Une gare s’il faut situer, laquelle n’importe il est tôt, sept heures un peu plus, c’est nuit encore. Avant la gare il y a eu un couloir déjà, lui venant du métro les gens dans le même sens tous ou presque, qui arrivent sur Paris. Lui contre la foule, remontant. Puis couloir un autre, à angle droit l’escalier mécanique, qui marche c’est change aujourd’hui, le descend à la salle, vase carré souterrain où les files se croisent une presse se divisent, des masses, un désordre pourtant quantifié par bouffées, l’ordre d’arrivée des trains.
François Bon, Sortie d’usine
Je suis plongé dans la relecture de mon dossier artistique envoyé il y a quelques mois, pour m’en inspirer et envoyer autre chose, des images surtout, et pour peut-être me voir sélectionné. Parfois de la rue, par-dessus le bruit de la circulation s’extirpe la petite chanson du vendeur de pétrole ambulant. La lumière est basse, mais suffisante, elle provient des grandes fenêtres aux huisseries métalliques de cette bibliothèque où je ne viens pas assez souvent. Du ciel gris tombe une neige fragile qui disparait dès le contact avec le sol. Sur quelques feuillages plus accueillants, elle peut éventuellement résister. Soudain, il arrive, je l’avais déjà salué là-bas au fond, toujours la même place, et clic, il allume. Violence lumineuse, c’est si fort que je manque de dire quelque chose.
La suite est à l’image des livres que j’ai entassés devant moi : des lectures sur le Japon (Bouvier, Butor qui cite Voltaire, la mythologie locale, une recette de cuisine etc.) puisque être ici, c’est chercher encore et encore à connaître et comprendre cet ici. Et puis il y a ce premier paragraphe, recopié ci-avant, une claque qui donne envie d’emprunter l’ouvrage et même dans le bus j’en lis quelques pages absorbé. La France me manque pour cela : retrouver la lecture, le rythme de la lecture, les habitudes de la lecture, parce qu’ici je n’ai pas trop l’esprit à ça. Et comme bientôt il faudra revenir, je cherche des satisfactions. C’en est une.
Les fleurs du jours : 西洋桜草