Je te raconte alors ce souvenir, sûrement brouillé, re-colorisé, re-scénarisé, que je situe en 1982 plutôt qu’en 1984, sûrement à tort : ma sœur et notre cousine m’entraînant dans un club sombre, éclairé de spots multicolores, musique forte, lignes de basse, une jeunesse punk adossée sur un mur. Effrayé par cette adolescence qui avait empoigné une movida dont j’ignorais l’histoire, les coupes de cheveux et l’existence, j’avais pleuré. De retour chez Carmen, sûrement n’avais-je rien dit, les yeux séchés. Peut-être avais-je soudain grandi, peut-être avais-je eu peur de dire cette jeunesse dans laquelle je ne m’imaginais pas mettre les pieds. D’autres fois je pleurerai d’effroi, de peine, d’amour ou de joie. Hier de peu, ce garçon dansant sur Mozart, si beau.