Sur la plage il y a le vent. Il apporte les vagues qui s’y échouent et emporte les mots que nous disons. Nous sommes tous les deux allongés, ou face à la mer. Alors, même si nos regards se croisent, ainsi surtout nous parlons, comme si c’était plutôt au ciel ou à l’horizon qu’à l’autre, libres d’être entendus, libres de dire, aussi bien des banalités de plages atlantiques que des réponses qui interrogent. Nous avions apporté des livres, des jeux, mais ce sont nos paroles qui sont phrases et dominos. Dans cette relation qui est la nôtre, cette connivence changeante qui se prête à des danses et des contours amusés ailleurs que sur cette plage et qui petit à petit chatouille une complicité souriante et improvisée plus tôt lors d’un café au soleil, tu parles alors de ce dimanche de mai au sujet duquel E évoque, depuis, dans une joie pétillante, la robe de ta mère.
Cette plage où nous sommes, c’était un peu plus loin, là-bas, me ramène à lui. L’eau était froide, c’était février de l’année dernière, le 23, mais je ne grelottais pas autant. J’avais fait des images ; son bras cachait le haut de son visage.