Tram. Je sors Rétine de mon sac, sans savoir que je vais apprécier la lecture de cette partie du récit qui m’interroge – me trompé-je ? – sur le pluriel du couple que forme, semble-t-il, le narrateur. Les phrases glissent, mais il reste sur la tranche du livre un peu du chewing-gum qui s’y était collé dimanche soir, reliant entre elles plusieurs dizaines de pages. Je soupire mais souris malgré tout : la patience en vient à bout. Je crois que je l’avais découvert avant de dormir, visqueux, accroché ainsi. J’avais imaginé, au regard de la bienveillance de B, son hésitation à poser là la boulette blanche qu’il ne souhaitait plus mâchouiller ; sans doute son geste fut-il brusqué. Sans doute se colla-t-elle immédiatement, plouc (onomatée).
Il y a aussi les conversations qui collent, aux oreilles, le groupe de 4 étudiants – voix nasillardes -, la petite fille qui pleurniche – verbe condescendant -, la jeune femme au téléphone – des histoires d’appartement. Elle papote en secouant la jambe droite au bout de laquelle une bottine chausse un probable 38. “Ben parce que c’est un p’tit truc à payer normalement vous” sont les derniers mots que j’entends avant qu’elle descende du tram et qu’elle soit remplacée par un jeune homme aux baskets sales, pas plouc (substantif).