Mardi 2 février 2016

Est-ce que quelqu’un peut me dire pourquoi j’ai écrit “Atarashii kare o tsurete kitaitte” sur mon carnet ? Parce que bon… a priori ça ne veut rien dire.

Lundi 1er février 2016

Et les voici enfin, avec leur attirail et les échelles, grimpant, frottant, ça pousse et ça mousse, donnant aux vitres inatteignables un brillant tant attendu.

Dimanche 31 janvier 2016

Le café est à l’étage, il y a de la place à la table le long de la baie vitrée ; il est déjà tard, le last order approche mais nous venons juste pour un café puisque l’on a pique-niqué, là-bas, un peu plus au nord, sur ce coin de rivière rocailleux où les berges ici ou là boueuses obligeaient à sautiller, ici ou là. Il reste encore deux tasses où l’on s’assied, celles des clients à peine partis ; on regarde la rivière, la même, et comme souvent tu me dis que ce serait bien de venir travailler ici. Ce serait bien.

Le soir un visage de passage,  les années passent (treize peut-être) et le hasard fait que l’on se retrouve parfois, ici ou là. Ici ce soir.

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Samedi 30 janvier 2016

La voici, heureuse, pour cinq mois je crois, rendez-vous devant la mairie, un verre chez Japonica, point un peu central d’une rue inévitable. Dans son sac, un Sauvignon rouge joliment emballé : “J’ai trouvé que c’était mieux que du papier cadeau.

Le film du soir : Iya monogatari : oku no hito. Où comment être emballé par des poupées dans un village reculé puis perplexe devant un retour à la réalité urbaine.

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Vendredi 29 janvier 2016

“Y avait personne pour faire des photos ?”

Évidemment, on ressent quelques manques quand on vit ici. Le fromage, c’est la première réponse. Et puis il y a les éponges, parce qu’ici, le synthétique atteint une espèce de paroxysme dont Wikipédia vous parlerait en terme de faible pouvoir d’absorption. Certes, nos visiteurs auront remarqué l’éponge posée sur le rebord de la baignoire, une éponge dont le coloris rose éclate sur l’émail blanc, une éponge en tissu qui, voyez-vous, ne nous sied guère pour l’incontournable tâche ménagère de la vaisselle (食器 お 洗う, n’est-ce-pas…). Et là, bien sûr, vous allez me dire “Mais ça ne pèse rien, vous pouvez en mettre dans vos valises“. Sauf si l’on oublie. Et donc quel rapport avec la journée ? Le colis reçu.

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Jeudi 28 janvier 2016

Ils sont 6, sales, pelés, pastels. Au milieu, un bac à sable, et au milieu de ce bac un éléphant, autre style, mais bien connu de ma photothèque, la trompe en arc de cercle fièrement plantée dans le bac. Ils sont les frères de ces trois animaux dont l’image trône sur mon profil Facebook depuis des mois. Alors je tourne autour. Et tourne encore, insatisfait, gêné par tout ce qui reste dans le champ ou ce qui n’entre pas. Et puis un enfant passe, rieur, m’ignorant, cartable bleu sautillant. Au loin d’autres voix légères.

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Mardi 26 janvier 2016

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Le film du soir : Sugihara Chiune, puisque vous ignoriez sans doute, vous aussi, qu’un diplomate japonais avait sauvé des milliers de Juifs durant la 2ème guerre, et que de surcroît nous étions capables de rester là, confortablement installés dans ces mêmes fauteuils rouges décrits il y a quelques jours, pour regarder ce genre de film historique.

