Avril 2011

Samedi 30

Billet d’avion pour le Japon : acheté. Mac book pro 13 pouces : acheté. Housse pour le mac book : offerte. Il y a un mois il n’y avait rien de tout ça, presque rien de tout ça.. et voici qu’en avril je me suis découvert de plus d’un fil.

Le soir, retrouvailles rue du Colonel Oudot… certains visages s’étonnent. Il y a un mois, etc.

Vendredi 29

Parmi les rayonnages je cherche un livre, un livre sur la photo car c’est grâce à la photo qu’on se connait, un livre sur le travail d’un photographe que j’aime, que j’aime partager. Je ne trouve rien, regarde l’heure passer, je file à Beaubourg, sa librairie, son choix. Guy Bourdin. Les polaroïds cette fois. Petite merveille de livre à la couverture caressée, une fois de plus, une fois déballé. Déballé plus tard, une fois à la fête qui célébrait l’anniversaire de Johann. A l’intérieur, au stylo bille bleu, j’écrirai ma dédicace, mal écrite puisque au stylo bille. Entre les deux une coupe. De cheveux.

Jeudi 28

Hein ?

Mercredi 27

Sharunas Bartas, jadis, m’endormit. Ce soir, que nenni, il faut dire que ce fut court et que… ce n’était pas vraiment lui, mais un fan ayant réalisé un documentaire de 45 grosses minutes sur Bartas. Ou pluôt sur lui-même. Enfin sur un peu tout ça, de quoi avoir envie de voir le film “the House” en tout cas. Auparavant du violoncelle. Ensuite, un buffet lithuanien. Vous
reprendrez bien un peu de ces soirées, non ?

Mardi 26

Un court moment de répit avant de prendre le 8h22, à la bouche le goût du dentifrice et du café mélangé et devant les yeux “6 mois”, revue photographique lourde et belle. Au fil des pages, ce garçon guinéen qui porte un trophée et un soutien-gorge en matière brillante, satin ou synthétique.

Dans le 17h54 qui me ramène vers la Gare du Nord, le contrôleur nous offre le verbe “péjorer”. De quoi pérorer en arrivant pour dîner, ou plutôt pour souper comme prévu puisque S devait passer et la machine laver…

Lundi 25

Retour. La revue “De l’air” ouvre ses pages à “Tendance Floue”, Libé offre une superbe photo page 24, je prends des nouvelles de Chick’, JLM ou F et le train pour Paris, avec pour lecture Hôtel Iris, un Yôko Ogawa : Annie Ernaux a cédé sa Place. En bas de la page 84 je me demande si l’on râpe le savon au Japon. Trois jours plus tard c’est le livre qui sera râpé : dévoré.

Dimanche 24

Depuis quand on ne s’était pas vus ? La visite est famliale, et même Noël n’étais pas le dernier rendez-vous. On cherche des repères, la couleur de cette voiture, et puis qu’importe…
Je montre en souriant la balafre : le barbelé s’était fait discret peu avant, le temps de quelques clichés où je traquais l’oeil humide des vaches. Et puis quelque part la voix moqueuse et élégante de Marie-France Pisier qui passe dans les branches ; on a tous à l’esprit l’image tristement cinématographique d’un corps flottant dans l’azur d’une piscine sous un ciel trop bleu.

Samedi 23

Les billets sortent froissés de la poche de M, que je ne connaissais pas quelques heures plus tôt. Il me parle d’une monnaie trop rendue, je ne cherche pas à comprendre, brouhaha, bref. Nous attendons impatients le concert d’Anna Calvi, présente à Saintes au milieu d’une tournée dont tout le monde parle. Au sortir du concert on parle de sa voix, sorte de rondeur Presleyenne des débuts grimpée sur talons aiguilles noirs, un corsage rouge comme ses lèvres. D’un oeil, j’aperçois les photographies que font celle-ci ou celui-là : j’aurais dû prendre mon appareil, immortaliser cette vision sanguine.

