Nous sommes, de nos ancêtres, les fantômes de chair. Ils se servent de nos corps vivants pour hanter ce monde. Et nous voici, éperdus de tous ces morceaux dont nous sommes faits, et auxquels il convient de donner une apparence unique, cohérent et entière. Nous promenons nos corps constitués des bouts des uns et des autres à la recherche d’un principe qui les fédère, et que nous appelons moi, les jours de bravade, quand en réalité tout cela bataille en nous, tous ces ancêtres dont chacun voudrait avoir la préséance, faisant pression sur nos mimiques, et sur nos pensées peut-être, toute la horde des aïeux qui n’acceptent par plus de disparaître que les spectres des contes, et qui colonisent nos corps, pour durer encore, à leur façon.
Christine Montalbetti ; Love Hotel