Mardi 1er décembre 2020

Ainsi tu reviens, parfois. Entre chaque visite, les mois sont amples. A chaque fois, il y a quelque chose de nouveau, quelque chose que ta jeunesse t’offre, une audace, une boucle, aujourd’hui ces ongles vernis, un peu écaillés déjà. Et ce si beau pantalon. “Zazou ?” zozoterait-on.
Tu es un peu moins timoré peut-être. Moi aussi je crois. Ce que tu montres de toi, ailleurs, ce que tu fais lire, ailleurs, est sans doute l’espace qui t’aide à devenir celui que tu deviens, dans cette affirmation d’être soi. C’est aussi l’espace, puisque fait de mots et d’images, qui nous relie lors de nos absences ; des mois, dis-je.
Tu es peut-être déjà celui que je voulais être, à cet âge qui est le tien, sans alors le savoir, sans jamais avoir eu la beauté douce et brutale de ton visage, sans jamais avoir osé le vernis. Les pantalons, si.
Encore de toi je fais des images. Tu aimes. Tu es venu aussi pour cela, pas seulement pour être là, quelques heures, à partager mon espace de travail pour rendre le tien moins solitaire. Et le mien, donc.
Sur celle-ci tu n’aimes pas tes cheveux, alors d’un geste brusque tu les aplatis. Je ris.