Dimanche 24 novembre 2019

Le boulot était un horreur, donc l’univers me devait un cadeau.” m’écrit N en me parlant de V, avec cette approximation sur le genre du mot et cette construction de phrase correcte mais avec ce je-ne-sais-quoi de fragile. Peut-être est-ce parce qu’en le lisant j’entends sa voix, une hésitation, et son sourire qui laisserait à peine le temps au point de s’installer à la fin de la phrase. Quelques lignes de dialogue plus tard, il ose un regard amusé sur le temps qui passe et sur ce que, de soi-même et de notre jeunesse, l’on retrouve chez d’autres tel que V.

Lorsqu’il m’est venu à l’idée de prendre rapidement des nouvelles de N, je venais de brancher la clé USB intitulée AU REVOIR, dont j’espérais à nouveau lire le contenu, puisque un incident technique récent m’a fait découvrir quelque solution pour récupérer des fichiers perdus. Je n’ai jamais jeté cette clé, devenue illisible loin d’ici, il y a deux ans, chez P, là où il ne pleut jamais et il y aurait tant à dire sur le fait d’avoir là-bas, avec lui, perdu ce que C m’avait donné deux mois plus tôt. Je n’ai jamais regardé entièrement le film qui s’y trouve, mais j’y sais la voix de Duras (et qui d’autre ? Yann Andréa ?) et j’y sais C et moi qui nous jetons des boules de neige dans un ralenti qui tentait peut-être, dans un étirement douloureux, de faire encore durer notre relation. Quelque chose du bonheur de notre histoire se trouve dans ces images en mouvements prises un soir d’hiver et je crois, en y pensant, encore entendre son rire. Ces images pourrait rejoindre cette photographie que j’aime tant, où C court dans la neige, chez J. Il s’éloigne, entouré de blanc, dans un flou de mouvement. Je ne sais pas exactement ce qui me pousse à garder cette clé et vouloir – ce sera vain cette fois encore – en récupérer le contenu. Je ne sais pas si c’est la curiosité, le respect pour C, l’idée que cela pourrait générer quelques lignes ici… ou simplement le besoin de me débarrasser de ce film fantôme et de l’affronter enfin.

Le hasard avait fait se rencontrer N et C dans un bar du marais, et les voici donc à nouveau réunis dans un même moment de ma vie, ce dimanche après-midi, distants cependant d’un saut de ligne. Plus tôt j’avais mangé un feuilleté débordant du souvenir d’A, et le petit Totoro offert par P avait fait signe au milieu du bazar du bureau.

Plus tard, le soir venu, Serge, puisque parfois les prénoms se donnent entièrement, me fera changer la lumière, ne supportant pas l’ampoule nue au plafond. Comme C.