Mercredi 8 mai 2019

Arrêtez de me filmer, je suis laide et tout hâlée“, dit la vieille dame. “C’est vraie, tu es brunie“, dit l’autre. Elles sont japonaises. La première était déjà là, hier soir, avant que je m’endorme. Au matin, je reprends le film, la ville se meurt encore, et c’est peut-être cela qu’il y aurait à dire. Je creuse ce que le Japon a encore à me faire dire, au-delà de cette lumière qui n’est plus le sujet deux ans après en être revenu, une semaine après avoir décidé de reprendre tout ça sans avoir fait attention au calendrier, deux ans déjà. Oui tout ça, il y a tout ça à dire sur ce pays dont souvent on ne dit pas ce qu’il faut. Alors je regarde ça et j’écoute autre chose, la peau des femmes, les hommes des ports, la mer qu’on voyait à travers la vitre d’un train, la disparition, l’absence, les rues sans enfants, les vieillards qui s’épuisent, les maisons vides.