Saintes donc, salle Geoffroy Martell précisément. J’y évoque les souvenirs d’un spectacle, j’ai 8 ans je crois, peut-être 9, je suis maquillé, je suis sur scène pour acheter une voiture
et dodeliner de la tête en suivant les essuie-glaces. Mon plus grand rôle. Le seul. Souvenir amusant, je crois que j’avais adoré ça. Ca vous étonne ?

Et puis les larmes. Je fais pleurer les vieilles dames. Ca, ça vous étonne !

Vendredi 22

Matin. L’accent est fort et slave. Les fautes de français se glissent dans les paroles. “Moi qui m’aimais, toi qui…”. Pour Hello Dolly, le résultat en anglais est merveilleux ; il aurait fallu que l’accent fût bulgare pour trouver le yaourt onctueux.
Train. Je dévore La Place

C’est dans la manière dont les gens s’assoient et s’ennuient dans les salles d’attente, interpellent leurs enfants, font au revoir sur les quais de gare que j’ai cherché la figure de mon père. J’ai rencontré dans des êtres anonymes rencontrés
n’importe où, porteurs à leur insu des signes de force ou d’humiliation, la réalité oubliée de sa condition.

Un cercle rouge se découpe au-dessus de l’horizon deux-sévriens. Mais ce couvercle ne couvre pas la voix de la petite fille malicieuse. L’homme assis à côté de moi s’est levé après
avoir rangé ce magazine sur la chasse où l’on s’inquiète de l’occlusion intestinale des chiens. J’ai un peu froid : la clim.

Jeudi 21

Un quai au soleil. Assis, attendant, je caresse la couverture du livre que tu m’as offert il y a deux jours dans un papier fleuri. Je commence à lire la préface de cet ouvrage qui dessine en mots et en couleurs le rêve qui sera atteint dans 3 mois : Kyôtô.

Des pavés au soleil. Marchant avec A et J, je caresse quoi ? Un espoir peut-être.

Mercredi 20

La tête d’un gars digne d’un film de Bill Plympton, un SMS qui parle paquet : de quoi sourire.

La lecture de La Place, encore Annie Ernaux me direz-vous, prix Renaudot 1984 vous préciserai-je : de quoi moins sourire.

Mon mari est arrivé le soir, bronzé, gêné par un deuil qui n’était pas le sien. Plus que jamais, il a paru déplacé ici. On a dormi dans le seul lit à deux places, celui où mon père était mort.

Le ciné pour “Road to Nowhere” de Monte Hellman : de quoi être enchanté de retrouver le grand écran pour cet objet.

Mardi 19

Le sachet avait été ouvert la veille, libanais, épicé.
Ce soir j’ai ouvert la boîte transparente et hermétique qui contenait le reste, retrouvant le goût des graines et de la solitude ; solitude éphémère. J’ai ensuite pris un cachet d’aspirine, une douche et une profonde respiration… Tu m’attendais.

Du jeudi 14 au lundi 18

Oui oui j’arrive ! Mais bon… Cinq jours à Prague, ça se résume pas en deux phrases.

Mercredi 13

Visage plutôt antipathique, il monte dans l’ascenseur. On choisit l’escalier. Arrivés au 5ème étage, il nous précède en entrant dans l’appartement, l’air légèrement surpris de nous voir là, avec notre air amusé. Et sous la couverture bleue, Guibert traîne encore.

Mardi 12

Vous sentez ?
Vous ne sentez pas ?
Allons… mais oui… ça sent la valise !

Lundi 11

J’étais
en avance. Laurent m’appela : il serait en retard. Je fis donc un détour imprévu. Et finalement j’arrivai en retard, très en retard, tandis que les pétales virevoltaient dans Paris. Images poétiques d’un vent printannier… Et puis tu m’écris que tu pars pour L.A., et j’ai à l’esprit l’idée de quelque chose de plus estival.

