Mercredi 17 février 2021

Alors un vent de légèreté m’emporte, et tu me demandes si je fais souvent le clown comme ça. Je te réponds que oui, surtout quand j’ai le public adéquat. Tu souris. D’ailleurs nous sourions beaucoup. D’abord j’écris “Tu sourions.” J’aime ce lapsus.

Comment laisser trace, à un jour d’intervalle, de ce que produit une rencontre sans savoir ce qu’elle laissera le lendemain, ce qu’elle offrira le surlendemain, si elle existera encore la semaine suivante, si le soufflé aura dégonflé en mars ? Comment prendre le risque d’en parler comme j’aime parler de ma vie, sans entrer dans les détails qui permettraient de prendre toute la mesure de ce qui se produit, sans tomber dans l’aveuglement de celui qui écrit et de celui qui lit ? C’est intéressant, non ? Comment partager avec le lecteur qui me connait ce sentiment que j’ai là, ce petit moment de joie, cet éphémère, cette suspension d’impermanence, sans pour autant le faire trop entrer dans mon intimité, sans lister toutes les questions qui me passent par la tête, ni faire croire à qui que ce soit que ça y est, paf, youhou cotillons ? Je réfléchis. Je me demande si j’ai raison. Je me demande aussi s’il y a un équivalent, si quelqu’un d’autre, ailleurs, sur un blog, un vlog, un réseau, un insta ou autre bidule autobiographique, raconte ça, à ce rythme, non pas sur un journal qu’il refermera le soir et relira des mois ou des années plus tard, mais en un espace dont sa famille, ses amis, sont témoins quasiment au jour le jour. Le piège évidemment, c’est ce diable qui se frotte aux virgules et qui se cache dans les détails que je met en exergue, mais là, coup de pied dans cette ultra moderne solitude, j’ai envie, ce mercredi 17 février 2021, d’écrire ainsi ce premier paragraphe, et d’interroger (une fois de plus) ce que je fais ici de ma vie.

De la même façon que j’interrogeais le fait, récemment, que nos visages ne nous appartiennent pas, est-ce que nos moments nous appartiennent ?

Je pourrais alors faire un parallèle avec le film vu ce soir – L’Empire des sens – et la série terminée juste après – Bonding – non pas sur l’aspect sexuel mais sur ce qui fait l’intime.

Je pourrais alors faire un parallèle avec le journal d’Antonin Crenn qui détaille joliment sa vie en déplaçant joliment le temps.

Il y a tant que je pourrais faire.