Samedi 19 septembre 2020

Nous parlons de ses dessins et de mes photographies, comme c’est arrivé peu de fois. Nous sommes des souvenirs d’ici et de Kyoto, surtout, et une interrogation : je ne sais pas pourquoi nous nous voyons si peu. Nous parlons de ses dessins parce que j’ai beaucoup de choses à en dire, j’ai beaucoup de questions. Ils nourrissent ainsi un dialogue qui parle aussi de mes images : l’absence, la transparence ou le grain. Je me demande s’il n’y aurait pas quelque chose à faire avec cela, elle et moi, et avec tout le reste, tout ce qui nous sépare aussi peut-être. Je me demandais l’autre jour quelle pouvait être la place d’une autre pratique telle que le dessin, comment la marier ou la faire renaître puisqu’on l’a vu sourdre vers les 18 ans. J’avais pris un feutre-pinceau rouge, j’avais dessiné ce qu’on cacherait d’un corps.

Autour, c’est la campagne, des vignes. Çà et là les machines à vendanger, monstres gloutons, ont abandonné des grappes, quelques grains, qui n’ont de rouge que le nom du vin, tant ils offrent aux paysages des détails violacés intenses. On y goûte, il y a du pépin, une peau épaisse que je n’ose cracher de peur de me tacher, c’est sucré surtout, doux comme une gelée qui aurait attendu l’automne et la patience des familles pour fournir quelques pots. Il y a la douceur de votre présence aussi, une certaine insouciance, le sentiment d’être chez moi au milieu des ceps, peut-être ; voilà mes paysages.