Dimanche 24 janvier 2016

Il y a des films de référence, qui, un jour, enfin, dépassent leur aura et quittent l’irréel pour être enfin vus. La Ballade de Narayama fait partie de ces films de référence, entre autres parce que Slow Life y faisait référence et surtout que les spectateurs, eux-mêmes, y faisaient référence. Et voici donc le film, film animal, intemporel, film, comme ça, vite dit, tellement japonais, tellement enfoui dans le Japon, dans ses saisons, dans sa négation de l’individu, dans, dans, quoi d’autres ? bref… Et palme d’or ayant “battu” Furyô au festival de Cannes de 1983, merci au jury de m’avoir écouté.
Plus tôt, soleil couchant, Kyoto baignée d’un rouge inédit. Plus tôt encore, matin, Kyoto baignée de soleil, ce petit temple au jardin accueillant et cette librairie presque parisienne, du quartier Takano, un quartier… tellement enfoui dans le Japon.

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Samedi 23 janvier 2016

Nous avions vu les répétitions, il y a presque un an. Nous voici au même endroit pour découvrir ce “Still” et ses moments majestueux après un premier tableau toujours opaque, l’explication se trouvant sûrement dans l’immuable Q&A qui suivait ; allons plutôt au bord du lac.

Biwa Lake Biwa Lake

Vendredi 22 janvier 2016

La sueur apparait d’abord sur son crane, là où les cheveux sont ras, au-dessus des oreilles. Quelques minutes plus tard, l’effet des piments est bien plus visible, et il s’éponge sans s’émouvoir, prenant du plaisir à manger ce bol de ramen dans cet agréable petit restaurant, bon et bien situé et donc à noter sur les tablettes.

Avant, ils avaient ri, comme hier, puisque les travaux durent trois jours, des rires communicatifs et bien inhabituels, ici où l’on n’entend généralement que ceux des corbeaux.

Après, l’anime du soir : Miss Hokusai.

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Jeudi 21 janvier 2016

Ils sont arrivés tôt et ont recouvert d’un film plastique opaque la grille qui donne sur la petite terrasse, exposée au nord, et dont l’usage est de deux ordres – y étendre le linge et permettre une séparation visuelle avec la pièce qui faisant jusqu’en juillet office de chambre -, un film plastique opaque empêchant que la terre retirée pour la tranchée ne vienne s’y éparpiller.
Ils sont arrivés tôt, avant que je prenne ma douche, car dès potron-minet il y fait trop froid, d’ailleurs à peine étais-je levé. Il est donc peut-être 9h30 quand, nu comme un ver, je fais quelque pas pour refermer la porte et aperçois, au-dessus du film plastique opaque légèrement retombé, deux yeux droits dans ma direction.

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Mercredi 20 janvier 2016

Comme chaque matin, elle passe en courant. Mais ce matin il n’y a pas le bruit des talons qui claquent (batabata) sur le bitume, il y a le son feutré de ses bottes fourrées sur la neige. Et plus tard le silence de la montagne.

+ Le film du soir : Life, ou l’histoire des photos célèbres de James Dean, photos qui évoquent pour moi le mur de la chambre de ma sœur, mais tout cela est une autre histoire.

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Mardi 19 janvier 2016

Lui : 会いたかった。 会いたかった です。
Elle (très troublée) : …
Nous : Hein ? Quoi ? Qu’est-ce-qu’il a dit ? Reviens en arrière !

Dimanche 17 janvier 2016

Puisque S nous racontait, hier, comment la fiction s’était transformé en réalité pour K (vous savez, la voisine, etc.), nous voilà partis, chez le loueur de DVD, T jaune sur fond bleu, à demander cette série télévisée – nan mais une série télé japonaise, vous imaginez ? -, série dont le nom à l’anglaise suscita une première incompréhension avant que tu n’insistes et que l’on puisse obtenir le petit boitier contenant les deux premiers épisodes.
Nous avions appris, par S et par la même occasion, que les séries télévisées diffusées sur NHK pouvait oser des sujets comme l’homosexualité ou le fait qu’une femme de 45 ans tombe amoureuse d’un homme marié de 25 ans sans révolter les annonceurs puisque la chaîne… n’a pas de pub ! Le film du soir n’aurait rien à voir, un Ume no futa (Le couvercle de la mer, ne me demandez pas pourquoi…) rentrant dans la catégorie des films japonais contemporains “bien gentillets”, tendance amitié et bord de mer, après un moment rentrant dans la catégorie “cérémonie de thé à l’aveugle” bien bien plus agréable qu’on ne l’imaginait.

