Vendredi 26 février 2021

– You’re late.
– The sun rises when it’s ready, Blanca.

Je t’envoie cet extrait. Il est tard. Plus tôt, à 14h09, je t’ai menti : j’essaye d’échapper à ce qui est en train de m’échapper.

Je t’envoie cet extrait. Je me le passe en boucle. Je me délecte. Je me dis que dès que l’occasion se présentera, je placerai cette réponse à qui me fera remarquer que je suis en retard. La série dont il est extrait me baigne depuis plusieurs jours dans le milieu trans et gay new-yorkais des années 88-91 et a pour personnage central Blanca Rodriguez, jolie coïncidence sur le nom, j’aime. On y parle de musique, de mode, de danse, de Madooonna, de VIH, de mort, d’amour, d’amitiés, de couleur de peau, de classes sociales, de ce qui fait famille pour tous ces personnages virés de chez eux. Ça sent le désir et l’hôpital, ça se marre et ça chiale, ça s’aime et ça se toise, ça griffe et ça caresse, et quelques portes claquent. Quelques mains, aussi, bitch.
Le spectateur que je suis révèle ici, dans cette fascination pour les danseurs, celui que je peux être, rarement exposé ici, voire jamais, qui s’éclate encore sur les dance-floors – c’est-à-dire plutôt dans sa cuisine depuis un an. Il révèle aussi, puisque soudain l’idée me vient, que j’aurais aimé être danseur. Mais ce n’est pas tout à fait un secret : les mouvements de mon corps ont été immortalisés, arrêtés nets sur quelques photographies, sûrement pour me regarder moi-même autrement, avec une fois ou deux cette légende : J’aurais aimé être danseur.   
Mais il n’est pas trop tard, avait commenté O.