliché parisien du croque-monsieur dans une brasserie), puisque les deux expositions du jour m’ont entraîné vers ses deux maîtres incontestés, Araki et Moriyama. Force ou tristesse, couleur ou noir-et-blanc, je regarde tout cela avec émotion et intérêt, cherchant chez eux et dans leur photographie quotidienne voire boulimique, des réponses à mes propres questions.

(Et puis le regard de cette statue du musée Guimet, JG, la Seine, SO, le ballon multicolore qui vole dans la station grise, « vous avez échappé à la pluie », SR, RG et family, F/J/J, etc.)

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Jeudi 14 avril 2016

Ne pas voir GVS, sauf sur une dédicace, à la hâte. Voir A, C, A, Q, L, C…

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Mercredi 13 avril 2016

C’est l’absence de sens de ce que l’on vit au moment où on le vit qui multiplie les possibilités d’écriture.

Annie Ernaux ; Mémoire de fille

Mardi 12 avril 2016

Café parisien, fin de matinée entre un café avec ami et un déjeuner avec d’autres. Six lycéens. Terminale ? Jouent aux cartes.
– De toute façon il faut que ce soit MLP, qu’elle balaye un peu tout ça
– Tu déconnes là ? (visage rieur)
– Non non, de toute façon elle pas pas pire de FH ou NS…
– Naaaan tu déconnes…
– …
– … (Visages déconfits / inquiets / abattus / tristes)
– Bon allez c’est à qui de jouer ?

"After Photography - Part I" - Galerie Alain Gutharc - Curator: Pascale Krief. "After Photography - Part I" - Galerie Alain Gutharc - Curator: Pascale Krief.