Il est tard. Avant d’éteindre je me dis que je dois me relire. Comme cela m’arrive parfois, sur le petit écran du téléphone, c’est Google qui m’amène à mon journal. Mais cette fois, mon regard se pose quelques lignes plus bas. Je découvre qu’il a parlé de moi. Je clique. “Cryptique, musique, poétique,” dit-il. Je souris. Je valide. L’adjectif “amoureux” complète le tout. Je souris. Je valide. D’autant plus que je sens que ça manque, oh pas uniquement pour la peau, mais pour l’écriture, pour la légèreté, pour la musique et le cryptique.
Alors je vais sur le réseau social bleu, le cherche, clique encore, messagerie. Il y en a déjà un, un message. Un seul. Ni bonjour, ni bienvenue, ni rien. Les politesses doivent être perdues ailleurs, un vieil email, quelque part ou nulle part dans le cyberespace où personne ne nous a entendu crier. Le message date du Oui oui je viendrai le 7 juin. :))”
Il était venu ; les tirages étaient trop sombres. Nous nous étions dit, là, dans la boutique où un petit échantillon de la blogosphère était venu voir ma première exposition, que nous déjeunerions ensemble. Nous ne nous sommes jamais reparlés, je crois. Il n’y a pas eu de déjeuner. Parfois je vais sur son blog. Je ne sais pas très bien pourquoi : je n’en lis aucun.
De temps en temps, sur le réseau social, j’ai regardé ses photos, celles où il pose avec ses amis. Je regardais un autre.
A présent je sais donc qu’il vient ici. Il me demandera peut-être qui est l’autre. Je sourirai.