Mercredi 22 mai 2019

Tramway. Elle est derrière moi. Elle dit qu’elle a pris un râteau, qu’elle est monté à l’échelle pour attraper des cerises. Tant d’images alors pourraient me venir à l’esprit, tant de souvenirs, mais c’est presque le présent, l’image de ma mère sur un escabeau, qui s’impose, il y a l’image et sa voix, le vent peut-être, le froissement des feuilles. Y a-t-il des fruits cette année ?
Les printemps de l’enfance était bercés, en pointillés, de branches en branches, d’arbre en arbre, de ces petits plaisirs qu’on attrapait. Parfois acides, parfois habités d’un ver, rouges, grenats, jaunes pâles, ou celles, là-bas, cœur de pigeon. On n’hésitait pas à casser quelques branches, comme autant de bouquets de feuillages et de fruits. Mes préférées étaient les plus grosses, celles du cerisier près de la cour des poules : j’aimais leur couleur sombre, leur texture, leur douceur. A la tempête de décembre 1999, presque tous les arbres sont tombés à terre. Que j’avais de si prêt tenus, et tant aimés.