Dimanche 10

Dans le carnet les pages sont bleuies, noircies, crayonnées. Me suis réveillé en savourant cette solitude, cette lumière, la fraîcheur du tissu, le sommeil léger troublé toutes les neuf minutes, l’absence d’odeur. A la terrasse du Rivolux j’ai souri face au soleil, sourire ou rictus, les yeux plissés ? Ai retrouvé JLM, ai revu Guibert. Guibert et Huet aussi. Ecrire sur Guibert. Passer à l’infinitif. Déjeuner avec JLM, W et S. Voir J et marcher avec lui, parler et prendre le soleil, tellement de soleil. Par hasard tomber sur C accompagné d’un marathonien et ne pas en croire mes yeux. Sans l’avoir prévu voir CK en pleine recherche et à une terrasse, tandis qu’à l’horizon les coupoles du Printemps. Notez la majuscule : non ce n’est pas une allégorie.

Je garde toujours chez moi une bouteille de champagne et un rouleau de pellicule TriX au cas où je rencontrerai un joli garçon dans la rue et qu’il ait la gentillesse de bien vouloir me suivre. Mais je ne rencontre jamais de jolis garçons ou bien
ils ne sont pas assez gentils pour vouloir me suivre.

… Tant à dire sur Guibert. Tant pour s’inspirer ?

Samedi 9

Où l’on retrouva ces samedis tellement remplis que je ne sais jamais par quel bout les écrire, surtout quand ils commencent étrangement, la pendule ayant reculé de presque trois ans, mais le lit étant le canapé. Il suffit pourtant de les prendre dans l’ordre…

“Parce qu’il y a des auberges qui sont sur la mer” : elles parlent de vacances, de la Sicile, il fait soleil et Alberto arrive, avec dans la poche, la clé usb du bonheur, du bonheur pour lui. Pour moi, c’est un peu de travail. De travail pour rien, vous y croyez ? Et puis Xavier, Xavier puis sa soeur avant l’achat d’un guide de conversation tchèque. Un peu plus tard j’essaye de retenir comment on dit “bonjour” ou “merci”. “Merci” c’est plus facile, ça sonne
comme… non, rien… Allons plutôt au Père Lachaise, comme ça, au hasard, comme autrefois, après tout c’est le quartier qui veut ça, on revoit les endroits et les visages, mais à
l’époque on n’entendait pas “On va aller voir Bashung“.
Ici on visite les morts mais à la sortie je vais visiter les naissances. La naissance c’était il y a 14 mois mais je n’avais jamais vu sa bouille. celle de sa mère n’a pas changé. Comme autrefois quoi…

Vendredi 8

A 8h01 c’est même vendeur que la veille, mais avec les tirages qu’il me tend il me vend plutôt du rêve pour 19 euros et des poussières. Mais voilà c’est un peu trop sombre, il faudra revenir. Mais rosé, le foie de veau.

A 20h02 le spectacle commence. Sur les chaises de Florent je prends des clichés des Mousquetaires au Couvent que je ne verrai sûrement pas, ce n’est pas mon appareil… ce n’est pas non plus mon habitude.

Mais je ne sais pas à quelle heure je termine la lecture de L’autre fille mais je crois que j’étais, de toute façon, un peu des années plus tôt.

Jeudi 7

19h30, appel privé. Je me doute mais je réponds. Bingo. Urgence. Urgence ? Ah bon… Je termine ensuite le rangement pour que la chambre soit dans un état correct pour deux marathoniens scandinaves qui s’essouffleront dimanche. Tiens justement, c’est l’heure des Souffleurs…

Mercredi 6

Des images, des mots et dans les deux, des routes.

Mardi 5… M le mardi ?

De l’autre côté du mur, un dîner. J’espérais une soirée calme, j’imaginais une soirée courte mais j’enfile un casque tandis que la fatigue me pousse. L’éveil revient pour quelques sons, mais j’ai depuis oublié lesquels.

