Il y a ce moment à marcher. Le sable du Luxembourg. Ces paroles. J’écoute. Parfois, un peu, je ne dis rien. Tu m’as demandé, un peu plus tôt, Et la photo ? Ma réponse a été aussi évasive que ma pratique. Il n’y pas vraiment d’images. Voyez ci-dessous. Il y en a quelques autres, mais je les garde, elles sont à moi. L’intime photographique a rarement eu sa place ici. Les gens du Louvre ils sont là, bien sûr, lundi, ils sont là et ils marchent, ils passent, ils sont à tout le monde. Je me dis aussi que je les montre peut-être parce que, eux, je pourrais les oublier. Je me demande ce que j’ai raconté en montrant ces quatre photos, lundi. Et puis j’oublie de te dire que la confiture est bonne. Ici, encore, je dis tu.
Le langage est une question qui me taraude, je pense à ma façon de dire, ici, je pense à ce qu’on exprime par quelques mots, quelques images. Je pense au langage photographique, j’y pense, je sais qu’il faudrait que j’aie un minimum de propos construit et je lis à ce sujet, il y a Barthes par exemple qui est revenu dans la pile des livres, il y a aussi cette Leçon de photographie de Stephen Shore. Je pense à tout ce que je n’écris pas, depuis toutes ces années agglutinées dans la colonne de droite ou ces années disparues, cette part manquante que sont les images, les blancs, les points de suspension. Je pense à ce que je suis en train d’écrire, de livrer, je pense que je cherche à dé-taire, et que ce néologisme sonne comme “déterre”. Faut-il creuser pour gagner en profondeur ? J’y pense encore plus après ce que tu m’as donné, donné à regarder, pure émotion. Ton langage le plus beau, je crois, est fait d’images en mouvements et des mots des autres. Alors sur l’écran il y a mon visage. Et Duras. Je me suis toujours dit que c’était indépassable, Duras, c’est l’adjectif qui me vient souvent, indépassable, sans trop savoir expliquer pourquoi, à cause de la fulgurance au milieu du presque rien, sûrement. Aujourd’hui encore, là, dans cette douleur et cette impuissance qui se confrontent, elle frappe. Et ça se termine en hiver, sous les rires d’autrefois.
Et je n’ai pas les mots.