Jeudi 9 juillet 2020

Alors je ne dis pas à mes collègues ce que m’évoque le cake au citron que C a apporté pour son anniversaire : l’enfance. D’abord parce que je ne cherche pas à les interrompre, là, dans leur échanges culinaires, leurs comparaisons gustatives, leurs plaisirs acides. Ensuite parce je n’oserais pas dire que celui que ma mère, qu’elle confectionnait seule ou avec nous, était bien plus raffiné, à la fois doux et parfumé, dans un équilibre parfait pour nos papilles d’enfants. Enfin pour une troisième raison qui m’a traversé l’esprit au moment d’entamer ce chapitre et que j’ai oubliée. Peut-être ne voulais-je pas dans ce bureau aborder l’autrefois, en une phrase qui ici aurait glissé comme on sait, caressante comme la paume sur la douceur d’un agrume. Il y a dans mon souvenir le zeste qu’on râpait, je crois.

Néanmoins j’en ai repris, du cake. Néanmoins j’en reprendrai demain. Néanmoins j’emporterai le reste.