Lundi 4

C’était une journée de travail qui avait été entrecoupée, entrecoupée de deux fous rires, à cause de la bibliothèque de Frédéric Lefèbvre et de poireaux sur un tableau.

C’était une journée de travail qui s’était allongée, allongée sur un stand à dire bonjour et sourire, distribuer et puis attendre. À 22h33 je regardai ma montre, Kim Wilde chantait
Cambodia dans les couloirs de la gare du Nord ; j’avais bien fait de me ruer sur le 22h10.

Trimanche

À sa tête, à sa voix au-dessus des autres dans cette file d’attente envahissant le trottoir étroit de la rue Champollion, j’ai senti qu’elle allait être juste chiante. Pas manqué,
elle a gloussé pour n’importe quelle raison en regardant M le Maudit de Fritz Lang. Elle n’a pas été la seule : son mec et sa copine en ont fait autant. Trio agaçant, triangle assez sot, ça m’a rappelé la glousseuse de Le Guépard, mais après tout ça fait des anecdotes, ça dévie l’attention quand on n’a rien à dire sur un film. Et pourtant je devrais avoir des choses à dire, c’est bien, c’est vraiment bien, c’est tellement autre chose, tellement marqué, tellement joué, tellement indispensable, et puis ce regard…

Bon, après, hamburger chez Breakfast in America. En sortant je sentais le gras, mais j’aurais volontiers repris une portion de Fritz.

Samedeux

Ca commence tard, il est presque midi, on m’appelle : ça commence trop tard car il fait désespérément beau et je regrette les deux verres de vin blanc de la veille ; deux verres seulement pourtant. Je m’égare peu de temps après, téléphone oublié,
une terrasse au soleil pour lire L’autre fille et l’on constate ci-dessous que j’hésite à garder les lunettes de soleil quand un voile de nuages couvre le soleil et la tasse à café.

Ca continue du côté du Palais Royal, c’est familial et fleuri,
je guette mais les photos en plein jour et en plein centre… mouais…

Ca se poursuit rue de Bercy parce que Natt avait eu la bonne idée de s’y installer. Je suis épuisé mais j’acquiesce, un peu comme la veille, c’est bon de foncer voir les amies en terrasse.

Ca se termine rue Charlot, puis dans un troquet attablés. Ils sont là, oui ils sont là dorénavant, dans ce quartier. B&V sont là, on résume deux ans de vie, j’ignore ceci, j’ignore cela, je leur apprends ceci, on se rappelle cela. On en vient à évoquer ça, là, oui ça, ce qui est devant tes yeux, lecteur. Natt préfère mes images. B préfère mes textes, il dit que ça l’amuse ; je me demande s’il m’a lu récemment, mais surtout je rappelle que ça va faire 9 ans. Neuf ans de journal. C’est avant ou après que l’émeute surgit, pas très longtemps, de quoi s’inquiéter brièvement, de raconter ça le lendemain, les mecs qui se battent, les types qui viennent chercher sur la terrasse des couverts ou des verres, je ne sais pas, de quoi (au
mieux) faire peur. B&V sont là dorénavant, dans ce quartier… et ils ne sont pas tout seuls.

Vendredun

L’orchestre était venu poser ses partitions à Nogent, nouveauté, nouvelles oreilles, nouveau lieu et la rondeur du son de l’église qu’on pouvait craindre un peu. Moi j’avais un pied dans le professionnel et un dans le bénévole, les deux oreilles au milieu et j’ai surtout souffert de l’indiscrétion de mon appareil photo, au son pas rond pour un sou. Peu de clichés à l’arrivée, difficile de viser les décibels…

Dans les bouchons CK m’appelle, me demande, je n’en puis plus mais elle insiste, ce n’est pas loin, alors j’achète, j’abdique, j’obtempère, j’acquiesce, je viens. Là y a Sido, chaussures à boules et paillettes, puis Ludo, puis plus personne, non vraiment la soirée 70’s ce sera sans moi.