C’est par exemple ce soir que je pourrais t’appeler. Comme convenu hier entre nous. “Dans la semaine” on s’était dit. J’avais réinstallé cette application sur laquelle nous nous étions rencontrés. J’avais vu ton image, cette image, restée dans les favoris, et j’avais cliqué. Je croyais pouvoir passer inaperçu en regardant ce petit bout de toi et de nous, mais l’option était désactivée. Tu avais donc vu que j’avais vu. Alors tu m’avais écrit : une interpellation courte. J’avais répondu en utilisant le même adjectif. Je te le renvoyais, j’insistais : no it’s you.
Nous ne nous étions pas écrit depuis le 18 juillet. Le 17 tu m’avais demandé s’il y avait des “exciting news”, c’est-à-dire des vacances, un mariage, un voyage. “A mariage? Yeah, come!” j’avais répondu en faisant suivre cela de deux smileys hilares alors que je ne riais pas et que tu le savais.
Bien sûr souvent je pensais à toi. Bien sûr souvent je pense à toi. Je ne voulais pas t’écrire. Je ne voulais pas t’appeler. Pas avant d’avoir fini. Pas avant d’être sûr et de te demander ton adresse et de t’envoyer ça, ce qui traine, là, sur la table, cette histoire de nous deux, dont la maquette, maintenant que j’en ai imprimé un exemplaire, ne me plait pas. Elle ne sied pas à la lecture. Elle ne sied peut-être plus, non plus, à autre chose qu’à être un brouillon, et à mon vœu de voir cela édité. Est-ce que tu es d’accord ? Je ne sais plus si moi-même je le suis. J’ai parfois envie de tout enfouir. De te faire disparaître.
D’ailleurs H m’a répondu.
Elle m’a dit qu’il fallait que je me dépêche.