Jeudi 14 janvier 2016

Tout se passe bien jusqu’à ce qu’elle me montre une photo d’un fauteuil double. Je comprends bien qu’on doit être s’y mettre à deux, enfin c’est évident, mais que veut-elle que je lui dise ? Est-ce que ça veut dire qu’il y a aussi des fauteuils non-double ? Elle veut juste un “oui oui” ? Cette capacité japonaise à compliquer des situations simples par des questions supplémentaires, souvent posées pour ne faire que confirmer ce qu’on vient de demander, est bien souvent totalement désarçonnant et c’est encore le cas cette fois-ci en raison d’un débit trop élevé, d’un vocabulaire trop étoffé et d’une indifférence totale au fait que je viens de lui dire que je ne comprenais rien, tandis que derrière moi la file s’allonge (mais pas encore par terre). Quand on arrive dans la salle – parce que mon “OK” a été utile ou qu’elle a fini par abdiquer ? – la surprise est de taille, d’abord parce qu’il n’y a que 5 rangées de ces fauteuils doubles (et rouges), ensuite parce que les fauteuils sont au ras du sol. Et nous voici donc confortablement affalés par terre, au milieu de quelques coussins, tendance “comme à la maison”, pour le film, agréable histoire de fantômes post-horreur atomique à Nagasaki, éclairante sur certaines pratiques catholiques au Japon, avec un Ave Maria faisant ressurgir les souvenirs de Lourdes et une fin digne des plus dégoulinantes fresques baroques…

Mercredi 13 janvier 2016

160113-DSC_510012h25. Bruit de tracteur, parfois un hurlement de chien, comme la veille. Il va déposer son sac poubelle rempli de canettes de bière, qui ne sera ramassé que le lendemain, contrairement aux directives et aux bonnes pratiques qui prévoient un dépôt le matin même. Il est, comme chaque matin d’hiver, vêtu de cette doudoune vert pomme dont je regrette moi-même l’achat en raison de la difficulté évidente de l’assortir avec d’autres vêtements, et, comme à chaque fois, il regarde vers chez nous avec insistance, cherchant à apercevoir quelque chose, tâche aisée. Il n’est pas japonais, il pourrait être français, et me voit peut-être parfois, en ce moment, cueillir des narcisses derrière chez nous et regarder vers chez lui, sans insistance.

 

Mardi 12 janvier 2016

Le film du soir (parce que notre voisine est une actrice et qu’il faut se tenir un peu au courant) : ラヂオの時間, comédie à l’américaine un poil boursoufflée dont 45 minutes nous suffisent (et pourtant pour une fois il y avait les sous-titres anglais).

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Lundi 11 janvier 2016

Il porte une cravate très large, très très large, vert foncé à motifs blancs, et le nœud est tout aussi large. Il est assis en compagnie de trois amis – à leur âge on pourrait même dire camarades – et leurs activités personnelles sur téléphone mobile sont entrecoupées de quelques rires charmants. La frange caresse ses yeux, son costume est gris, le fauteuil vert-de-gris. On se demande un court moment ce qu’ils font là, dans cet hôtel que la curiosité nous a poussés à visiter alors que nous venions voir ce qu’il y a en face, le centre de congrès tout de béton bâti. Les filles, autrement habillées, de couleurs et de froufrous, nous éclairent : ils sont là parce que c’est le jour – férié ! – où l’on met à l’honneur ceux qui viennent d’avoir vingt. Le bel âge.

