Il me fixe. Je suis en train de faire le tour du quartier après avoir fait les courses : quelques légumes et fruits de saison. Je ne me suis pas encore demandé si les poires Conférence sont devenues des poires visio-conférences : ça ne me viendra à l’esprit que là, sous vos yeux, à 0h47.
J’ai pris en photo un coin de rue : des toits baignés de soleil. Et donc il me fixe. Il est évident qu’il me prend pour quelqu’un d’autre, mais mon cerveau creuse tout de même pour s’assurer que je ne le connais pas. Je marche encore un peu, quelques pas, je le regarde, il me regarde, je m’éloigne encore un peu, hésitant, tourne une dernière fois la tête et le voilà qui me fait signe : il veut que j’enlève ma casquette. Je m’approche de lui et m’exécute. Il me demande de l’excuser : ce n’était pas moi qu’il croyait voir.
Ainsi les seuls contacts humains pourraient-ils naître du fait de ne pas être reconnus par des inconnus, ou quelque chose du genre, quelque chose d’absurde, pas plus absurde que cette attestation, sur laquelle tu dis que tu vas te promener, parce qu’il faudra peut-être dire à un agent de police que tu es en train de te promener, que tu as commencé à te promener à 15h17, bien que du sac dépassent quelques poireaux.