Mardi 13 septembre 2016

Sortir les poubelles à 8h19 n’a rien d’agréable, ni de réellement désagréable. Ce serait même plutôt une activité neutre ; mais ici, cela permet de jeter un œil à gauche, vers les montagnes juste là, et à droite, où ce matin le mont Hiei dépasse des nuages. Mais bien sûr, entre lui et moi, il y a les toits, les fils électriques, les antennes et la difficulté d’en faire une image discrète qu’on montrerait ici.
Un peu plus tard, en passant devant le café au rideau baissé, ce café dont le nom oublié le restera à jamais, je repense aux quelques cartons posés devant, un dimanche, signe d’une fermeture définitive dont on imagina alors la raison, et je pense surtout à la dame, courbée derrière son bar, qui nous avait offert du chocolat un 14 février et que j’avais photographiée, photo volée, la dernière fois, ému de voir sa faible personne tirer de cette activité le moyen d’exister encore bel et bien. Il y avait alors, entre elle et moi, les nuages épais d’une impossible communication. Et il y avait là, suspendue, cette idée que j’avais avant de m’installer au Japon, de photographier les vieilles dames qui tiennent des cafés, signes tangibles d’une économie microscopique et d’un moyen de souder ce maillage relationnel fragile. Il y avait ce jour-là, surtout, une immense émotion, qu’aucune image discrète se saurait exprimer.

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