+ Le film du soir (parce que notre voisine est une actrice et qu’il faut se tenir un peu au courant) : おかあさんの木 (Les arbres de ma mère)

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Samedi 9 janvier 2016

Autrefois, à une époque où ma présence en ligne était un bric-à-brac, on pouvait y lire mes réponses au questionnaire de Proust ou de Sophie Calle, laquelle demandait quelle tache ménagère nous rebutait le plus. En ce deuxième samedi de l’année, je trouvais une réponse supplémentaire : le nettoyage du rideau de douche qui a insidieusement fixé de minuscules pointes de moisissure dans son ourlet. Suivait une tache bien plus agréable, la confection de confitures de clémentine-kumquat, vous m’en direz des nouvelles…

+ Le film du soir : Furiko

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Vendredi 8 janvier 2016

Je lui tends ma carte et lui dis que c’est la première fois. はじめてです。Il me montre où sont les vestiaires, bien sûr il faut se déchausser, là-bas les douches, ici les casiers, attention à ne pas oublier le numéro, vous voyez pour la clé il faut faire faire comme ça. Quand j’ai fini de me changer, il a disparu, vraiment, non non il n’est plus là. Heureusement j’arrive à décrypter les panneaux et je me souviens du chemin suite à la visite de l’an dernier, l’escalier en colimaçon, le couloir qui longe la piscine, encore des escaliers, ça monte et ça descend pour accéder à la salle. Là encore je dis que c’est la première fois. はじめてです。Mais cette fois c’est inutile et après lui avoir demandé de parler moins vite, je comprends juste que… si je ne comprends pas je dois demander.

Mardi 5 janvier 2016

13h, je pensais que l’on se retrouverait en bas, et c’est finalement sa collègue, par le hasard probable d’une fin de déjeuner, qui passe devant moi, me sourit de manière aussi radieuse que d’habitude et m’invite à monter, tandis que H san, qui l’accompagne, me demande, rigolard, si j’ai bien dormi, puisque il était l’un des “deux autres” Japonais, arrivés par surprise et pour notre plus grand plaisir.
A l’étage je découvre ces lieux qu’ils me proposent pour exposer. Je réfléchis, on mesure le couloir, j’imagine, mais ça ne colle pas avec le projet, le couloir est trop étroit, le mobilier sera trop présent, l’éclairage est un peu bas. Dans la discussion du soir – était-ce avant ou après le dîner avec D qui n’a rien cassé, E qui a aimé mon pantalon et N qui ne sait pas qu’elle conduit une Daimler ? -, tu évoques un autre possible, un jeu avec le lieu, un projet qui collerait, la présence du mobilier. En effet, pourquoi pas?

Lundi 4 janvier 2016

Alors on récapitule ça nous fait donc un Américain, un Ecossais, une Coréenne, deux Japonais puis deux autres, nous, et un Danois dont on copiera bien vite la recette des linguine au citron.  

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Dimanche 3 janvier 2016

Les particularités japonaises – c’est à dire surtout l’absence de réglementation – en matière d’urbanisme offrent au regard du promeneur 2015 2016 une terrifiante multitude de maisons de plastique poussant comme des champignons. Mais, pendant des décennies, elles ont aussi laissé construire des bidules géants faisant office de lieu d’habitation, hôtel… ou clinique dentaire. C’est donc vers l’un d’eux – aussi vite construits que détruits, faut-il le préciser – situé à côté de la gare de Momoyama minamiguchi (“sortie sud de la montagne aux pêches”), que l’on se dirige en ce dimanche, sans trop savoir s’il faut qualifier ces gestes architectoniques d’amusantes surprises ou de simples horreurs sortant d’esprits mégalos… bref…

… Pour compenser, nous poursuivons vers le sud, vers Uji, et le hasard nous assied dans une charmante gargotte tellement traditionnelle que l’on se demande comment elle tient encore debout, pour déjeuner – ô merveille – de soba au matcha, la nouille verte pouvant être considérée comme une amusante surprise.

Et à part ça ?
Visite du musée du “Dit du Genji”, où le visiteur ne lisant pas le japonais peut toujours se brosser. 

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