Tu sais je voulais juste être aimé. De toi. Au moins un peu. Que disaient les mois derrière nous, sinon le temps que j’avais laissé pour cela ? Je voulais être aimé et le dire. Le crier, à m’en rendre sourd. Tout fut alors trop fort, parce que je craignais d’entendre dans ton silence le signe d’un silence plus profond qui tôt ou tard nous recouvrirait entièrement, parce que je n’arrivais plus à t’attendre. Je voulais te dire que je t’aimais, que tu me manquais terriblement, avant que ce ne soit trop tard parce que je croyais que tôt ou tard il serait trop tard pour le dire. Je craignais de t’aimer trop mais je voulais dire ma tristesse, ce truc qui me rongeait depuis des jours, des semaines, qui était né de mots, de non dits, d’une double négation qui n’adoucirait rien, d’une place instable, incertaine dans un duo déséquilibré. Je n’en pouvais plus de t’attendre, au point de l’avoir répété, répété, trop, autant que je t’attendais, trop.
Écrire cela, pris au piège du journal qui n’arrive pas à se taire mais qui ne veut presque rien dire, pris au piège d’une vague qui m’emporte entre une veille hésitante et un lendemain peut-être apaisé, c’est restreindre cet épisode critique de notre histoire à un paragraphe soudain craché. Car ce sont tant d’autres éléments, événements, mots, non dits, émotions, malentendus, peurs, attentes qui regroupés viennent de s’abattre, confusément.